Face aux émeutes, les Eglises appelées à offrir un horizon
Le pasteur Olivier Raoul-Duval habite le centre-ville de Marseille, non loin de la rue Saint-Féréol, très commerçante. Jeudi 29 juin, vendredi 30 juin et samedi 1er juillet, il a assisté à un déchaînement de la violence; jamais il n’avait vu des policiers aussi équipés, des jeunes partant avec des sacs remplis de parfums, de blousons… «Au moment de la crise des Gilets jaunes, de telles manifestations de violence ont déjà eu lieu», exprime-t-il. «Mais cette fois, c’est avec une plus grande sidération et de manière encore plus violente. Il n’y a pas de spécificité marseillaise car des faits semblables se sont déroulés dans différentes villes.»
«J’ai l’impression que la violence s’exprime dans des endroits dont les jeunes se sentent exclus et qu’ils se sont appropriés des biens qu’ils ne peuvent pas s’acheter», formule Olivier Raoul-Duval. «Je ne cherche pas à excuser leur comportement», se défend-il, «j’essaie de comprendre le message qu’ils veulent faire passer. La médiathèque de l’Alcazar a été abîmée. C’est un lieu de culture certes, mais elle est peu ouverte en temps normal, soit par manque de personnel, soit pour d’autres raisons. Quand elle l’est, elle est très fréquentée. Dans cette partie sud du Vieux-Port de Marseille, le manque d’accès à la culture est criant.»
Le pasteur, qui s’occupe entre autres du Parvis du protestantisme, lieu d’accueil et de rencontres voisin du temple de Grignan, en centre-ville de Marseille, témoigne encore: «Par chance, notre vitrine n’a rien eu. Est-ce parce qu’il n’y a rien à prendre, juste des tables et des chaises, ou est-ce par respect du religieux? Je ne peux pas répondre.»
Olivier Raoul-Duval s’interroge: «Qu’est-ce que notre société offre comme horizon, comme espérance, en dehors de la consommation? Nos Eglises doivent être présentes auprès de ces populations!»
Le quartier est encore dans une phase de nettoyage, la période estivale n’est pas propice à l’action immédiate. «Nous allons nous réunir avec le centre social Marhaban, avec qui nous travaillons, ainsi qu’avec les autres pasteurs de la ville. Il est encore trop tôt pour annoncer des actions. Mais nous devons répandre le message face à cette violence que la non-violence est aussi un mode d’action et que celui-ci tient de l’Évangile.»
Cette rencontre entre les différents acteurs de terrain est prévue mi-juillet. D’ici là, le programme estival continue comme prévu avec l’exposition sur les aliments dans la Bible et les rencontres cinéma gourmand (projection de films autour de la gastronomie), partages bibliques (“Tapas ta bible”)…