La confirmation, rite de passage ou validation d’un baptême
Près de 1000 Vaudois âgés de 15 à 16 participeront ce dimanche des Rameaux à un culte marquant la fin de quatre années de catéchisme. Confirmation, bénédiction? Le sens de cette fête n’est pas toujours très clair, d’autant plus qu’il a changé ces dernières années, et qu’il n’est pas le même d’une Église à l’autre. «Ce sera la troisième édition de la formule actuelle», note Jean-Michel Sordet, membre du Conseil synodal, l’organe exécutif de l’Église évangélique réformée vaudoise (EERV).
Dans une première partie de la célébration, les catéchumènes recevront une bénédiction. «On leur dit joyeusement tout le bien qu’on leur souhaite pour leur vie d’adultes», résume-t-il. «On propose ensuite à ceux qui le souhaitent de s’exprimer puis de vivre un baptême ou une confirmation.» Le sens de cette dernière? «Durant la confirmation, les jeunes qui ont été baptisés enfants reprennent à leur compte l’engagement de leurs parents.»
Dans la précédente liturgie de l’EERV, en vigueur depuis le milieu des années 1990 jusqu’en 2011, «Le culte des Rameaux était centré sur la bénédiction des catéchumènes, puis ceux qui souhaitaient confirmer ou demander le baptême pouvaient le faire à l’occasion du culte de l’Alliance, le dimanche précédant le lundi de la Pentecôte.» Désormais, pour les jeunes finissant le catéchisme tout ce fait lors du même culte, mais des personnes un peu plus âgées ont toujours la possibilité de se faire baptiser ou de renouer symboliquement avec la foi lors du culte de l’Alliance. C’est du moins, ce que préconise le Synode, l’organe délibérant de l’EERV. Il est probable que certaines paroisses pratiquent de manières légèrement différentes.
Pas de bénédiction systématique des jeunes en fin de catéchisme du côté de L’Église protestante de Genève (EPG). «On ne pourrait pas imposer une bénédiction à un jeune qui exprime son refus d’entrer dans l’Église», note Patrick Baud, modérateur de la Compagnie des pasteurs et des diacres. Par contre, l’EPG pratique la confirmation: «on propose à l’adolescent de prendre à sa charge un engagement pris par ses parents», «Il devient alors membre de l’EPG à part entière. Il est désormais responsable de sa vie de foi et il obtient le droit de vote aux élections du conseil de paroisse.»
Contrairement à la pratique vaudoise, cette cérémonie ne se passe pas systématiquement lors du culte des rameaux. «Chaque paroisse est libre. Elles organisent souvent un culte de fin de catéchisme en mai ou juin.» Le catéchumène genevois termine ses deux ans de catéchisme à l’âge de 17 ou 18 ans environ.
À Neuchâtel, le mot «confirmation» a disparu du règlement de l’Église réformée évangélique de Neuchâtel (EREN) depuis six ou sept ans, explique un pasteur. L’EREN propose par contre une bénédiction avec imposition des mains aux jeunes terminant, à 15 ou 16 ans, leurs deux ans de catéchisme. «On ne remet pas en question la validité d’un acte qui avait été réalisé au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.» Une disparition bienvenue: «Pour certains jeunes, la question de la confirmation représentait une pression importante.»
Le même état d’esprit prévaut du côté des Églises de la communauté Synodale Berne, Jura, Soleure. «On ne peut plus vraiment parler de confirmation», explique Pia Moser, responsable de la catéchèse. «C’est plutôt un rite de passage marquant le passage à l’âge adulte. Un nouveau départ.» En 2013, 5767 jeunes ont reçu cette bénédiction durant les sept dimanches qui entourent la Pentecôte. Elle marque la fin d’un catéchisme qui les a suivis quasiment toute leur vie scolaire. «La confirmation n’est pas forcément faite par un pasteur. Si la dernière année de catéchisme a été animée par un catéchète professionnel, c’est cette personne qui présidera la cérémonie.» L’enjeu pour la pasteure est toutefois que les jeunes restent actifs dans l’Église après la confirmation. «Nous multiplions les offres pour les jeunes adultes.» Jean-Michel Sordet complète encore: «Pour certaines Églises alémaniques, la confirmation sert à ritualiser le fait que Dieu accueille les jeunes dans l’Église.»
Pas de confirmation, par contre du côté de l’Église évangélique libre de Genève — qui comme de nombreuses églises évangéliques — ne pratique pas le baptême des enfants.
La confirmation a été inventée, il y a 475 ans, dans la petite ville de Hesse, rappelle l’agence de presse protestante allemande EPD. À la suite d’une violente dispute entre divers mouvements issus de la Réforme au sujet du baptême, un mouvement, dit baptiste, considérait qu’une personne devait pouvoir confesser sa foi avant d’être baptisée. Ils rejetaient de ce fait vivement le baptême des enfants. Forts de cette conviction, les baptistes se sont opposés aux autorités. Le landgrave Philippe de Hesse, pour éviter que le conflit ne s’envenime, a alors fait appel au réformateur alsacien Martin Bucer. C’est lui qui parvint au compromis suivant: le baptême des enfants a été maintenu. Puis adolescents, ils étaient envoyés au catéchisme à l’issue duquel dans un acte symbolique devant la communauté, ils avaient la possibilité de reconnaître leur baptême. Aujourd’hui encore, le plan de la formation prévue par le Strasbourgeois pour ces années de catéchisme est conservé à Hesse.