Faut-il s’attendre à la fin du monde samedi?

Faut-il s’attendre à la fin du monde samedi?

Les annonces apocalyptiques sont-elles fréquentes? Ont-elles laissé des traces dans la société américaine? Autant de questions auxquelles nous vous proposons de répondre avant l’apocalypse annoncée cette fois à samedi.

Image: Apocalypse,1831, Ludwig Ferdinand Schnorr von Carolsfeld

, RNS/Protestinter

David Meade, l’auteur chrétien qui autopublie une série de guides de survie à la fin du monde, déclare que l’évènement est proche, très proche, il articule la date du samedi 23 septembre. Il présente son idéologie dans «Planet X – The 2017 Arrival» (Planète X –l’arrivée de 2017) que l’auteur décrit comme un compendium d’informations de diverses sources: astronomie, sciences, le livre de l’apocalypse, géopolitique et même un peu d’astrologie.

David Meade est le dernier d’une très longue liste de prophètes autoproclamés américains qui ont annoncé connaître, parfois à l’heure près, la date de la fin du monde telle que prédite dans la Bible. Et alors que l’on peut s’amuser de sa prédiction de voir la planète Nibiru entrer en collision avec la terre, les prophéties ratées de ses prédécesseurs ont finalement amené la création de mouvements religieux importants ou ont permis de développer de nouvelles idées.

Les annonces de la fin des temps sont-elles rare?

Les prédictions apocalyptiques sont très fréquentes. Wikipédia liste 170 annonces de la fin du monde motivées par des motifs religieux. La première ayant laissé des traces date de 66 dans l’ancienne Judée. Depuis, les annonces apocalyptiques ont touché différentes culture, religions et continents. Mais l’annonce de fin du monde semble malgré tout être un passe-temps plutôt protestant. Le premier Américain à avoir annoncé la fin des temps a été Cotton Mather. Ce fils de puritain, diplômé de Harvard à moins de 20 ans et prédicateur populaire en Nouvelle-Angleterre a annoncé 3 fois la fin des temps: en 1697, 1716 et 1736.

Si ces prédictions sont fausses, pourquoi s’en souvient-on?

Les personnes ou groupes qui font de telles annonces ont parfois provoqué des choses importantes dans l’histoire religieuse américaine. Par exemple les milléristes; au XIXe siècle, ils ont laissé leurs champs en jachère et vendu leurs biens en anticipant la fin prévue pour le 22 octobre 1844. Après «la grande déception», ces fidèles ont repensé corrigé leurs théories et ont donné naissance à l’Eglise adventiste du septième jour.

Il y a aussi eu les disciples de Charles Taze Russell, un prêcheur du XIXe siècle qui s’attendait au retour de Jésus et à la résurrection des morts chrétiens en 1878, puis à nouveau en 1914. Ils ont donné naissance aux témoins de Jéhovah qui sonnent aujourd’hui aux portes du monde entier. Même John Wesley, cofondateur du méthodisme a écrit que Jésus reviendrait entre 1058 et 1836. Une fourchette assez large, il est vrai.

Quelques prédictions ratées ont permis des avancées pour la société. En 1955, tout le monde se moquait de Dorothy Martin, cette femme au foyer de Chicago qui déclarait que les extraterrestres de la planète Clarion l’avaient prévenue qu’ils mettraient fin à tout, mais qu’ils l’épargneraient elle et son groupe de disciple, en les téléportant. Pas de fin, pas de téléportation, mais le psychologue social Leon Festinger a développé sa théorie de la dissonance cognitive sur la base de son étude de Dorothy Martin. Sa théorie qui explique comment des personnes rationnelles sont amenées à croire des choses irrationnelles est toujours utilisée pour expliquer divers phénomènes de la religion aux bulles immobilières.

Mal comprendre ses prédications peut avoir des conséquences graves. Florence Houteff, reconnue comme prophète par un groupe connu comme les Branch Davidians avait annoncé que le 22 avril 1959 serait le déclenchement de l’apocalypse et sa pluie de feu et de soufre. Raté et le lendemain son groupe s’est divisé. L’une des divisions s’est retrouvée dans une résidence de Waco, au Texas, entourée d’agents fédéraux lourdement armés qui exigeaient qu’ils se rendent. Leur leader David Koresh était un autre de ces prophètes autoproclamés qui avaient prévu une fin des temps impliquant sa mort ainsi que celle de ses fidèles. Les critiques dénoncent le fait que les agents fédéraux peinaient à avoir en David Koresh un leader religieux. Ils ne le voyaient que comme un criminel. A la fin d’un siège de 51 jours, les agents ont ouvert le feu sur la secte provoquant la mort de 86 personnes, dont le gourou et plusieurs enfants.

Pourquoi cette prédiction aujourd’hui? N’y a-t-il déjà pas eu une annonce de la fin du monde il y a à peine quelques années?

Les chercheurs estiment que les annonces apocalyptiques se regroupent autour de certains évènements symboliques: la grande peste du moyen âge, une «convergence harmonique» des planètes, ou l’an 2000. Pour David Meade, le signe de ce qui va se produire a été l’éclipse solaire qui a traversé l’Amérique le mois passé.

Et oui, il y a eu une longue série de prédictions apocalyptiques au cours des deux dernières décennies. Harold Camping, ce gourou des médias chrétiens a annoncé une date de la fin du monde en 2011. Il a récolté des fonds pour diffuser sa prédiction et rien ne s’est passé. Il a ainsi ajouté son nom la longue liste des annonciateurs de l’apocalypse où figurent aussi Edgar Cayce, Sun Myung Moon, Jerry Falwell, Pat Robertson, John Hagee.

Le grand mathématicien et astronome Isaac Newton avait parié que Jésus reviendrait en 2000. Alors si même le mec qui a expliqué la gravité s’est trompé: relax et à lundi!