Genève: le prix Colladon ouvre une porte sur la foi
Sur le parvis du Centre paroissial de Malagnou, la pasteure Carolina Costa, l’une des deux lauréates du Prix Colladon, se prête volontiers au jeu de la photo officielle entourée de ses proches. Elle recevra le prix littéraire de l’Eglise protestante de Genève, tout comme la romancière Elise Vonaesch, un peu plus tard dans la soirée des mains de la nouvelle présidente de l’EPG, Chantal Eberlé, élue la veille au soir.
A l’intérieur, l’ambiance est détendue. Une séance de dédicaces est organisée en amont de la remise du prix. Les membres du Consistoire bavardent en attendant de féliciter les auteures et de solliciter un paraphe personnalisé dans les livres qu’ils viennent d’acquérir. Élise Vonaesch, la seconde lauréate arrivée entre-temps, et Carolina Costa, sont à pied d’œuvre. Déjà la cloche sonne, signe que la session du Consistoire débutera dans quelques minutes. Juste le temps de prendre au vol les impressions des deux nominées. «Je suis à la fois émue et heureuse que ce livre paru en 2019 suscite encore de l’intérêt aujourd’hui», avance Élise Vonaesch. De son côté, Carolina Costa ne s’attendait absolument pas à recevoir ce prix, «mais la vie réserve toujours d’agréables surprises».
Le jury, composé de trois délégués du Consistoire, a plébiscité les œuvres des deux auteures genevoises pour leur «originalité, leur accessibilité et l’impact qu’ils pourraient avoir sur les membres acquis et potentiels de l’Église protestante de Genève». Les deux jurés présents ce soir-là soulignent également que l’ouvrage d’Élise Vonaesch, intitulé Clandestines, a su démontrer par l’histoire romancée de ses deux héroïnes « l’engagement au nom de la foi en Jésus-Christ et en l’Église réformée». Quant à l’opuscule Avoir la foi? Voie chrétienne pour le 21ème siècle de Carolina Costa, il «valorise le cheminement de la personne en recherche sans occulter le vocabulaire et la richesse propre à l’Evangile». En somme, chacun des livres est un outil apte à «ouvrir une porte sur la foi», comme le notera Laurence Mottier, modératrice de la Compagnie des pasteurs et des diacres de l'EPG, à l’issue de la remise du Prix Colladon.
Ce Consistoire de rentrée a aussi été marqué par l’élection de la nouvelle présidente de l’EPG. Elue à une large majorité pour le restant de la législature en cours (2021-2025), Chantal Eberlé prend la suite du mandat d’Eva Di Fortunato qui a quitté sa mandature en juin dernier. Une élection sans surprise, étant donné qu’il s’agissait de la seule candidate en lice. Il est tout de même à relever que durant les délibérations, un huis clos a été sollicité durant les délibérations, révélant quelques inquiétudes au sein de l’assemblée en regard de la direction que Chantal Eberlé souhaite donner à son mandat. Toutefois, cette demande n’a pas reçu l’aval des délégués présents ce soir-là. Un refus à comprendre comme «une invitation à exprimer ses préoccupations en toute confiance au Consistoire», note Chris Cook, présidente de l’Assemblée.
Des craintes entendues par l’ensemble des membres, mais aussi par la principale intéressée concernant «l’urgence de prendre des options en faveur d’un tournant vers la modernité afin que l’EPG survive». Bien que la candidature de Chantal Eberlé n’ait pas remporté l’entièreté des suffrages, des voix, plus nombreuses cette fois-ci, se sont fait entendre pour rappeler «la nécessité de confiance et de soutien dû à la présidente» en passe d’être élue. Mais c’est à l’issue de cette soirée d’élections que les membres du Consistoire se font plus loquaces. «Chantal Eberlé peut donner l’impression d’un manque de direction claire pour l’avenir de l’Eglise, ce qui a été mentionné dans les inquiétudes des consistoriaux. Or, sa ligne réside justement dans le fait de posséder un tempérament rassembleur et à l’écoute des préoccupations et besoins de l’EPG», glisse un votant. Une réflexion qui ne va pas sans rappeler les paroles prononcées lors de son installation : «Nous ne nous donnons pas une tête, mais un instrument avec lequel travailler ensemble et exécuter nos décisions».
Le Prix Colladon en bref
Le Consistoire a attribué le Prix Colladon 2023 à deux ouvrages ex-aequo : Avoir la foi ? Voie chrétienne pour le 21ème siècle de Carolina Costa et Clandestines d’Élise Vonaesch. Sur décision de l’assemblée au soir du 21 septembre, le prix a été accordé dans son entier à chaque lauréate, soit la somme de 1000 francs.
Le Prix Colladon est décerné chaque deux ans à un ouvrage remarquable sur le protestantisme, ou rédigé dans une perspective protestante, par un auteur ayant un lien particulier avec Genève ou l’Église protestante de Genève.