«Les personnes migrent afin de fuir des conflits, des catastrophes naturelles, pour des raisons démographiques ou économiques. Mais surtout, c’est le besoin légitime et humain de chercher une vie prospère et sereine qui les pousse à partir», explique Bawélé Tchalim précisant que la migration est inévitable, qu’elle a existé de tout temps et qu’elle devrait être facilitée. «Il n’y a pas actuellement de crise migratoire, mais une crise de la solidarité et de la gestion de la migration. Sans canaux réguliers et légaux, les passeurs et autres groupes prennent le relai menaçant ainsi la vie des migrants».
Perçus comme des menaces
Lors de cette rencontre, organisée par le Centre de politique de sécurité - Genève (GCSP), Initiatives et changement et l’Hospice général, Bruno Jochum, ancien directeur général de Médecin sans frontières Suisse a partagé une quinzaine de photographies illustrant la vie quotidienne dans les camps de réfugiés à travers le monde: Sud Soudan, Irak, Kenya, Liban, Iran, mais également en Grèce et en France. «Les populations qui fuient sont perçues comme des menaces. L’assistance est très lente et se limite à la survie, pas à la dignité. On constate des maltraitances et des violences institutionnelles allant de l’interdiction de travail à l’enfermement derrière des barbelés».
«Les conditions d’accueil se détériorent pour que les migrants ne restent pas. Nous avons beaucoup d’inquiétudes sur le devenir des accords de base comme la convention de 1951 relative au statut des réfugiés», ajoute Bruno Jochum, actuellement cadre au GCSP. «Ce qui est nouveau, ce sont les politiques de construction de murs, par exemple à la frontière bulgare, entre l’Inde et le Bangladesh ou encore entre le Mexique et les États-Unis. Des signes qui montrent de la radicalisation dans le rejet des populations».
Si la situation semble laisser peu de place à l’espoir, la solidarité individuelle change la donne. «Au-delà de ce tableau très sombre, nous remarquons également de formidables actions solidaires. Et parfois, ce sont des interventions individuelles qui font toute la différence pour les migrants, des petits gestes au quotidien», précise Bawélé Tchalim. «Le sort des migrants, leurs conditions de vie, doit impérativement devenir un sujet public», insiste Bruno Jochum.
Le Centre de politique de sécurité - Genève (GCSP), la fondation Initiatives et changement Suisse et l’Hospice général organise un cycle de conférences sur les parcours et l’intégration des personnes migrantes, jusqu’au 15 novembre 2018, de 18h30 à 20h30 au GCSP. Entrée libre sur inscription.
- 14 juin: «Trauma et résilience»
- 13 septembre: «Esclavagisme et travail au noir: travailleurs illégaux, un destin partagé par des milliers de migrants»
- 15 novembre: «Pactes internationaux sur les migrations et les réfugiés et accélération des procédures: changements législatifs et juridiques – quelles implications?»