L’EERV se veut plus participative
Présidence tournante, répartition territoriale, liens avec la base… L’Eglise évangélique réformée vaudoise (EERV) s’apprête à engager une grande réforme institutionnelle. C’est en tout cas la proposition qui sera faite lors de son prochain synode, qui se tiendra les 19 et 20 avril prochain. Vingt-quatre mesures phares, élaborées par un groupe de travail paritaire constitué d’autant de représentants du Conseil synodal (exécutif) que du Synode (législatif), seront alors soumises à l’assemblée législative.
En jeu, une simplification de «structures souvent jugées trop lourdes» ainsi que la volonté de «mieux associer les différentes instances de l’EERV à la conduite de leur Eglise», résume Philippe Leuba, conseiller synodal et membre du groupe de travail. Et de souligner que «ces 24 "pierres angulaires" ont été approuvées à l’unanimité, ce qui n’est pas anodin au sein de l’EERV».
Si les rapports entre le Conseil synodal et Synode ont en effet pu être tendus ces dernières années, l’objectif est aujourd’hui de permettre «une meilleure collaboration entre ces deux organes», formule la communication de l’EERV.
Concrètement, il est proposé que «les axes du programme de législature soient soumis à l’approbation formelle du Synode», et ce dans un esprit de «co-construction» entre les deux entités. Par ailleurs, l’Exécutif devrait pourvoir être «invité à participer – sans droit de vote –aux commissions du Synode».
«Nous souhaitons que ces séances de commission soient davantage un lieu de dialogue positif et constructif entre l’Exécutif et le Législatif», exprime, à son tour, Dominique Kohli, représentant du Synode.
Un rapprochement avec le socle des protestants vaudois est également exprimé souhaitable. Ainsi, il est également suggéré que les membres du Synode soient «invités – sans droit de vote – aux séances de l’exécutif de leur communauté paroissiale», dont ils sont les délégués.
Par ailleurs, l’ordre du jour du Synode devrait être transmis en amont aux différents conseils des paroisses. Cette proposition résulte du constat selon lequel, actuellement, «le Synode et l'agenda du Synode sont très loin des préoccupations des paroisses», exprime Dominique Kohli. «Or, l'agenda du Synode ne doit pas être uniquement l'affaire du Synode, mais de toute l'Église.»
En outre, sont préconisées «une procédure de consultation des communautés paroissiales formalisée» ainsi que «l’institution d’une procédure de référendum», participant au renforcement de la «démocratie protestante».
Dans le même esprit collectif, l’EERV pourrait passer à une «présidence annuelle tournante». Une proposition qui vise à permettre «de ne pas personnaliser l’EERV sous une figure phare», établit le rapport. Le groupe de travail estime également pertinente l’ouverture d’un poste de chancelier, «nommé par le Conseil synodal et placé sous son autorité».
Autre changement en perspective, et non des moindres, le passage du système actuel à l’institution de «communautés paroissiales», «résultant du rapprochement de 2 à 3 paroisses». Le nombre de cette nouvelle «unité de base» est estimé entre 25 et 30 contre 86 paroisses actuellement.
Ces nouvelles entités «ne sont pas définies artificiellement, par un décret du Conseil synodal ou du Synode qui viendrait établir le périmètre de ces communautés paroissiales», rassure Simon Butticaz, délégué au Synode. «L'idée est au contraire de prendre acte des solidarités inter-paroissiales qui se sont déjà mises en place spontanément et de les valoriser.»
Parallèlement, le groupe de travail envisage que toutes les entités de l’EERV (services, offices, missions communes, etc.) soient placées sous l’autorité d’un conseiller synodal. «Il n’y aura plus d’entité volant de ses propres ailes de manière un peu désordonnée», explicite Philippe Leuba. «Il y a donc vraiment une volonté de conduire les choses à l’échelon du canton.»
Pour finir, en situation de pénurie pastoral, l’EERV est appelée à reconnaître un troisième type de ministère: à savoir qu’outre les pasteurs et les diacres, les animateurs d’Eglise devraient également être reconnus comme ministres. Affaire à suivre.