Des rabbins italiens accusent la Conférence biblique d'alimenter l'antijudaïsme

Des rabbins italiens accusent la Conférence biblique d'alimenter l'antijudaïsme

Une conférence théologique qui devrait se dérouler en septembre prochain à Venise fait réagir des rabbins italiens
Ils lui reprochent de promouvoir l’antisémitisme.

Photo: Deux cyclistes devant une synagogue à Milan © RNS/Reuters/Paolo Bona

(RNS/Protestinter)

Rome— Deux principaux rabbins italiens ont accusé une organisation biblique de promouvoir l’antisémitisme en invitant des spécialistes à débattre des racines du judaïsme lors d’une future conférence à Venise. La conférence, organisée par l’Association biblique italienne, a pour titre «Peuple d’un “Dieu jaloux”: cohérence et ambivalence de la religion ancienne d’Israël» et se tiendra au mois de septembre prochain.

Le rabbin Giuseppe Laras, président émérite de l’Assemblée rabbinique d’Italie et ancien rabbin en chef de Milan, a publié une lettre envoyée aux organisateurs de la conférence dans laquelle il les accuse de promouvoir l’intolérance et le ressentiment envers le judaïsme. La conférence examinera le rôle du Dieu hébraïque, Yahweh, dans l’évolution de la foi et se penchera sur des éléments de la Torah et de la philosophie juive et musulmane, avant d’étudier des éléments du Nouveau Testament de la Bible.

Un échec pour le dialogue

Dans sa lettre, Giuseppe Laras a décrit le programme comme un «échec» pour le dialogue judéo-chrétien. Il a écrit que les sujets programmés révélaient un arrière-goût de «ressentiment, d’intolérance et d’agacement» envers le judaïsme et «une minimisation des racines bibliques juives du christianisme». «Je suis attristé que ceux qui soulèvent des objections, des doutes, des inquiétudes et des indignations à l’égard de ce genre de programmes soient toujours juifs, réduits à la tâche ingrate et désagréable d’avoir à agir comme des “gardiens du dialogue”, à la place de voix chrétiennes influentes», a-t-il souligné.

Giuseppe Laras, ce professeur universitaire qui a enseigné l’histoire et la philosophie juives, a également relevé que la conférence soutenait le «marcionisme», un courant de pensée découlant du théologien grec Marcion qui croyait que le Dieu de l’Ancien Testament était fâché et colérique alors que celui du Nouveau Testament serait un Dieu d’amour miséricordieux.

Une propagande antijudaïsme

Le rabbin principal de Milan, Alfonso Arbib, a également exprimé ses préoccupations au sujet de la conférence. «Les arguments théologiques ont été utilisés dans le passé comme des armes contre les juifs: le Dieu vengeur des Juifs, le Dieu de la justice par opposition au Dieu d’amour, un concept utilisé comme propagande anti-juive», a-t-il déclaré. «Quand ce genre d’arguments sont utilisés, cela nous alarme», a précisé Alfonso Arbib. «Grâce au dialogue judéo-chrétien, l’Eglise catholique avait surmonté ces arguments, mais il semble qu’ils refont surface actuellement».

Luca Mazzinghi, le président de l’association italienne qui organise la conférence, a déclaré que la critique était «complètement injustifiée». L’organisation compte environ 800 membres, dont des universitaires et d’autres experts, et est reconnue par la Conférence épiscopale italienne. «Ceux qui ont créé cette controverse— sans penser à entrer en contact avec le président ou les organisateurs— voulaient susciter des implications politiques, idéologiques et religieuses qui n’ont rien à voir avec la conférence», a signalé Luca Mazzinghi, ajoutant: «Comme il n’y a absolument pas d’antisémitisme ou d’attaque contre la foi juive ou le judaïsme, nous rejetons toute objection à notre programme».