Un pasteur à quatre pattes
Le 26 août dernier, c’était la Journée mondiale des chiens, instaurée en 2004. Une date toute particulière pour l'un des pasteurs de l'Église presbytérienne américaine Unity à Green Tree, en Pennsylvanie. Et pour cause: Petey est un chien et depuis qu’il a été sauvé d’un refuge pour animaux par une famille en 2018, ce croisé entre un Beagle et un berger australien est devenu un habitué du culte. «Nous avons commencé à remarquer un lien qui se tissait entre lui et les gens... Pour moi, c'est de l'évangélisation», déclare le pasteur de l’église presbytérienne Unity, Dennis Molnar. Résultat, le 25 juillet dernier, Petey s’est vu attribuer le ministère des animaux de compagnie de son Église en tant que pasteur associé.
Désormais, le rôle essentiel de Petey consiste à accueillir les participants au culte, ce qu’il effectue chaque dimanche devant les portes de son église. En attirant les gens, Petey crée un lien qui, selon Dennis Molnar, peut «susciter une profondeur de conversation que vous ne pourriez pas atteindre normalement». Depuis 2018, l'Église propose aussi un événement annuel de bénédiction des animaux de compagnie. «Dans ma théologie, toutes les créatures, tous les êtres vivants sont sacrés, parce que Dieu les a créés. C'est nous, je pense, qui limitons notre lien avec le sacré», affirme-t-il.
Aux États-Unis, le ministère des animaux de compagnie est courant. À l'Église luthérienne Tree of Life à Harrisburg, également en Pennsylvanie, ce ministère a d’ailleurs plus de vingt ans. Outre la bénédiction annuelle des animaux, l'Église dispose d'une chaîne de prière pour les animaux, accompagne les membres lors de visites vétérinaires difficiles et organise régulièrement une collecte pour les organisations de sauvetage des animaux.
«Je pense que le ministère des animaux de compagnie a certainement contribué à la réflexion théologique de la congrégation en ce qui concerne la façon dont nous prenons soin de la création», observe le pasteur Richard Geib. Et d’ajouter qu’«il n'y a qu'un petit pas entre dire à quelqu'un qu'il doit aimer son chien et lui dire qu'il doit aussi aimer les cerfs et prendre soin des sources d'eau. Cet amour pour les animaux domestiques ne peut que favoriser notre croissance en tant qu'amoureux de la création.»
Le ministère des animaux de compagnie de l'Église épiscopale de l'Ascension à Knoxville, dans le Tennessee, a même son acronyme: LAMBS, Lovers of Animals, Ministry and Bible Study (Amoureux des animaux, ministère et étude biblique, ndlr). Parmi les actions menées, on compte le don d'aliments pour animaux à la banque alimentaire locale, les visites et l’envoi de cartes de condoléances aux personnes dont les animaux sont morts. «Je pense que c'est significatif lorsque quelqu'un d'autre comprend que cet animal était un membre de la famille pour eux», note Lisa Cope, qui dirige le ministère LAMBS.
À Little Rock, dans l’Arkansas, Gayle Fiser et le révérend Betsy Snyder dirigent ensemble depuis dix ans le ministère des animaux de compagnie de l’Église méthodiste unie de Pinnacle View. Le duo organise des séminaires en ligne sur des sujets aussi variés que la manière de photographier les animaux de compagnie ou d'aider les animaux à surmonter leur anxiété lorsque leurs propriétaires retournent au travail.
L'Église organise également des formations de chiens de thérapie, un programme de huit semaines qui permet à l’animal, une fois certifié, de visiter des maisons de retraite, des écoles et, bien sûr, des églises. Ces chiens étaient présents au culte de Noël pour les personnes en deuil. «Les gens savent qu'à la fin du service, les chiens de thérapie sont là, et ils se précipitent pour leur faire des câlins. Nous devons apprendre de nos animaux de compagnie comment pratiquer l'amour inconditionnel, car c’est ce qu’ils nous expriment», explique Gayle Fiser. Il y a actuellement une trentaine de personnes sur liste d'attente pour cette formation, et presque toutes extérieures à l’Église. En parallèle, les deux femmes rédigent un ouvrage qui vante les mérites de ce ministère à d’autres communautés. Elles ont d’ailleurs aidé à son lancement dans quatre Églises de l’État.
«Cela semble un peu étrange, mais ce ministère est une mission: c'est de l'évangélisation, de l'éducation, de la lutte contre la faim, de la pastorale. Toutes ces choses font partie de l'Église», explique Betsy Snyder. «J'ai un quartier rempli de gens qui promènent des chiens, et si c'est une introduction pour parler d'amour et de grâce, nous devons nous y mettre», remarque-t-elle.
Soucieux de l’impact de la pandémie sur les animaux domestiques, les membres de l’Église méthodiste unie de Woodlawn à Derby, dans le Kansas, ont mis sur pied le ministère Operation Saint Francis. «Avec le Covid, tout le monde était enthousiaste à l'idée d'avoir des animaux de compagnie, mais lorsque la pression financière a frappé tout le monde, cela a fait des ravages», a déclaré Carla Stroot. «Certaines personnes âgées se demandent si elles doivent payer leurs médicaments ou nourrir leur chien.»
Carla Stroot a réuni son équipe composée de techniciens en santé animales, de dresseurs de chiens et d'autres professionnels, pour tenter de résoudre le problème des animaux de compagnie renvoyés dans les refuges. En juin, Operation Saint Francis a organisé son premier marché en plein air pour les animaux et les familles. Des services peu coûteux d'identification par micropuce, de bain et de coupe des griffes pour les animaux de compagnie étaient notamment proposés. L’événement sera répété à l’automne. Pour Carla Stroot, «ce que nous croyons est ce que saint François croyait. C'est d'être les cœurs et les mains de ceux qui n'ont pas de voix: nos animaux de compagnie. Nous voulons être ces disciples pour aider ces propriétaires d'animaux dans le besoin.»