Le président des luthériens met en garde contre l’éventualité d’une troisième guerre mondiale

Le président des luthériens met en garde contre l’éventualité d’une troisième guerre mondiale

Dans son discours d’ouverture de l’assemblée plénière de la Fédération luthérienne mondiale, l’évêque Younan appelle les Eglises à œuvrer pour la paix en dialoguant avec les gouvernements. Il appelle à davantage de relations œcuméniques et salue le dialogue germano-namibien.

Photo: Munib Younan, président de la FLM ©FLM/Albin Hillert

Windhoek, Namibie (EPD/Protestinter). L’assemblée plénière de la Fédération luthérienne mondiale (FLM) en Namibie s’est ouverte mercredi par un appel contre un réarmement militaire mondial. Munib A. Younan, président de la FLM, a déclaré en prélude de la conférence de Windhoek que le monde se tient à l’orée d’une troisième guerre mondiale. Celle-ci serait aussi associée à la menace de l’utilisation d’armes nucléaires de destruction massive, a averti l’évêque palestinien. Le chemin emprunté par les Eglises doit être celui du dialogue avec les gouvernements «afin de stopper cette déraison qui nous entraîne vers une guerre mondiale».

Le conflit syrien, par exemple, pourrait représenter le facteur déclenchant d’une telle guerre si les pays impliqués restaient ancrés sur leurs intérêts politiques, économiques et militaires, a déclaré Munib Younan lors de sa déclaration devant les environ 400 délégués réunis à Windhoek. La situation dans la péninsule coréenne aussi représente un motif d’inquiétude et un danger pour la stabilité mondiale. «Je suis très préoccupé», a dit Munib Younan.

Passé colonial des Eglises européennes

En ce qui concerne les crimes coloniaux allemands en Namibie, le pays hôte, Munib Younan a annoncé que la Fédération luthérienne mondiale ferait une déclaration durant l’assemblée plénière. La FLM serait prête à accompagner le processus de réconciliation entre l’Allemagne et la Namibie. «Aux yeux de la communauté religieuse, passionnément engagée pour la justice, la paix et la réconciliation, ce processus germano-namibien fait partie de l’essence de sa vocation», a déclaré l’évêque. Il a également salué la reconnaissance de responsabilité publiée fin avril par l’Eglise protestante d’Allemagne (EKD). Munib Younan a souligné le sentiment d’extrême satisfaction que lui ont inspiré la clarté et la profondeur de l’aveu fait par l’EKD de cette responsabilité. Les crimes des colonisateurs allemands auraient touché en premier lieu les peuples Herero, Nama, Damara et San/Khoïsan. La déclaration de l’EKD reconnaît ouvertement que les «“ordres d’extermination” prononcés à l’encontre des Herero en octobre 1904 et des Nama en avril 1905 sont à considérer comme des génocides».

Munib Younan a cependant aussi appelé les deux pays à clarifier «comment l’histoire doit être exposée, comment la justice peut être établie, et comment il convient de favoriser la réconciliation». Avec sa déclaration «Pardonnez-nous notre faute», l’EKD a demandé le pardon des descendants des victimes des crimes coloniaux commis il y a plus de 100 ans dans l’ancien Sud-Ouest africain allemand. «C’est là une grande faute, que rien ne peut justifier», peut-on lire dans cette déclaration. L’EKD y parle également d’extermination systématique et de génocide. Néanmoins, ces termes ne sont pas incontestés en Namibie.

Vers un printemps œcuménique

Dans le même temps, Munib Younan a réclamé des liens œcuméniques plus forts dans le monde entier. Nulle Eglise ne peut lutter seule contre un extrémisme qui touche toutes les religions, chrétienne, musulmane ou juive. Et le besoin d’un travail œcuménique ne se fait nulle part sentir aussi fortement qu’au Proche-Orient. Ces dernières années, les chrétiens du monde arabe et du Proche-Orient ont de nouveau bien constaté que «l’isolation mène à la perte».

Une étroite collaboration est également importante pour la position des Eglises dans le monde, a rappelé Munib Younan. Des relations doivent être développées avec les Eglises catholique, orthodoxe, évangélique, anglicane ou réformée, et bien d’autres. En effet, elles participent toutes à une seule et même mission dans le monde. «J’espère très sincèrement que l’hiver œcuménique que nous avons vécu prépare en fait un printemps œcuménique», a déclaré le président de la FLM.

Commémoration du jubilé de la Réforme

L’assemblée plénière de la Fédération luthérienne mondiale durera jusqu’au 16 mai. Les thèmes du changement climatique, des droits de l’homme et de la justice sociale, entre autres, figurent à l’ordre du jour. Le temps fort en a été une manifestation commémorative centrale organisée dimanche au stade Sam Nujoma de Windhoek, à l’occasion du 500e Jubilé de la Réforme. D’après ses propres données, la FLM représente environ 74 millions de chrétiens dans le monde entier.