Joe Biden en quête d'un électorat chrétien
Le candidat démocrate Joe Biden a du mal à s’attirer les votes des chrétiens. Le parti républicain de Donald Trump, quant à lui, s'appuie sur la droite chrétienne, le président étant considéré comme un défenseur des valeurs de l’Église, notamment en ce qui concerne l'avortement et la liberté religieuse.
En raison de son plaidoyer pour le droit à l’avortement, l'identité catholique de Joe Biden est contestée par certains militants. En outre, le président américain a affirmé, lors d'un discours électoral dans l'Ohio début août, que Joe Biden poursuivait une «politique de gauche radicale», qu’il était «contre Dieu», contre la Bible et les armes à feu.
Au sein du parti démocratique, les questions de foi sont complexes. Son noyau d'électeurs est constitué de jeunes laïcs et d'Afro-Américains engagés dans l'Église. Joe Biden, âgé de 77 ans, est un politicien catholique de la vieille école. Plus que d'autres démocrates, il parle souvent de sa foi et de son enfance dans un foyer catholique.
Dans son autobiographie Promises to Keep (Des promesses à tenir, ndlr.), Biden nous raconte comment des religieuses lui ont appris à lire et à écrire, lui inculquant le désir de prendre soin des autres. Son image personnelle, sa conception de la famille et de la communauté ainsi que sa vision du monde sont basées sur son éducation chrétienne. Fidèle à ses valeurs, Joe Biden est partisan d'une réforme de l'immigration et d'une politique sociale solide.
Les catholiques ne représentent qu'un cinquième de la population américaine. Plus d'un tiers d'entre eux sont aujourd'hui des Latinos. Dans la jeunesse de Joe Biden, la plupart des catholiques étaient blancs. En 2016, selon les sondages des élections primaires, une majorité d'électeurs catholiques blancs avaient voté pour Donald Trump et deux tiers des catholiques latinos avaient plébiscité la démocrate Hillary Clinton.
Au début de sa campagne électorale, Joe Biden a souligné qu'il s'agissait d’une bataille pour «l'âme de l'Amérique». Au cœur de la doctrine catholique, il y a le fait que nous «nous soucions de notre prochain», déclarait John McCarthy, directeur politique adjoint de la campagne. Si les électeurs sont guidés par cela, ils voteront pour Biden.
Aux États-Unis, les Églises ne sont pas autorisées à être des partis politiques. Les évêques catholiques romains sont satisfaits de la position du président actuel contre l'avortement, mais critiquent sa politique sociale et ses restrictions en matière d’immigration. Lors de la campagne préélectorale, un prêtre de Caroline du Sud avait refusé la communion à Joe Biden, expliquant que les politiciens qui prônent l'avortement se situent «en-dehors de l'enseignement de l'Église». Dans une interview télévisée, le candidat démocrate avait déclaré qu'il ne discuterait pas de cette question, ayant déjà reçu une fois la communion du pape François. En effet, une vidéo de campagne électorale le montre avec le pontife et des religieuses au Vatican. Dans le magazine évangélique Christian Post, Josh Dickson, coordinateur de la campagne de Joe Biden sur les questions de foi, essaie de trouver une explication acceptable. Pour lui, il est clair que tout le monde ne peut pas être d'accord avec Joe Biden sur tous les points.
En 1960, John F. Kennedy a été le premier catholique à être élu président des États-Unis. À cette époque, l’Amérique protestante avait des préjugés contre lui. Les principaux ecclésiastiques avaient notifié que les protestants devaient soigneusement réfléchir s’ils voulaient d’un catholique à la Maison-Blanche. Le chouchou des protestants à cette époque était le républicain Richard Nixon, un ami du célèbre prédicateur baptiste Billy Graham.
Sur les questions politiques, John F. Kennedy avait alors affirmé: «Je ne parle pas au nom de mon Église et mon Église ne parle pas pour moi.» Lors du congrès du parti en 1960, John F. Kennedy avait admis que les démocrates prenaient un risque en choisissant un candidat catholique. Il n’a remporté les élections qu’à une faible majorité. Pour sa part, Joe Biden ne ressent pas le besoin de discuter de sa distance par rapport au Vatican. Tout au plus, les conservateurs lui reprocheront de ne pas suivre les enseignements de son Église.