Quel rôle la religion joue-t-elle dans la reprise du conflit en Israël?

Quel rôle la religion joue-t-elle dans la reprise du conflit en Israël?

Alors que le conflit israélo-palestinien s’embrase à nouveau, retour sur les temps marquants de cette nouvelle escalade de violences ainsi que quelques clés pour en saisir le contexte.

Depuis la semaine dernière, les tensions se sont enflammées entre Gaza et Israël.

L’escalade de violence a désormais atteint des niveaux jamais vus depuis des années, le Hamas tirant des centaines de roquettes vers la région métropolitaine de Tel Aviv et Israël répliquant par des frappes lourdes sur des cibles du Hamas situées dans la bande de Gaza.

Les balbutiements de l’embrasement actuel, que certains désignent déjà comme une nouvelle «Intifada», ont commencé il y a plusieurs semaines dans un quartier de Jérusalem proche de la vieille ville, à proximité de la mosquée Al-Aqsa, l'un des sites les plus sacrés de l'islam depuis plus de mille deux cents ans.

Si les musulmans se rendent pour prier à la mosquée Al-Aqsa toute l'année, celle-ci attire encore plus de fidèles pendant le ramadan. Le mercredi 12 mai marquait la fin du ramadan et le début de l'Aïd el-Fitr, un moment de joie pour des millions de musulmans qui terminent un mois de jeûne.

Il ne fait aucun doute que les nationalistes juifs les plus extrémistes aimeraient qu'Israël reprenne la mosquée Al-Aqsa car, selon eux, elle se trouve sur les ruines de l'ancien Temple juif, dont le seul vestige est le Mur occidental. Cependant, au-delà du contexte général du conflit israélo-palestinien, la foi n'est qu'indirectement liée à la flambée de violences actuelle. Quatre questions pour mieux comprendre.

 

1. Pourquoi la police israélienne a-t-elle fait une descente dans la mosquée Al-Aqsa?

Le gouvernement israélien a déclaré que la police a réagi après que les Palestiniens ont commencé à leur jeter des pierres. Les Palestiniens affirment que les combats ont réellement commencé lorsque la police a pénétré dans l'enceinte de la mosquée, le lundi 10 mai, et a commencé à tirer des balles en caoutchouc et des grenades lacrymogènes et paralysantes. Plus de 330 Palestiniens ont été blessés. Les autorités israéliennes ont déclaré que 21 de leurs agents l'étaient également.

Cependant, les tensions sous-jacentes ont peut-être plus à voir avec une série d'affrontements dans l’arrondissement plus large de Jérusalem-Est, qui a été pris par Israël lors de la guerre des Six Jours en 1967 et où vivent actuellement environ 350’000 Palestiniens. En effet, pendant les semaines qui ont précédé les violences à la mosquée Al-Aqsa, les Palestiniens ont protesté contre la menace d'expulsion de familles palestiniennes du quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem-Est. La nuit de violents heurts se sont alors déclenchés entre Palestiniens et la police et des colons juifs d'extrême-droite.

Ces affrontements s'inscrivent dans le cadre d'une longue bataille juridique pour savoir à qui revient la propriété. Certains Palestiniens ont été relogés à Sheikh Jarrah par le gouvernement jordanien dans les années 1950 après avoir fui leurs maisons pendant la guerre d'indépendance d'Israël en 1948.

Lundi 10 mai, la Cour suprême israélienne devait décider si elle confirmait l'expulsion de six familles du quartier de Sheikh Jarrah, en faveur de colons juifs. La Cour a depuis reporté sa décision.

 

2. Il s'agit donc d'un conflit foncier?

À grande échelle, oui. À Sheikh Jarrah, en particulier, le litige trouve son origine au XIXe siècle, lorsque des Juifs vivant à l'étranger ont commencé à revenir dans ce qui est aujourd'hui Israël et à acheter des propriétés aux Palestiniens qui y vivaient. Les Jordaniens ont repris les terres entre 1948 et 1967. Les Israéliens affirment aujourd'hui qu'elles leur appartiennent à nouveau.

Le différend à Sheikh Jarrah prend une tournure politique car le quartier fait partie de Jérusalem-Est, que les Palestiniens veulent nommer capitale d'un futur État palestinien englobant la Cisjordanie et Gaza. De nombreux Israéliens, quelle que soit leur opinion sur la création d’un État palestinien, estiment que Jérusalem doit rester «une capitale juive pour le peuple juif», et sous contrôle israélien.

 

3. Qu'est-ce que le Hamas a à voir là-dedans?

Les affrontements entre Israël et les Palestiniens à Jérusalem ont uni les Palestiniens à travers le monde entier, tout comme les différends plus larges concernant leur déplacement et la privation de leurs droits par Israël. Le Hamas, le groupe militant islamiste qui contrôle la bande de Gaza, située à un peu moins de 100 kilomètres au sud de Jérusalem, se considère comme le défenseur des Palestiniens.

Le Hamas est à la base une organisation islamique issue d’une branche des Frères musulmans. Ce mouvement se soucie donc aussi beaucoup de la mosquée Al-Asqa, que les musulmans appellent le «Noble Sanctuaire».

Mercredi 12 mai, Israël a assassiné plusieurs commandants du Hamas en représailles aux tirs de roquettes sur Tel Aviv, Ashkelon et le principal aéroport international d'Israël dans la ville de Lod.

 

4. Quel rôle le judaïsme ou l'islam jouent-ils dans cette affaire?

Au fond, le conflit israélo-palestinien est une dispute pour des terres. Mais la religion est souvent le vecteur de ces conflits, opposant deux ethnies et deux religions différentes. Il n'est pas étonnant que ces tensions aient tendance à s'exacerber à l'occasion des fêtes religieuses, tant juives que musulmanes.

Toutefois, le principal objectif du Hamas n'est pas la guerre contre le judaïsme, mais plutôt contre Israël, qui occupe des terres qu'il estime être intrinsèquement palestiniennes.

Le Hamas s'est radicalisé au fil des ans, tout comme les nationalistes juifs. Lundi 10 mai, à l'occasion de la Journée de Jérusalem, une fête nationale célébrant l'unification de la ville, des nationalistes juifs ont défilé dans la vieille ville de Jérusalem, y compris dans le quartier musulman, lors d’une manifestation qui a provoqué la colère de nombreux Palestiniens. Courant avril déjà, des Juifs nationalistes avaient défilé dans Jérusalem en scandant «Mort aux arabes».

Comme cela arrive souvent, les revendications exclusives sur certaines parties de la ville sainte tournent aux affrontements mortifères.