Les protestants s’attaquent au système économique mondial
«La campagne s’attaque au système économique actuel qui est profondément inégal et injuste. Une façon d’y parvenir est de mettre en place un système d’imposition juste qui soit orienté vers les besoins des pauvres et des démunis, et non vers les besoins d’une minorité», explique Philip Vinod Peacock, secrétaire exécutif de la Conférence mondiale des Églises réformées (CMER) pour les domaines de la justice et du témoignage. Mi-juillet, une nouvelle campagne œcuménique en faveur de la justice fiscale a été lancée aux Nations Unies à New York.
Les objectifs sont nombreux: «S’attaquer aux dettes sociales et écologiques, y compris les réparations pour le colonialisme et l’esclavage, aux niveaux local, national et mondial. La campagne sert à la fois à éduquer les Églises sur ces questions et demander réparation au plus haut niveau», affirme la CMER dans un communiqué. Au-delà de réformer le système d’imposition, le projet appelle à la fin de l’évasion fiscale des multinationales ainsi qu’à la mise en place de taxes sur le carbone, les transactions financières et le commerce des actions «afin de freiner les activités spéculatives néfastes».
«Il n’y a pas de solution universelle. C'est pourquoi la campagne est vaste, espérant que chaque Église sera en mesure de la situer dans son propre contexte. Elle concerne tous les pays du monde parce que le système économique est mondial», relève Philip Vinod Peacock.
Cette initiative s’intitule le «projet Zachée» en référence au personnage biblique. Dans l’évangile de Luc (19: 1-9), Zachée, un riche collecteur d’impôts, veut voir Jésus arriver dans sa ville, Jéricho. À cause de sa petite taille, il grimpe dans un arbre. Contre toute attente, Jésus lui demande de lui offrir l’hospitalité. Rempli de joie, le collecteur d’impôts l’accueille chez lui et décide de donner la moitié de ses biens aux pauvres pour réparer ses torts. Cette campagne fait partie d’une démarche œcuménique débutée en 2014: la Nouvelle architecture financière et économique internationale (NIFEA). Ce processus est porté par la CMER, le Conseil œcuménique des Églises, la Fédération luthérienne mondiale et le Conseil pour la mission mondiale.
«Dans le cadre du processus NIFEA, un groupe d’experts a été rassemblé afin de conseiller la communauté œcuménique. Il a identifié l'inégalité économique, la justice fiscale et la dette écologique comme les domaines à traiter en priorité», ajoute Philip Vinod Peacock. La campagne se déroulera ces trois prochaines années.