Les sénateurs américains s'opposent à une baisse du nombre de réfugiés
Un groupe de sénateurs américains bipartite demande que le plafond de réfugiés ne soit pas réduit à zéro. Ils ont adressé une lettre aux responsables de l’administration Trump, qui en auraient discuté, argumentant qu’une telle décision pourrait menacer «l’héritage du pays en tant que protecteur des droits de l’homme» et remettre en question la promesse faite de venir en aide aux minorités religieuses persécutées à l’étranger. Pour les élus, une telle mesure irait à l'encontre du dévouement historique du pays aux réfugiés, qu'ils considèrent comme «faisant partie d'une culture américaine diverse et d'une économie florissante».
Au moment où nous sommes confrontés aux «plus hauts niveaux de déplacement jamais enregistrés, selon l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, nous vous demandons instamment d'augmenter le plafond de réinstallation des réfugiés et d'admettre autant de réfugiés que possible en respectant ce plafond. Les États-Unis ont la responsabilité de promouvoir la compassion et la démocratie dans le monde en aidant les personnes vulnérables et déplacées», peut-on lire dans la lettre.
Les auteurs soulignent qu'une politique de suppression des admissions de réfugiés va à l'encontre de l'engagement de l'administration d'aider les minorités religieuses persécutées, dont la cause, selon les sénateurs, a été défendue en juillet lors de la réunion ministérielle pour faire progresser la liberté religieuse. «Nous avons été particulièrement surpris d'entendre des rapports faisant état de l'élimination ou de la forte diminution de la réinstallation des réfugiés, à la suite de la deuxième réunion ministérielle pour la liberté religieuse internationale du département d'État, où des survivants de persécutions graves sont venus aux États-Unis pour témoigner d'atrocités inimaginables liées aux droits humains», lit-on dans le courrier. «Les États-Unis ont un intérêt évident à manifester et à promouvoir la liberté de religion dans le monde, notamment en acceptant les réfugiés qui fuient les persécutions en raison de leur foi». Dans les faits, l'administration reconnaît le lien entre l'admission des réfugiés et la protection des droits de l'homme inhérents dans le Rapport sur la liberté religieuse internationale de 2018 et dans les Rapports nationaux sur les pratiques des droits de l'homme de 2018.
Les préoccupations religieuses sont au centre de l'argumentation de la lettre, qui a d’ailleurs été rédigée par le démocrate Chris Coons et le républicain James Lankford, un duo bipartisan qui copréside le déjeuner de prière hebdomadaire du Sénat et le déjeuner de prière national annuel.
Dans une interview accordée à l’agence de presse américaine Religion News Service, Chris Coons a expliqué sa propre préoccupation pour les réfugiés et les immigrants en invoquant son expérience de vie et sa foi. «Quand j'étais enfant, ma propre Église a accueilli une famille de réfugiés du Vietnam. Cette famille avait une histoire remarquable et bouleversante. Mon Église les a accueillis. Ma mère et certains de ses amis les plus proches les ont aidés à trouver un appartement, à s'habiller, à envoyer les enfants à l'école et à apprendre l'anglais. Ils venaient prier avec nous régulièrement.» Et d’ajouter qu’«il est remarquable de passer de réfugiés vietnamiens littéralement démunis à des gens qui sont pleinement américains, qui réussissent et qui sont engagés dans une génération. Mais ce n'est pas inhabituel. C'est arrivé des centaines de milliers de fois dans tout le pays.»
Peu après son arrivée au pouvoir, Donald Trump a réduit le nombre de réfugiés autorisés à entrer aux États-Unis de 110’000 à 45’000. Par la suite, le président a réduit le plafond à 30’000 personnes, le chiffre le plus bas depuis le début du programme de réinstallation des réfugiés dans les années 1980.
Ces réductions ont eu des répercussions sur les neuf groupes qui s'associent au gouvernement fédéral pour réétablir les réfugiés, dont six sont religieux. La plupart ont dû faire face à d'importantes fermetures de bureaux et à d'importantes réductions d'effectifs sous l'administration Trump à la suite de ces changements, y compris la mise à pied d'employés qui sont eux-mêmes d’actuels ou d’anciens réfugiés. D'autres se sont demandé si Trump n'avait pas manqué à sa promesse d'aider les minorités religieuses persécutées à l'étranger. Le président Trump avait déclaré au groupe télévisuel chrétien Christian Broadcast Network en 2017 qu'il ferait de l'aide aux chrétiens persécutés une priorité de son gouvernement, mais le nombre d'admissions de réfugiés chrétiens n'a diminué que sous sa présidence.