Décès de Jean-Samuel Grand, éditeur protestant passionné et ouvert aux autres

Décès de Jean-Samuel Grand, éditeur protestant passionné et ouvert aux autres

Jean-Samuel Grand, fondateur des éditions Ouverture au Mont-sur-Lausanne et rédacteur-responsable de la revue Itinéraires, est décédé le dimanche 10 juin 2018 dans sa 71e année.

Photo: ©Maurice Page/cath.ch

, cath.ch/ job/Protestinfo

L’imprimeur et éditeur chrétien, qui vivait à Yverdon-les-Bains, s’est éteint à l’hôpital de soins palliatifs Rive-Neuve, à Blonay (VD). Un culte se tiendra au temple de Lutry, samedi 16 juin prochain.

«C’était un éditeur passionné, œcuménique, ouvert, curieux de tout», commente l’abbé Marc Donzé, ancien vicaire épiscopal pour le canton de Vaud et président de la Fondation Maurice Zundel. C’est aux éditions Ouverture que Marc Donzé, prêtre d’origine neuchâteloise comme Maurice Zundel, a publié l’an dernier Maurice Zundel — La figure lumineuse d’un mystique.

La Valaisanne de Genève Marie-Luce Dayer, auteure et conteuse, salue la grande figure de Jean-Samuel Grand, avec lequel elle avait fondé il y a 26 ans la revue Itinéraires, au rythme de quatre numéros annuels et avec quelque 2500 abonnés et 4000 exemplaires distribués dans les divers canaux d’Église, auprès des pasteurs, des paroisses, des mouvements, etc. Les auteurs qui publient dans la revue et fournissent leur contribution à titre gratuit, viennent du monde protestant, catholique, orthodoxe, juif et musulman soufi.

Fils d’un pasteur de l’Église libre

«Une revue d’ouverture spirituelle, avec une telle diversité religieuse et philosophique, c’est quelque chose d’inhabituel», relève Marie-Luce Dayer, qui a publié une douzaine de livres aux éditions Ouverture. Elle rappelle que Jean-Samuel Grand dirigeait les rencontres de la rédaction qui se réunissait tous les quinze jours le jeudi. «On commençait toujours nos séances par une méditation, chacun y était invité, selon sa croyance».

Jean-Samuel Grand était fils d’un pasteur de l’Église libre, à Lausanne, qui était également peintre. Il avait le don de l’écriture, précise la Valaisanne. «C’était une personnalité très œcuménique, accueillante et généreuse. Jean-Samuel Grand construisait des ponts avec toutes les religions, c’était un acteur de longue date de l’œcuménisme en Suisse romande».

«“Ouverture”, le nom de ses éditions ou “Ouverture spirituelle”, le sous-titre de la revue Itinéraires. Finalement cela résume assez Jean-Samuel Grand», note Vital Gerber responsable de l’Office protestant d’éditions chrétiennes (OPEC) qui a coédité plusieurs ouvrages avec les éditions Ouverture parmi lesquelles les rééditions des livres du pasteur Philippe Zeissig ou des plaquettes de la collection «À toute épreuve», ces petits cadeaux que nombre de pasteurs aiment laisser après leur passage. «Pour Jean-Samuel, l’essentiel c’était que ces textes puissent être continués à être diffusés», explique Vital Gerber. «Il avait une personnalité militante, critique et il avait des convictions fortes. Avec lui, on en revenait toujours aux questions essentielles, celles qui tarabusquent l'être humain.»

Il rêvait d’une Église servante et pauvre

Livrant en 2015 sa réflexion sur le mouvement œcuménique à l’occasion de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, il déplorait que le principal obstacle à l’œcuménisme fût l’amour de l’argent et le manque de spiritualité.

«Nos Églises sont trop riches, trop préoccupées de rendements économiques. Le matériel a pris la place de l’échange. Le besoin de pouvoir a pris la place de la spiritualité. Il faut quitter le monde de l’amour de l’argent, du matérialisme qui véhicule des attentes qu’il ne peut pas satisfaire. C’est le problème de l’institution dont on ne peut cependant pas se passer, mais qu’il faut voir comme une “maladie incontournable”. Je rêve d’une Église servante et pauvre comme le souhaite le pape François», déclarait-il à cath.ch, en fustigeant la pensée économique libérale dominant le monde, «qui a fini par contaminer les Églises».

Rappelons que Jean-Samuel Grand, passionné de typographie, a imprimé Le Guide du typographe, un instrument indispensable pour les correcteurs et les correctrices d’imprimerie, comme des polygraphes et des graphistes. «Il avait cette particularité d’être à la fois éditeur et imprimeur. Pour lui, tout cela était lié. Il se mettait toujours au service des personnes et des textes qu’il avait envie de faire connaître», explique Vital Gerber.