Pasteur et diacre, des «métiers» d’avenir?
Photo: Les nouveaux ministres vaudois prêtent serment devant des représentants des autorités gouvernementale et ecclésiale. ©EERV
Ce dimanche 26 octobre, une pasteure et un diacre seront consacrés au Grand-Temple de La Chaux-de-Fonds, à 17h30. L’occasion pour cette femme et cet homme «d’affirmer publiquement leur engagement et de prononcer les promesses liées à leur vocation», précise le communiqué de l’Eglise réformée évangélique du canton de Neuchâtel (EREN).
L’Eglise réformée évangélique du canton du Valais (EREV) n’a procédé à aucune consécration en 2014, mais la consécration d’une diacre est prévue en 2015, au terme de sa formation. «Un groupe de travail est actuellement en route pour revoir la conception de la consécration et de l’agrégation des ministres dans l’Eglise réformée évangélique du Valais (EREV)», précise Beat Abegglen, président du conseil synodal de l’EREV, «le constat pour notre Eglise bilingue et multiculturelle est néanmoins qu’il y a plusieurs manières de comprendre la consécration/ordination, selon la provenance des ministres. Pour la consécration dans l’EREV nous demandons une formation pastorale ou diaconale, qui est conforme aux exigences en vigueur dans la Conférence des Eglises romandes (CER) et dans la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS).
Si la personne vient d’un autre pays, une commission des ministères est chargée de vérifier les diplômes des candidats. Si la personne en question n’est pas encore consacrée dans une autre Eglise issue de la Réforme, une procédure d’évaluation de candidature est prévue qui est suivie par une demande de consécration.»
La consécration fait-elle le pasteur ou le diacre?Si les conditions pour accéder au pastorat et au diaconat sont les mêmes dans tous les cantons romands en matière de formation de base, les Eglises réformées romandes par contre n’ont pas encore de position commune sur la question de la consécration.
Pour la FEPS, la consécration est nécessaire pour l’exercice du ministère. Au terme d’un travail soutenu, un fascicule sur «la consécration selon la vision réformée» est publié par l’organisation faîtière en 2007. On peut y lire: «Il y a une quarantaine d’années, on discutait la possibilité d’exercer un ministère sans avoir été consacré, mais aujourd’hui, les membres de la FEPS reconnaissent la nécessité d’avoir à leur service des personnes dûment consacrées». Une note de bas de page précise toutefois: «dans l’Eglise Protestante de Genève (EPG), la consécration du candidat au service pastoral est recommandée, mais laissée à son libre choix. Elle n’y est donc pas une condition impérative à l’exercice du ministère» (La Vie protestante Genève avait consacré un article à ce sujet.)
Bertrand Baumann, responsable de la communication francophone pour l’Union synodale des Eglises de Berne-Jura-Soleure déclare: «la consécration scelle un engagement de part et d’autre avec des droits et devoirs de part et d’autre, qui s’exprime dans le serment de consécration. Dans ce serment, les candidats à la consécration promettent solennellement de réaliser ces différents engagements (qui sont énumérés); dans le même temps, l’Eglise les habilite officiellement à accomplir cette mission.»
Qui doit-on consacrer?Les Eglises réformées ne sont pas tout à fait d’accord quant à savoir qui doit être consacré. La raison? La FEPS en donne une dans son fascicule: «les divergences tiennent autant à des traditions propres à chacune des Eglises quant à la pratique de la consécration, qu’à des prescriptions de droit ecclésiastique ou à des différences théologiques sur la conception de la consécration, qui sont elles-mêmes l’expression de diverses conceptions du Ministère de l’Eglise.» La FEPS préconise de réserver la consécration aux pasteurs, tandis que la plupart des Eglises réformées romandes continuent de consacrer les diacres.
Dans l’Eglise Berne-Jura-Soleure, en plein accord avec la position de la FEPS, plusieurs pratiques cohabitent toutefois: Bertrand Baumann souligne que «que la consécration proprement dite ne concerne que les pasteurs et diacres dans la partie francophone, tandis que, les catéchètes (professionnels et bénévoles) et collaborateurs sociodiaconaux sont pour leur part “reconnus” dans leur ministère. “Néanmoins”, précise-t-il, “tous les ministères de l’Eglise sont reconnus comme de même valeur, mais pas identiques”.
L’Eglise protestante unie de FranceL’Eglise protestante unie de de France (EPUdF) qui regroupe réformés et luthériens ne reconnaît que la consécration pastorale. Le ministère de diacre n’existe pas chez eux. Mais c’est le mot lui-même de “consécration” qui a fait débat. Didier Crouzet, pasteur et secrétaire général de l’EPUdF déclare: “le rite s’appelle maintenant en France ordination-reconnaissance de ministère”, et il concerne uniquement les pasteurs qui ont fini leur formation et qui sont admis par la commission des ministères. Nous n’avons pas de diacre. Pour les autres ministères, ministère collégial de conseil presbytéral et chargés de missions régionaux, nous avons des liturgies d’envoi».
Quid du nombre de pasteurs en France? «Il est stable», répond Didier Crouzet, «sur les 20 dernières années les arrivées compensent les départs. Depuis longtemps en France, tous les postes ne sont pas pourvus. Il n’y a pas de crise, mais 10 à 15 pasteurs en plus, ce serait bien».
Quelques chiffres
L’EERV a consacré le 6 septembre dernier 3 pasteurs et deux diacres, et a procédé à l’agrégation de 3 pasteurs venus de France
L’Eglise protestante de Genève (EPG) a consacré 6 pasteurs le 28 septembre dernier. Dans l’arrondissement du Jura, un pasteur a été consacré cette année, et l’Eglise prévoit de consacrer un diacre en 2015, un pasteur et un diacre en 2016, qui sont encore en cours de formation.