Réformés et anabaptistes célèbrent officiellement leur réconciliation
Samedi 26 juin, réformés et anabaptistes ont mené à terme une démarche de réconciliation
Le président de l'Eglise réformée zurichoise a demandé pardon aux mennonites, les descendants des anabaptistes du XVIe siècle, dont plusieurs représentants ont péri noyés dans la Limmat aux XVIe et XVIIe siècles. Une page se tourne dans l'histoire du protestantisme helvétique."Les cloches de la vieille ville de Zurich ont sonné pour la première fois en l'honneur des anabaptistes." Ruedi Reich, le président du Conseil synodal de l'Eglise réformée de Zurich, est radieux. Samedi dernier, à l’occasion des commémorations des 500 ans de la naissance de Heinrich Bullinger, son Eglise a clarifié ses relations avec les anabaptistes ou mennonites comme on les appelle aujourd’hui. Une célébration à la cathédrale de Zurich, en présence de nombreux responsables réformés et anabaptistes du monde entier, et le dépôt d’une plaque sur les bords de la Limmat ont marqué l’aboutissement d’une démarche de réconciliation entre ces deux Eglises protestantes.
Le litige date du XVIe siècle. Des débuts de la réforme à Zurich, où le Réformateur Ulrich Zwingli est amené à écarter de la dynamique réformatrice certains de ses amis, comme Félix Manz ou Conrad Grebel, qui demandent le baptême des adultes et la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Le débat se termine mal. Zwingli, puis son successeur Heinrich Bullinger, recourront aux autorités de la ville pour mettre à mort par noyade plusieurs de ces « rebaptiseurs » qui risquaient « de troubler l’ordre public ». Le 5 janvier 1527, Félix Manz connaît son « troisième baptême », comme on disait à l'époque, cette fois fatal! Il sera le premier de plusieurs dizaines d’anabaptistes noyés dans la Limmat.
« C’est la première fois que cette démarche de réconciliation se déroule à un tel niveau », explique Ernest Geiser, pasteur à Tavannes (BE) et président du conseil de la Conférence mennonite suisse. Diverses initiatives ont pris corps ces dernières années pour retravailler ce volet de la mémoire blessée du protestantisme suisse alémanique. Elles impliquaient toujours des pasteurs ou des membres d’Eglise, à titre personnel. Cette fois-ci, non seulement Ruedi Reich, le président du conseil synodal de l’Eglise réformée zurichoise a demandé pardon au nom de son Eglise, mais la commune de Zurich participait aussi à la démarche au travers de Robert Neukomm, conseiller municipal. C’est elle qui a pris l’initiative de déposer une plaque commémorative sur les bords de la Limmat, là où les anabaptistes furent noyés.
Pour Ernest Geiser, une telle démarche, près de 500 ans après les faits, revêt un double intérêt. « Quand, dans l'histoire, il y a eu des temps de souffrance, relève-t-il, il est bon pour des institutions de poser un signe de reconnaissance de la gravité des faits et de demander pardon. Pour des communautés chrétiennes, procéder ainsi, ajoute-t-il, c’est agir dans l’esprit de l’Evangile.» Par ailleurs, selon ce pasteur mennonite, le protestantisme souffre d’un grand morcellement et a besoin, à travers de telles rencontres, de prendre conscience de la possible unité malgré les tragédies qui ont jalonné l'histoire commune. Le fait que l’Eglise réformée déclare, dans sa demande de pardon, vouloir intégrer dans sa propre histoire celle de l’anabaptisme, est un signe fort.
Cette démarche de réconciliation entre réformés et mennonites n’en restera pas là. Des rencontres d’échange sont prévues régulièrement afin d’encourager les mennonites de Suisses et l’Eglise réformée zurichoise à développer un partenariat non seulement pour le travail de l’histoire commune, mais aussi pour un service au sein de la société, à partir de la vision protestante qui anime ces deux Eglises.
Le litige date du XVIe siècle. Des débuts de la réforme à Zurich, où le Réformateur Ulrich Zwingli est amené à écarter de la dynamique réformatrice certains de ses amis, comme Félix Manz ou Conrad Grebel, qui demandent le baptême des adultes et la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Le débat se termine mal. Zwingli, puis son successeur Heinrich Bullinger, recourront aux autorités de la ville pour mettre à mort par noyade plusieurs de ces « rebaptiseurs » qui risquaient « de troubler l’ordre public ». Le 5 janvier 1527, Félix Manz connaît son « troisième baptême », comme on disait à l'époque, cette fois fatal! Il sera le premier de plusieurs dizaines d’anabaptistes noyés dans la Limmat.
« C’est la première fois que cette démarche de réconciliation se déroule à un tel niveau », explique Ernest Geiser, pasteur à Tavannes (BE) et président du conseil de la Conférence mennonite suisse. Diverses initiatives ont pris corps ces dernières années pour retravailler ce volet de la mémoire blessée du protestantisme suisse alémanique. Elles impliquaient toujours des pasteurs ou des membres d’Eglise, à titre personnel. Cette fois-ci, non seulement Ruedi Reich, le président du conseil synodal de l’Eglise réformée zurichoise a demandé pardon au nom de son Eglise, mais la commune de Zurich participait aussi à la démarche au travers de Robert Neukomm, conseiller municipal. C’est elle qui a pris l’initiative de déposer une plaque commémorative sur les bords de la Limmat, là où les anabaptistes furent noyés.
Pour Ernest Geiser, une telle démarche, près de 500 ans après les faits, revêt un double intérêt. « Quand, dans l'histoire, il y a eu des temps de souffrance, relève-t-il, il est bon pour des institutions de poser un signe de reconnaissance de la gravité des faits et de demander pardon. Pour des communautés chrétiennes, procéder ainsi, ajoute-t-il, c’est agir dans l’esprit de l’Evangile.» Par ailleurs, selon ce pasteur mennonite, le protestantisme souffre d’un grand morcellement et a besoin, à travers de telles rencontres, de prendre conscience de la possible unité malgré les tragédies qui ont jalonné l'histoire commune. Le fait que l’Eglise réformée déclare, dans sa demande de pardon, vouloir intégrer dans sa propre histoire celle de l’anabaptisme, est un signe fort.
Cette démarche de réconciliation entre réformés et mennonites n’en restera pas là. Des rencontres d’échange sont prévues régulièrement afin d’encourager les mennonites de Suisses et l’Eglise réformée zurichoise à développer un partenariat non seulement pour le travail de l’histoire commune, mais aussi pour un service au sein de la société, à partir de la vision protestante qui anime ces deux Eglises.