Bras de fer entre l’État de Californie et le pasteur John MacArthur
Rebondissement dans l’affaire du pasteur évangélique de premier plan John MacArthur et de la megachurch Grace Community de Sun Valley, en Californie. Dimanche 16 août, malgré les interdictions de l’État de Californie, la communauté a célébré un culte public en intérieur. Les participants ne portaient pas de masques et n’ont pas respecté la distanciation imposée par la pandémie de coronavirus. «La bonne nouvelle est que vous êtes ici, vous ne prenez pas vos distances, et vous ne portez pas de masques», a salué John MacArthur, le pasteur de la communauté. La congrégation a répondu par des acclamations.
Cet événement fait suite alors que le pasteur et la communauté sont aux prises avec les décisions de l’État de Californie. Le 12 août dernier, l’Église avait intenté une action en justice pour pouvoir continuer à assurer des offices religieux publics en intérieur alors que l’État de Californie avait émis une deuxième ordonnance de confinement pour ralentir la propagation du coronavirus. Les opposants accusaient les autorités de violer la Constitution californienne en limitant «inégalement» leur libre exercice de la religion, alors que les grandes manifestations pour la justice raciale avaient pu avoir lieu.
«Il est temps que la Californie reconnaisse que les minorités religieuses ne sont pas des citoyens de seconde zone. Il est temps pour la Californie d'expliquer comment elle peut justifier l'interdiction d'un culte pour empêcher la propagation d'une maladie alors qu'il est normal que les manifestants répandent cette maladie comme un feu de forêt», demandait la megachurch dans sa plainte déposée devant la Cour supérieure de l'État de Californie.
Deux jours plus tard, vendredi 14 août, un juge de la Cour supérieure avait décidé que le pasteur et sa congrégation pouvaient se réunir à l'intérieur pour le culte, à condition de porter des masques et de respecter la distanciation sociale. Le pasteur avait fait part de sa satisfaction, à Fox News, à l’issue de l’audience: «Je suis très reconnaissant au tribunal de nous permettre de nous rencontrer à l'intérieur. Nous sommes heureux de nous conformer et de respecter pendant quelques semaines ce que le juge nous a demandé parce qu'il nous permet de nous retrouver. Cela justifie notre désir de rester ouverts et de servir notre peuple. Cela nous donne également l'occasion de montrer que nous ne cherchons pas à être rebelles ou déraisonnables, mais que par contre nous resterons fermes pour protéger notre Église des restrictions déraisonnables et inconstitutionnelles.»
Le lendemain, le 15 août, la Cour d'appel de Californie a suspendu l'ordonnance du tribunal inférieur qui autorisait les cultes, permettant ainsi à l'ordonnance sanitaire du comté de rester en vigueur et interdisant de fait à l'Église Grace Community de se réunir à l'intérieur. Ce qui n’a toutefois pas empêché le pasteur de célébrer un culte, le dimanche 16 août, sans même respecter les règles de base pour lutter contre la pandémie.
Pourtant, l'Église Grace Community s'était d'abord conformée aux restrictions de l'État, mais elle avait rouvert ses portes à plusieurs milliers de fidèles dès fin juillet. Les flux vidéo des services montraient des rangées de fidèles entassés, avec peu ou pas de distanciation sociale ni de masques. Les dirigeants de l'Église affirmaient alors que la Bible commandait de se réunir, de chanter ensemble et que le gouvernement n'avait pas le pouvoir de réglementer leurs cultes.
Un arrêté du comté de Los Angeles, publié le 29 juillet dernier, limite les rassemblements dans les lieux de culte à 100 personnes maximum ou à 25% de la capacité du bâtiment. Les chants y sont également interdits, car les responsables de la santé ont constaté que le fait de chanter «annulait la réduction des risques obtenue» par des mesures de distanciation sociale.
Selon les experts en droit constitutionnel, la Cour suprême a reconnu que le droit de se réunir et de pratiquer un culte pouvait être suspendu pour des raisons de santé publique. Restreindre les pratiques religieuses, et non les croyances, pendant une pandémie est légal. Néanmoins, les dirigeants de l'Église Grace Community et leurs avocats ne sont pas d'accord. «Les décrets californiens exigeant une fermeture indéfinie sont maintenant bien au-delà du rationnel ou du raisonnable. Ils sont tyranniques et discriminatoires», a déclaré Jenna Ellis de la Société Thomas More, un cabinet d'avocats conservateurs qui représente les responsables de l’Église. «Ce n'est pas une question de santé. Il s'agit de cibler de manière flagrante les Églises», a-t-elle ajouté.
John MacArthur a déclaré qu'aucun membre de son Église n'avait été infecté par le coronavirus. Le comté de Los Angeles rapporte actuellement, de son côté, entre 1500 et 2000 nouvelles infections par jour.