Réformés déçus par le changement dans le Notre Père

Réformés déçus par le changement dans le Notre Père

Une modification de la traduction de la principale prière du christianisme a été prise –pour la formule prononcée par l'assemblée– unilatéralement par les catholiques romains. Les réformés feront savoir qu’ils n’ont pas apprécié cette manière de faire. La discussion est ouverte quant à savoir s’ils adopteront ce changement.

Photo: CC(by-nd) Thomas

Par Joël Burri

«Une décision prise de manière unilatérale dont nous avons été informés par les médias», c’est ainsi que Xavier Paillard, président du Bureau exécutif de la Conférence des Eglises réformées romandes (CER) a qualifié la décision des catholiques romains, de modifier le texte français du Notre Père.

Depuis 1966, les chrétiens francophones recourent tous à la même traduction de la prière enseignée par Jésus et rapportée par l’Evangile selon Matthieu. Dans ce texte que la plupart des croyants connaissent par cœur, la sixième demande apparaît comme «Ne nous soumets pas à la tentation». Une traduction qu’il est question de changer depuis plus de vingt ans en «Ne nous laisse pas entrer dans la tentation.»

«Ce changement devait concerner la Bible liturgique. Il n’a jamais été question que cela concerne le missel et le texte dit par l’assemblée*», a rappelé Xavier Paillard. Mais le 1er juin, en trois phrases noyées dans un long communiqué de presse reprenant l’ensemble des décisions prises lors de leur dernière assemblée, la Conférence des évêques suisses a annoncé ce changement liturgique qui entrera en vigueur le 3 décembre. Xavier Paillard a donc demandé l’ajout d’un débat sur cette question à l’ordre du jour de l’assemblée générale de la CER qui se réunissait samedi à Morat.

Décision de faire savoir sa déception

«Je suis surpris de votre étonnement», a plaidé le pasteur Gilles Cavin, membre du Conseil synodal de l’Eglise réformée évangélique du canton du Valais. Pour lui, cette décision était attendue de longue date. «Les réformés auraient pu s’impliquer davantage plutôt que d’attendre et faire les vierges effarouchées une fois la décision prise.» Toutefois pour la majorité de l’assemblée, il était clair que le changement de traduction ne concernerait pas le texte dit. Il a donc été décidé que le Bureau, en lien avec la Fédération des Eglises protestantes de Suisse, ferait savoir sa déception à la Conférence des évêques.

Reste à savoir si les protestants adopteront la nouvelle formulation. Une question qui soulève le problème de l’autorité apte à prendre une telle décision. Si pour l’Eglise protestante de Genève cela ne pose pas de problème: «la Compagnie des pasteurs est l’autorité théologique de notre Eglise», explique le président Emmanuel Fuchs, Xavier Paillard, également président du Conseil synodal vaudois avoue: «j’ai cherché dans notre Règlement, mais je ne sais pas trop qui peut prendre ce genre de décision.» Reste que pour beaucoup la question ne relève pas d’une importance primordiale. Le risque de cacophonie lors de la prière lorsque l’assemblée est mixte est relativité par un délégué du Jura-Jura bernois: «les deux formules ont le même nombre de pieds!»

* 13.06.2017, cette citation a été modifiée à la demande de son auteur.