Des clés pour maîtriser les conflits religieux

Des clés pour maîtriser les conflits religieux

Comment faire face au terrorisme et aux conflits politico-religieux? Les historiens et anthropologues de l’Université de Genève répondent par une offre de formation continue.

Photo: Aurore Schwab et Dominique Jaillard, codirecteurs du CAS.

«Il fallait faire bouger les choses et offrir des approches alternatives», explique le professeur Dominique Jaillard, historien des religions et codirecteur du programme. «Nous devons donner des moyens et répondre à une inquiétude montante de professionnels en contact avec des acteurs religieux qui ne sont pas préparés à faire face à ces situations inédites». A l’initiative d’un réseau de chercheurs, une nouvelle formation émerge à l’Université de Genève. Son premier objectif? Répondre aux besoins du terrain en donnant des outils pragmatiques et conceptuels.

Cette formation s’adresse aux décideurs politiques, responsables de projets internationaux, policiers, travailleurs sociaux, professionnels de la santé, dirigeants d’entreprise et responsables de communautés religieuses. Ce CAS (Certificate of Advanced Studies), «Religions et gouvernance globale: comprendre, négocier et gérer la diversité culturelle et religieuse», relève le défi d’offrir une formation pragmatique tout en donnant des outils théoriques critiques et réflexifs. «L’Université doit offrir un regard dépolitisé et éloigné des débats polémiques biaisés. Nous avons le privilège de la distance de l’historien ou de l’anthropologue», témoigne le spécialiste, «et nous devons répondre de façon concrète au processus de sécularisation qui ralentit la transmission des connaissances relatives au religieux».

Une tradition réflexive universitaire ouverte à tous et en ligne

Répartie sur cinq modules, la formation vise à établir des liens pour permettre de comprendre les principales lignes de tensions entre les religions et leurs implications en matière de gouvernance. En se servant des cas concrets pour analyser la dimension religieuse des conflits, les initiateurs espèrent donner aux différents participants des clés de résolutions afin de pouvoir intégrer les facteurs religieux dans les prises de leurs décisions. «Ces cinq modules peuvent être suivis séparément», explique Aurore Schwab, codirectrice du programme et intervenante: «Nous allons redonner le premier module et la plupart des cours seront en ligne. Les gens peuvent aussi cibler certains cours selon leurs besoins, et peuvent encore s’inscrire».

Créer un réseau de chercheurs dans une perspective novatrice

Si le professeur Jaillard rêve d’une formule élargie à un master, il se sait aussi dans une période expérimentale, et imagine de nouvelles combinaisons entre les chercheurs, les spécialistes du terrain et les universitaires relevant de toutes les disciplines. L’ambition de l’érudit se veut sur le terrain par la création d’outils pragmatiques articulés à un horizon réflexif, théorique et méthodologique.

On ne peut pas prendre des dispositions sur des éléments symboliques a rappelé Martine Brunschwig-Graf lors de la conférence inaugurale

Présidente de la Commission fédérale contre le racisme, Martine Brunschwig-Graf a parfaitement illustré les besoins d’une telle formation. Donnant l’exemple du prochain référendum visant l’interdiction du port de la Burqa, l’ancienne conseillère nationale a dénoncé le fait qu’on ne peut pas prendre des dispositions sur des éléments symboliques pour dans le fond vouloir envoyer d’autres messages. Pour la politicienne, le respect des droits fondamentaux doit primer sur des décisions particulières prises sous le coup de la peur ou de l’émotionnel. L’interdiction du port de la Burqa, qu’elle n’affectionne pas à titre personnel, stigmatise un signe religieux manifesté dans l’espace public. A ce compte, pourquoi ne pas interdire les kippas et croix autour du cou? Préférant la sagesse du dialogue et rappelant la nécessité du vivre ensemble selon des aménagements raisonnables, Martine Brunschwig Graf a témoigné de l’importance de cette nouvelle formation afin d’offrir des outils de compréhensions pour faire face aux défis auxquels les sociétés sont confrontées.

infos pratiques

CAS - Religions et gouvernance globale: comprendre, négocier et gérer la diversité culturelle et religieuse

Septembre 2017 - septembre 2018.
Inscriptions jusqu'au 31 décembre 2017

https://www.unige.ch/formcont/casreligions/