Des responsables religieux luttent pour que les séropositifs ne se soignent pas par la prière seulement

Des responsables religieux luttent pour que les séropositifs ne se soignent pas par la prière seulement

Le Conseil œcuménique des Eglises (COE) et la consultation régionale de l’ONUSIDA se rencontrent du 4 au 8 septembre à Kampala, en Ouganda pour aborder les problèmes de pratiques de «guérison» du VIH/SIDA par la foi. Il s’agit de savoir comment les responsables religieux peuvent collaborer avec des organisations gouvernementales nationales et internationales pour élaborer des stratégies afin d’éviter que les personnes touchées par le VIH renoncent à leur traitement et ne se soignent que par la prière.

Image: CC(by-sa) DIOS1212AMOR

(Protestinter) Au cours des dernières années, une épidémie d’adeptes de la «guérison» par la foi seule a été observée. Certaines communautés religieuses ont commencé à encourager les personnes vivant avec le VIH à cesser de prendre leurs antirétroviraux, affirmant qu’elles peuvent être guéries par la foi seule, ce qui peut avoir des conséquences dévastatrices sur leur santé, explique le COE dans un communiqué.

«Je crois que nous avons besoin d’une stratégie argumentative pour écouter, partager des expériences et aborder les problèmes auxquels nous sommes confrontés pour promouvoir le suivi régulier des traitements», a souligné le 5 septembre la doctoresse Nyambura Njoroge, coordinatrice du projet VIH/SIDA pour le COE.

De leur côté, des responsables religieux et des représentants d’organisations gouvernementales de toute l’Afrique se sont rencontrés à Kampala, en Ouganda, pour explorer ce que cela signifie être guéri et offrir une guérison, dans le contexte d’une maladie qui n’a aucun remède.

Plutôt que de condamner le recours à la prière, les participants à la rencontre ont cherché à construire des ponts entre médecine et spiritualité et ont en particulier cherché à toucher les praticiens de la guérison par la prière qui sont ouverts au dialogue.

«Je crois que pour surmonter le VIH, nous devons surmonter la dichotomie entre science et spiritualité. Le Dieu de la vie est aussi le dieu de la science. Tout ce qui donne la vie, qui encourage la vie — et cela comprend non seulement l’air que nous respirons et l’eau que nous buvons, mais aussi les merveilles de la science, telles que la médecine et le traitement antirétroviral — nous devrions le considérer comme un cadeau de Dieu», a déclaré Gideon B. Byamugisha, professeur à l’Eglise anglicane de l’Ouganda. Il a invité les croyants à prier «également pour les merveilles de la science.»

«Nous devons prendre une position», a insisté Aisha Usman, coordonnatrice de la zone Nord-Ouest du Nigéria du Réseau international des leaders religieux vivant avec ou touchés personnellement par le VIH et le sida. «Quand j’étais très malade, on m’a dit que je ne devais pas prendre mes médicaments, que je devrais demander que l’on prie pour ma libération à la place. J’ai refusé et j’ai été enfermée dans une pièce pendant deux ans. Finalement, des représentants de l’Eglise catholique m’ont découvert. Ils m’ont hébergé, ont acheté des médicaments pour moi. Ils ont pris soin de moi pendant un an», relate-t-elle. «Pour moi c’est cela, la véritable guérison par la foi.»