Des jeunes réformés à la ferme

Des jeunes réformés à la ferme

Une vingtaine de jeunes paroissiens vaudois se rend dans une famille d’agriculteurs du Jura bernois en juillet. Un voyage solidaire placé sous le signe de l’écologie.

Photo: DR

, Réformés

«Nous n’allons pas dans cette ferme la fleur au fusil pensant résoudre les difficultés que traversent aujourd’hui les agriculteurs suisses. Il s’agit de donner de notre temps et de notre énergie pour aider une famille d’agriculteurs dans ses tâches quotidiennes, autant que de découvrir sa réalité et d’en revenir enrichi.» Justin a 18 ans. Il fait partie des «JP» (jeunes paroissiens) de la Région Lausanne-Epalinges, de l’Église réformée vaudoise (EERV).

Dans quelques jours, il s’envole pour la bergerie bio du Pré-la-Patte, à Péry-Reuchenette, sur le Montoz, dans le Jura bernois, avec une vingtaine de «JP» lausannois et deux ministres jeunesse. Enfin presque, car c’est à la force de leurs
mollets qu’ils s’y rendront le 19 juillet. Ils mettront trois jours de vélo pour
rejoindre l’exploitation située à 1069 mètres d’altitude. Une fois là-haut, ils se mettront à la disposition du couple d’agriculteurs Françoise Häring et Rémy Junod pendant deux semaines, afin d'entretenir les 30 km de clôture, débroussailler, s’occuper des vaches, des chèvres et des chevaux, faire les foins et participer à la création d’un biotope humide qui permet aux espèces végétales et animales de se développer.

Le projet émane des jeunes paroissiens. Tous les quatre ans, ils organisent un voyage d’entraide. Le dernier en date, c’était l’Arménie. L’objectif est à chaque fois le même: venir en aide à son prochain. Mais cette année, prenant conscience des difficultés quotidiennes traversées par les agriculteurs en Suisse, ils ont décidé de se mettre au service d’une cause de proximité.

Revenir aux sources

«Il est important de connaître d’abord ce qui se vit chez nous avant d’aller voir à l’étranger », lâche Eline, 17 ans, «JP» depuis trois ans. Elle fait partie de ces jeunes qui ont grandi entourés de béton, élevés dans une culture de l’emballage, mais qui ont hâte de découvrir tant l’agriculture biologique, où la qualité du produit dépasse sa quantité, que ceux qui se cachent derrière la production des aliments qu’ils consomment.

«Les jeunes vont s’imprégner d’un rythme différent, revenir à une vie dépouillée. A l’évidence qu’ils ne vont pas résoudre les problèmes des paysans. Notre travail est de développer leur esprit critique, leur réflexion personnelle, pour qu’ils prennent conscience qu’ils ne sont pas seuls. Le monde est grand, ils ne peuvent s’en passer!», explique Yann Wolff, diacre jeunesse à Lausanne.

Pour les «JP», il y a aussi l’envie de partager ce qu’ils auront vécu à leur retour avec leurs semblables. Car si le projet ne dure qu’un été, les «JP» comptent réunir assez de fonds non seulement pour financer leur voyage, mais aussi pour constituer une petite réserve permettant à d’autres jeunes de tenter l’expérience. Pour y parvenir, ils ont opté pour le crowdfunding, le financement participatif.

Se reconnecter à la nature

Dans sa bergerie, Françoise Häring se réjouit déjà de ce challenge. Sur les 70 heures de travail hebdomadaire, une aide est toujours bonne à prendre. «Depuis 35 ans, nous sommes actifs dans l’élevage de bovins et de chevaux et des chèvres, l’estivage et le tourisme rural. Aujourd’hui, la jeunesse est souvent déconnectée de la nature et de l’agriculture. Forte de ce constat, Françoise Häring espère pouvoir contribuer à faire découvrir à ces jeunes sa région et un mode de vie simple. «Comme je le dis toujours: nous avons de temps en temps besoin d’un coiffeur, d’un avocat ou d’un garagiste. Mais nous avons tous les jours besoin d’un paysan!»