Tahïko, chien influenceur pour l’Eglise réformée
Au départ, Tahïko aurait dû être un chien sans poil. «J’avais pensé à une race atypique, comme un chien nu du Pérou», raconte Monika Bovier, diacre suffragante de l’Eglise évangélique réformée vaudoise (EERV) et maîtresse de ce tout jeune berger australien. «Mon idée était de casser les préjugés, tout comme ces étiquettes pas forcément positives que l’on pose trop facilement sur les personnes en situation de précarité ou marginalisées», explique celle qui s’est longtemps projetée aumônière de rue. «Je souhaitais inviter à regarder au-delà des apparences.»
La portée espérée n’ayant pas eu lieu, Monika Bovier s’est redirigée vers cette race connue pour son caractère affectueux et ses capacités d’adaptation. L’intention était en effet claire dès le départ: la jeune diacre rejoignait à l’automne dernier le projet de nouvelle Maison des solidarités de l’EERV dans le quartier de Sévelin, à Lausanne, et elle y interviendra en binôme avec son chien. «Je me suis assurée en amont auprès de mes RH que je pourrais travailler avec», précise-t-elle. «Il n'était pas question que j’adopte un chiot si je ne pouvais pas lui offrir ma présence.» Ainsi, à ses côtés, Tahïko deviendrait «chien diacre» aux désormais baptisés «Jardins Divers», sis dans le quartier de Sévelin.
Tahïko n’a d’ailleurs pas attendu l’inauguration officielle, qui aura lieu ce mardi 7 février, pour pointer le bout de sa truffe et se faire connaître du grand public. Depuis le mois de septembre, il partage sur sa page Facebook dédiée les avancées de la mise en place de ce «nouveau lieu vivant d'accueil inconditionnel». «Tahïko est véritablement notre influenceur», lance d’ailleurs Liliane Rudaz, responsable de cette nouvelle structure, «où l'échange, le partage et la gratuité sont au cœur du projet».
L’idée de faire de Tahïko la mascotte du lieu est pourtant presque apparue par hasard. «J’avais le désir de communiquer autour de nos activités, sans pour autant agacer certains de mes contacts qui peuvent se sentir dérangés par des propositions en lien avec la foi chrétienne», confie Monika Bovier. Elle lui crée alors un profil Facebook, qu’elle alimente régulièrement de photos du canidé tour à tour avec les nouveaux flyers, sur les bancs de l’église ou encore en participant à la décoration du lieu. Le succès est d’ailleurs au rendez-vous. A l’heure actuelle, Tahïko rassemble déjà près de 300 amis – contre seulement 80 pour la page Jardins Divers.
Là n’est pourtant pas la vraie mission de Tahïko. Liliane Rudaz le confirme: «Il aura un vrai rôle à jouer au sein de notre structure.» En effet, Monika Bovier a bien l’intention de concilier son travail d’aumônerie avec un travail de soin par l’animal. Elle compte d’ailleurs prochainement se former dans une école de zoothérapie. Cette ancienne polygraphe a toujours été convaincue de la valeur ajoutée que représentait la présence d’un animal dans le travail de diaconie. Un sentiment encore renforcé après un voyage en 2019 en Amérique latine, où elle a pu s’exercer à la pratique de l’équithérapie avec des enfants.
«L’animal aide vraiment à créer du lien. Son utilité est d’ailleurs aujourd’hui largement reconnue dans les hôpitaux et les EMS», souligne encore Monika Bovier. Et de relever le nombre de contacts qu’elle a déjà pu faire grâce à cet intermédiaire: «Depuis que j’ai un chien, toute une série de personnes qui ne venaient pas forcément m’ont abordée. C’est une porte d’ouverture immense pour les gens qui n’osent pas approcher l’Eglise.»
Si Tahïko est encore «en pleine adolescence et assez speed», la jeune diacre se réjouit de découvrir, au fil des jours, de véritables qualités d’empathie chez son compère à quatre pattes. «Il a vraiment cet esprit de berger», commente-t-elle. «Quand on est assis en cercle et que quelqu’un ne va pas bien et quitte le groupe, Tahïko va immédiatement le suivre», raconte-t-elle. «Ou quand le groupe se déplace, il va toujours rechercher les derniers.»
Afin qu’il puisse accompagner les différentes activités proposées par la maison – entre ateliers de peinture, célébrations, accueil libre et activités écologiques –, Monika Bovier a déjà travaillé à sa désensibilisation. «Depuis tout petit, je l’emmène partout avec moi pour qu’il puisse s’adapter à différentes dynamiques de groupes», explique-t-elle. Car ces Jardins Divers solidaires se veulent ouverts à tous, sans distinction aucune. D’ailleurs, en malgache, «tahiko» signifie «Je bénis» – précisément sans destinataire spécifique.
Inauguration festive
Avec lâcher de ballons des rêves, vernissage, présentation des ateliers et collation
Gratuit
7 février, dès 17 h
Avenue Tivoli 74, Lausanne