Grâce à Donald Trump, les défenseurs du climat vont se mobiliser

Grâce à Donald Trump, les défenseurs du climat vont se mobiliser

«La décision du président des Etats-Unis de se retirer de l’accord de Paris sur le changement climatique est grave, mais elle ne met fin ni aux espoirs suscités par la COP21 ni aux efforts de personnalités politiques et de la société civile qui ont d’ailleurs augmenté ces dernières années», telle est l’opinion de Peter Pavlovic, secrétaire du Réseau environnemental chrétien européen (ECEN), une organisation œcuménique parrainée par la Conférence des Eglises européennes (CEC). Interview. L’agence de presse protestante italienne NEV l’a rencontré. (NEV/Protestinter)

Photo: Des éoliennes au large du Danemark. CC(by-nc-nd) UN Photo/Eskinder Debebe

Que représente la COP21 de Paris pour les Eglises?

La conférence de Paris a été un événement marquant dans la lutte contre le changement climatique tant en ce qui concerne l’accord qui a été atteint que par la mobilisation qu’elle a suscité. Dans la capitale française, il y avait non seulement les négociateurs et les politiciens, mais aussi de nombreux représentants de la société civile et des Eglises. Cette présence populaire renforce la prise de conscience que le changement climatique est non seulement une question politique, mais aussi une question sociale et morale. Ce constat des Eglises et des militants est désormais partagé par plusieurs dirigeants politiques.

Si l’on considère la décision du président américain, Donald Trump, de rejeter l’accord parce qu’il pénaliserait l’économie américaine, ce constat n’est pas partagé par tous les politiciens.

Bien sûr, la décision de Donald Trump est grave et a suscité l’inquiétude et la déception à tous les niveaux, des hommes politiques aux gens ordinaires. Déception et même la colère sont deux réactions naturelles, mais nous devons regarder plus loin. A mon avis, la position des Etats-Unis, paradoxalement, peut avoir des effets positifs. Elle incitera d’autres nations et d’autres personnes à en faire davantage pour mobiliser ceux qui ont l’avenir de la planète au cœur. Nous devons mobiliser non seulement pour critiquer le président Trump, mais aussi d’agir de manière plus efficace et innovante. Je suis convaincu que cette mobilisation-là peut être positive.

Dans cette perspective, quelle est la contribution spécifique des Eglises pour l’action et la réflexion sur le climat?

Il y a deux mots clés autour desquels les Eglises ont articulé leur action: la justice et l’espoir. Les Eglises chrétiennes disent toujours que les questions environnementales sont liées au thème de la justice, en particulier la justice économique. Ce concept trace son chemin dans la conscience d’un grand nombre de personnes, y compris des politiciens. L’espoir est un concept teinté théologiquement et joue donc un rôle de premier plan dans les Eglises. Le défi est de savoir comment comprendre et parler d’espoir sur le changement climatique, un domaine où il est facile d’être submergé par le pessimisme et de malheur. En même temps, l’espoir consiste non seulement à être optimiste, mais aussi être poussé à agir d’une manière particulière en faveur de la création et tous les êtres vivants.

Le mouvement de désinvestissement du domaine des combustibles fossiles pour réinvestir dans les entreprises qui font la promotion des énergies renouvelables prend de l’ampleur dans le monde politique et dans les milieux chrétiens. Que pouvez-vous nous en dire?

Nous avons souvent discuté en mai dernier à Edimbourg, où ECEN a organisé une conférence réunissant des universitaires, des théologiens et des militants pour l’environnement. Il est important que les Eglises et les institutions religieuses promeuvent une gestion financière tenant compte de la durabilité de la planète, dépouillant leur argent des entreprises qui fonctionnent avec des combustibles fossiles et en réinvestissant dans des entreprises qui offrent des solutions pour le climat et l’environnement. En effet, on ne peut pas dénoncer le changement climatique, tout en continuant à tirer profit de ceux qui polluent la planète. Ce sentiment se développe, mais on a encore beaucoup à faire dans ce sens.

Concrètement, quelles sont les bonnes pratiques environnementales mises en œuvre par les Eglises?

Il y a de plus en plus d’Eglises à travers le monde qui mettent en œuvre plusieurs bonnes pratiques dans la vie quotidienne. Que pouvons-nous faire en tant qu’individus, en tant que chrétiens, ou en tant que petite communauté pour changer notre mode de vie et nos habitudes de consommation? Ce sont des questions importantes parce que, dans ce contexte, même de petits changements ont leur impact. De nombreuses Eglises, par exemple, ont décidé d’utiliser les énergies renouvelables. Ceci est important, et il faut que les chrétiens comprennent que ces pratiques constituent des éléments de leur témoignage de foi. Prendre soin de la Création est aussi un domaine dans lequel les différentes Eglises travaillent œcuméniquement.