Les Eglises avec une théologie conservatrice continuent de grandir

Les Eglises avec une théologie conservatrice continuent de grandir

Des chercheurs canadiens revisitent une question sociologique très débattue en Amérique du Nord: pourquoi certaines Eglises déclinent-elles alors que d’autres connaissent le succès?

Photo: CC(by-nc) Mor

Emily McFarlan Miller, RNS/Protestinter

L’appartenance globale aux Eglises protestantes mainline (non-évangéliques) chute aux Etats-Unis comme au Canada, depuis les années 1960. Pourtant certaines congrégations ont continué à croître. Une équipe de chercheurs pense savoir pourquoi. C’est grâce aux positions théologiques conservatrices de leurs membres et de leurs ministres, selon les chercheurs de l’Université Wiflrid Laurier et du Redeemer University College en Ontario. «L'énigme de la mort des protestants mainline a été résolue», a déclaré David M. Haskell de l’Université Wilfrid Laurier. Le résultat de leur recherche menée sur cinq ans sera publié dans l’édition de décembre de «Review of Religious Research».

Le projet a suivi plus de 2200 fidèles anglicans, presbytériens, luthériens et de l’Eglise unie (réformés) en Ontario, selon le sommaire de la recherche. Environ la moitié appartenaient à 13 congrégations dont le nombre de membres s’est réduit d’au moins 2% au cours de la dernière décennie. L’autre moitié des sondés appartenait à neuf congrégations qui ont vu leur nombre de membres croître au même rythme.

Les chercheurs ont participé à des offices dans chacune de ces 22 Eglises. A la fin, ils ont invité les participants à remplir un questionnaire de 40 questions, explique David Haskell. Ils ont également procédé à des interviews de membres du clergé et de quelques fidèles ayant participé au questionnaire écrit.

Lors de ces interviews, la plupart des ministres et des fidèles rendaient les changements de société responsable de la chute de la demande religieuse. Mais en comparant les pratiques et croyances religieuses des Eglises en progression et des Eglises en régression, David Haskell a démontré que les membres et ministres des Eglises en croissance restaient plus fermes sur les croyances chrétiennes «traditionnelles», qu’elle pratiquant davantage la prière et la lecture de la Bible, incluant une interprétation plus littérale et une plus grande ouverture à l’idée que Dieu agit sur le monde.

Par exemple, 93% des pasteurs des Eglises qui se portent bien déclarent adhérer à la phrase «Jésus est revenu de la mort avec un corps réel de chair et de sang, laissant derrière lui un tombeau vide», contre 56% des pasteurs d’Eglises en décroissance, selon le résumé de la recherche.
Et 71% des pasteurs d’Eglise en croissance disent lire leur Bible quotidiennement, contre 19% des pasteurs de congrégations qui déclinent.

Les chrétiens conservateurs voient leurs communautés progresser depuis longtemps, même si l’appartenance à des dénominations plus progressistes diminue. En 1972, le chercheur Dean M. Kelly avait publié «Why Conservative Churches are Growing: A Study in Sociology of Religion» (Pourquoi les Eglises conservatrices progressent: une étude en sociologie des religions). Plus récemment, ce mouvement a été constaté par Albert Mohler, ancien président de la Conventon baptiste du Sud, David Brooks du New York Times et Joe Carter du réseau d’Eglises The Gospel Coalition.

«Mais même les études qui montrent que les Eglises conservatrices continuent à croître suggèrent qu’il n’y a pas de lien entre la théologie et cette croissance», prévient David Haskell. Certains font le lien avec l’âge et avec le taux de natalité des fidèles. «La force de notre étude est que nous donnons une explication. Parce que la théologie entre en ligne de compte!»