Des logiciels libres pour les Eglises

Des logiciels libres pour les Eglises

Selon un théologien expert en technologie, les Eglises devraient utiliser des logiciels libres
Cela permettrait non seulement de faire des économies, mais surtout de transmettre un signal fort contre la commercialisation du savoir.

Photo: CC (by) Intel Free Press

Cologne (EPD/Protestinter) – Ulrich Berens, théologien et expert des technologies de l’information, a invité les Eglises à recourir davantage à des logiciels libres, en abandonnant les grands groupes tels que Microsoft et Apple. «Les Eglises pourraient ainsi envoyer un signal contre le pouvoir des logiciels et le monopole du savoir», a déclaré Berens Ulrich, au cours d’une journée professionnelle à Cologne: «Jésus serait un utilisateur de Linux». Les logiciels libres représentent la transparence et contribuent à une juste distribution du savoir. Ils ont, de plus, un avantage collectif et permettent la participation de personnes qui ne pourraient se payer d’onéreux programmes.

«Le paysage informatique des Eglises est le plus souvent façonné par la culture unique de produits Microsoft au coût élevé», a critiqué l’expert en technologies de l’information, utilisateur depuis vingt ans du système d’exploitation libre Linux et l’un des fondateurs de l’association «Les utilisateurs de Linux dans la sphère des Eglises» (LUKI). «L’énorme potentiel d’économie au niveau des licences n’est ni connu ni exploité». Même pour les domaines dans lesquels il est avéré que les logiciels libres sont plus performants que les autres, on n’y recourt que très peu. Pour ce responsable pastoral de 55 ans à l’évêché d’Augsbourg, les raisons en sont, entre autres, une mauvaise connaissance des coûts et un manque d’expertise technique. La maîtrise de l’informatique doit être accessible à tous et préservée pour les générations futures, a affirmé ce théologien catholique. Il faut pour cela des formats et des standards ouverts, ainsi que des licences libres.

L’Evangile implique le libre accès

Jörg Lohrer, pédagogue religieux à l’Institut Comenius de Munich, estime lui aussi que l’éducation au sens de l’Evangile implique le libre accès, le libre échange et le libre développement du savoir. C’est pourquoi il met à disposition sous licence libre tous les contenus éducatifs produits par ses soins afin qu’ils puissent être réutilisés par d’autres. Au cours de ce congrès, la réforme a été citée comme exemple d’un mouvement basé sur le libre accès: les discours et les tracts du réformateur Martin Luther (1483-1546) ont très vite touché un large public, bien au-delà de Wittenberg, du fait de la nouvelle technique de l’imprimerie et du libre accès à des reproductions. Cependant, Andreas Mühling, historien des Eglises originaire de Trêves, souligne que les imprimeries ne fonctionnaient pas à la seule conviction, mais n’imprimaient des écrits qu’en cas de perspective d’un succès économique. Ce principe s’applique également à des plateformes actuelles telles que Facebook.

«La naissance des imprimeries a été un événement très significatif pour la propagation d’idées réformatrices et la transmission confessionnelle au sein du peuple», a précisé Andreas Mühling. Les imprimeries européennes ne sont pas les dernières responsables du fait que la Réforme a représenté un mouvement d’éducation pluriel, bâti autour de la figure de Luther comme «star des médias». Parmi les autres thèmes du congrès, on peut citer la stratégie open data du pays et des communes, à l’exemple de la ville de Bonn, tout comme les questions de gestion numérique durable touchant aux archives. On y a aussi évoqué la manière dont des images et des textes peuvent être placés sous licence en tant que matériels libres d’accès, puis mis en ligne. Le congrès «Données ouvertes, licences libres» a été organisé par l’Eglise protestante de Rhénanie, l’académie protestante de Rhénanie et l’académie Melanchton de Cologne.