Aujourd’hui, j’ai rdv avec Dieu dans la nature
«Quand on est dans la nature, on est face à l’infini.» C’est en citant le célèbre naturaliste suisse Robert Hainard que Renaud Rindlisbacher, diacre de l’Église évangélique réformée vaudoise (EERV), résume sa démarche. Sous la bannière d’«Au rendez-vous de la nature», ce ministre de la paroisse de Saint-Prex entend ainsi proposer, dès début mai, différentes activités, entremêlant environnement et quête de sens, entre balades familiales, méditations, activités créatrices ou randonnées plus sportives.
«L’idée, ce n’est pas d’aller promener nos paroissiens», précise-t-il tout-de-go, mais bien «d’inviter des amoureux de la nature à vivre quelque chose de l’ordre d’une spiritualité à ciel ouvert», poursuit-il. «À cheminer intérieurement tout en découvrant les richesses de la création.» Pour ce féru de photographie naturaliste et animalière, le lien semble d’ailleurs évident. «La nature m’a toujours accompagné dans mon cheminement spirituel», exprime celui qui est né dans une famille de la Côte «où l’on est jardinier de père en fils».
À l’heure où la «transition écologique et sociale» est devenue un des axes prioritaires de l’EERV, celle-ci a décidé de soutenir ce projet en le dotant d’un 30% de temps de travail. Parce que pour l’institution, l’action écologique ne peut passer que «par une authentique transition intérieure personnelle et collective».
«Tout au long de son ministère, Jésus a enseigné dans les champs, au bord des lacs, sur les collines… Et non sans raison», rappelle d’ailleurs Renaud Rindlisbacher. Et d’asséner: «La nature est source d’enseignements pour nos vies.» Un exemple? Le diacre aime à citer l’épisode où «Jésus nous invite à regarder les oiseaux, bien obligés de faire confiance qu’il leur sera donné, chaque jour, ce dont ils ont besoin.» Pour le diacre, c’est l’illustration parfaite de la «sobriété heureuse»: «S’ils se goinfraient, leurs ailes ne pourraient plus les porter. Or leur manière de consommer, c’est de prendre juste ce dont ils ont besoin, sans faire de réserves ni surconsommer. Nous avons là beaucoup à apprendre, car nous faisons souvent plutôt l’inverse!»
S’agirait-il donc, lors de ces rendez-vous, de davantage sensibiliser à la nature que d’inviter à la méditation? «Je crois que les deux sont intimement liés. Lorsque l’on est au milieu d’une forêt d’arbres gigantesques qui nous dépassent, ça nous invite à lever la tête», répond-il. D’ailleurs, précise-t-il, ce lien entre nature et divin ne vaut pas que dans la religion chrétienne: «Dans les traditions asiatiques, on suggère aux gens souffrant de stress ou d’anxiété de faire des "bains de forêts": c’est dire l’impact que celle-ci peut avoir sur notre intériorité.»
Le diacre en est convaincu: la nature rapproche de Dieu. Aurait-il expérimenté personnellement cette conjonction? «Dieu, c’est comme quand on part dans la nature photographier un cerf ou un renard: on ne peut pas décider à quelle heure et à quel endroit il apparaîtra. Il y a quelque chose de l’ordre du lâcher prise. Il faut y croire, et des fois ça marche, des fois non. Je trouve qu’il y a quelque chose de très semblable avec la vie spirituelle.» Et d’expliciter: «Dieu nous échappe tout le temps, même s’il est à la fois tout le temps-là. On ne peut pas le saisir, mais on peut faire en sorte d’être attentif à sa présence.» Les premiers rendez-vous sont agendés, dès le 7 mai.