Au Liban, pas de travail pour les réfugiés

Au Liban, pas de travail pour les réfugiés

Selon l’Entraide protestante suisse (EPER), la recherche d’un emploi est une priorité pour les réfugiés au Liban

Photo: Les réfugiés nettoient les camps © EPER/Christian Bobst

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Au Liban, une personne sur quatre est un réfugié syrien. Mais après six ans de guerre civile en Syrie, le million de réfugiés présents sur le territoire n’est plus en odeur de sainteté. Leur présence impacte l’économie du pays: les investissements baissent, comme les salaires, alors que les dépenses publiques liées, entre autres, à la santé et à l’éducation augmentent. En 2013, la crise syrienne aurait coûté 2,5 milliards de francs au Liban en perte économique, selon le Haut-Commissariat aux réfugiés.

Dans ce contexte déstabilisé, il existe, au Pays des Cèdres, un consensus sur la question du retour des réfugiés en Syrie. Pourtant, le Premier ministre libanais démissionnaire, Saad Hariri, y est opposé tant que l’ONU ne donne pas son feu vert pour un retour sécurisé. Le risque de représailles serait aujourd’hui trop grand pour les réfugiés.

La misère des camps

Pendant ce temps, dans les camps de Chatila et de Borj el-Barajneh, à Beyrouth, pour les réfugiés palestiniens anciennement réfugiés en Syrie, le processus de paix est la condition de leur retour en Syrie. La misère du camp apparaît alors comme la seule option viable pour l’instant.Ouverts en 1948, ces deux camps accueillent aujourd’hui chacun quelque 20 000 réfugiés entassés sur environ 1 km2. Entre les hauts immeubles défectueux des camps pend un foisonnement de câbles électriques et devant les habitations, les déchets s’entassent, favorisant les risques sanitaires. Incapables de trouver un logement ni de le payer, les nouveaux arrivants s’abritent dans des garages.

L’accès à la nourriture, à l’eau et à l’électricité reste des besoins premiers. Quant à l’argent, il est le nerf de la survie. Or le Liban n’est pas signataire de la Convention de Genève relative au statut des réfugiés. Sans statut officiel, tolérés à titre provisoire, les réfugiés n’ont donc pas d’accès au monde du travail. Si des commerces se sont mis en place à l’intérieur du camp, à l’extérieur, le travail se fait au noir, le pécule est maigre et la concurrence est rude. C’est le désespoir qui a conquis les visages des hommes et des femmes dans les camps, qui frappe Nathalie Praz, responsable de l’aide humanitaire pour l’Entraide protestante suisse (EPER).

L’urgence change de visage

Face à une crise qui s’éternise, l’aide humanitaire ne suffit plus, la planification doit se faire sur le long terme, constate l’EPER. «Nous avons cessé de distribuer des denrées de première nécessité. Les réfugiés ont des cartes de crédit rechargeables. Chacune des 1’851 familles que nous aidons touche 50 dollars par mois», détaille Nathalie Praz.

Pas moins de huitante appartements sont également réhabilités par des ouvriers réfugiés pour accueillir des familles plus dignement pendant deux ans au minimum, selon un contrat établi avec le propriétaire et chapeauté par l’EPER. Avec le projet «cash for work» (de l’argent pour un travail), les réfugiés les plus vulnérables travaillent en petite équipe deux heures par jour pour 50 dollars par mois. Leur tâche: nettoyer le camp. «Il y a des a priori et de la compétition entre les communautés. En partageant une activité rémunérée, les gens prennent conscience qu’ils ont tous les mêmes besoins et que leurs situations sont similaires », explique Khalid Grein, responsable de projets au Liban.

Des chrétiens médiateurs

Au Liban, la majorité musulmane est sunnite. Dans les camps, on trouve surtout des chiites. Face à l’équilibre confessionnel fragile, l’EPER appuie un projet de cours de soutien pour les enfants dans le quartier de réfugiés et de travailleurs immigrés de Bourj Harmoud, à Beyrouth. L’expérience pilote s’inscrit dans une volonté de renforcement de la présence chrétienne. Dans la région, les chrétiens sont considérés comme un groupe dont l’ouverture favorise la création de ponts entre les confessions. Leur statut minoritaire écarte les risques d’instrumentalisation de la part de ces «médiateurs».