EERS: une démission qui interroge
La communication a eu l'effet d'un coup de tonnerre. Le 18 août, l’Eglise évangélique réformée de Suisse (EERS) informait de manière succincte de la démission de Lilian Bachmann du Conseil (Exécutif) de l’institution, annoncée pour la fin de l’année. Raison invoquée? «Des divergences de vues sur la future orientation stratégique de l’EERS.»
On n’en saura pas plus. Contactée, la présidente des réformés Rita Famos renvoie au service de communication de la faîtière, qui indique pour sa part «qu’aucune information supplémentaire ne sera donnée» concernant les motivations de ce départ impromptu. Et de préciser une nouvelle fois que «Rita Famos regrette cette décision», Lilian Bachmann ayant «donné de précieuses impulsions au travail du Conseil».
Dans les rangs du Synode (organe législatif), la surprise est générale. Et ce d’autant plus que la membre démissionnaire, en charge du dicastère «relations publiques et œuvres» est en fonction depuis janvier dernier seulement.
«Rien ne laissait présager d’une telle annonce», exprime Florian Schubert, l’un des deux vice-présidents du Synode de l’EERS. «Personnellement, j’ai l’impression que c’est un peu l’orage au milieu du ciel bleu», commente le délégué de l’Eglise réformée évangélique de Neuchâtel (EREN). «L’institution était vraiment en train de reprendre son souffle, et depuis son arrivée, Rita Famos a pratiquement fait un sans-faute, notamment sur le plan médiatique.»
De son côté, l’avocate Lilian Bachmann souhaite également garder le silence. Par la voix du chargé de com de l’Eglise réformée du canton de Lucerne, dont elle est la présidente, la même explication est réitérée: «Lilian Bachmann a donné sa démission en raison de divergences de vues sur la future orientation stratégique de l’EERS», formule Michi Zimmermann. «Merci de respecter qu’il n’y a pas d’information complémentaire à ce sujet.»
Rien à voir donc avec le départ de Claudia Haslebacher, autre membre du Conseil, annoncé en avril pour la même date. «Des raisons personnelles» avaient alors été avancées, et ce dès le départ. Dans le cas de Lilian Bachmann, il en va tout autrement: les interrogations vont bon train. Quelle est cette «nouvelle orientation stratégique de l’EERS», au cœur de la dissension? Interpellé, le Fribourgeois et vice-président Pierre-Philippe Blaser précise qu’il n’y là «rien de révolutionnaire» : «Il y a une nouvelle législature qui commence, et le Conseil a défini ses nouveaux objectifs de législature comme on le fait traditionnellement.» Ces derniers seront présentés lors du Synode d’automne, qui se tiendra du 5 au 7 novembre prochain.
Même son de cloche du côté du Bernois Philippe Kneubühler, également membre du Conseil. «Il est évident qu’une institution comme l’EERS est appelée à continuellement évoluer, c’est dans l’ordre des choses», formule-t-il. «Face aux défis que les Eglises ont à affronter, il y a des options qui sont réfléchies, mais je vous rassure: l’EERS ne prévoit pas un virage à 180% sur ses orientations stratégiques.»
Quant aux objectifs pour la prochaine législature, ils ne seront communiqués que lors du Synode. «Les membres du Synode doivent pouvoir en prendre connaissance avant», nous indique encore le service de communication de l’EERS. Rendez-vous est pris en novembre.