Après 27 ans d’exil, le patriarche orthodoxe d’Éthiopie retrouve sa patrie

Après 27 ans d’exil, le patriarche orthodoxe d’Éthiopie retrouve sa patrie

Abune Merkorios, chef de l’Église orthodoxe en Éthiopie, a pu rentrer dans son pays après 27 années d’exil aux États-Unis

Photo: L'église orthodoxe d'Addis-Abeba CC (by-nc) Irene2005

Addis-Abeba/Francfort-sur-le-Main (EPD/Protestinter). Après 27 années d’exil aux États-Unis, le patriarche Abune Merkorios vient de fouler à nouveau le sol éthiopien, mercredi 1er août. Le chef de l’Église orthodoxe du pays a été accueilli par de nombreuses manifestations de joie, a écrit Fitsum Arega, chef d’état-major du Premier ministre Abiy Ahmed, dans un tweet publié début août. Le religieux, poussé à l’abdication à la suite du renversement de la dictature de Mengistu, s’était réfugié outre-Atlantique.

Depuis 2013, le patriarche Mathias est le chef officiel de l’Église éthiopienne. Pour autant, les paroisses de l’étranger sont demeurées fidèles à son prédécesseur — un schisme auquel l’institution vient juste de mettre fin. En présence du Premier ministre, un accord en ce sens a été signé à Washington. A l’avenir, les deux patriarches seront placés au même niveau hiérarchique et leurs deux noms cités dans les prières et les liturgies.

Sur le chemin de la réconciliation

Environ 40% des 100 millions d’habitants du pays appartiennent à l’Église orthodoxe, dont les racines remontent au IVe siècle. Celle-ci fait partie de l’Église copte d’Égypte, mais dispose depuis 1959 de son propre chef. Une conférence devrait prochainement être organisée pour consacrer la réconciliation entre les deux responsables religieux, a rapporté la radio française à diffusion internationale RFI. Le patriarche Merkorios devrait par la suite reprendre davantage de responsabilités d’ordre spirituel, tandis que Mathias sera chargé des aspects plus administratifs.

Cette victoire sur les divisions qui régnaient au sein de l’Église représente aussi un succès pour le Premier ministre Abiy Ahmed, arrivé au pouvoir à la fin du mois de mars. Cette figure réformatrice a ouvert le dialogue avec l’opposition, libéré des prisonniers politiques, signé un traité de paix avec l’Érythrée et promis d’organiser à l’avenir des élections libres et équitables. À ce jour, l’Éthiopie est de fait un régime à parti unique. L’EPRDF, ancien mouvement de la libération, y règne en maître depuis 1991, année de la chute du régime militaro-stalinien de Mengistu Haile Mariam.