Georges Brassens s’invite au culte
Photo: Séance de travail pour le culte Brassens de ce dimanche. De gauche à droite: Erika Stalkup, pasteure; Gaël Liardon, musicien; Olivier Bauer, professeur de théologie pratique.
Ce dimanche à l’Eglise méthodiste de Lausanne, sur la place de la Riponne, les fidèles pourront chanter «Chanson pour l’Auvergnat», au moment de la louange et après la confession des péchés, c’est avec «Celui qui a mal tourné» qu’ils accueilleront le pardon. Durant la prédication, ils seront amenés à se demander d’où vient la foi, en s’appuyant non seulement sur le texte biblique du bon Samaritain mais aussi sur «le mécréant» («Je voudrais avoir la foi, la foi de mon charbonnier qui est heureux comme un pape et con comme un panier.»)
Ce projet de culte Brassens est né de la rencontre de Gaël Liardon qui est, entre autres, organiste à la paroisse de langue allemande de Lausanne (Villamont) et à l’Eglise évangélique méthodiste de Lausanne, avec Olivier Bauer, professeur de théologie pratique à l’Université de Lausanne. «J’avais contacté Olivier, car je m’étais rendu compte qu’il n’y avait aucune introduction à l’hymnologie dans la formation des pasteurs, ce qui est grave compte tenu de la place de la musique dans la liturgie. Comme j’organisais un colloque sur la musique sacrée à Villamont, j’espérais y associer la faculté de théologie», relate Gaël Liardon. «J’ai découvert que Gaël était un grand connaisseur de Brassens, et comme j’ai toujours pensé qu’il y a plus d’évangile dans les chansons de Brassens que dans certains textes bibliques, l’idée a fait son chemin», poursuit Olivier Bauer.
Quel est cet «évangile» que l’on trouve chez cet auteur-compositeur? «Brassens lui-même parlerait certainement d’humanité, mais on est très proche des valeurs évangéliques. L’accueil radical, la générosité, la critique des institutions», explique Olivier Bauer. «Souvent dans ses chansons, Brassens s’adresse aux chrétiens», poursuit-il. «Georges Brassens était un personnage extrêmement subtil et multiple dans ses prises de position», complète Gaël Liardon. «Il n’était pas anticlérical, même s’il était très critique envers l’Eglise. Né d’une mère catholique est d’un père athée, il se savait imprégné de cette culture, même s’il était trop rationnel pour y croire.»
Les deux compères reconnaissent toutefois s’être interdit une chose lors de la préparation de ce culte. «Nous avons imaginé accompagner la confession des péchés par “Le temps ne fait rien à l’affaire” (“Quand on est con, on est con”), mais nous nous sommes dit que c’était peut-être un peu trop pour le lieu», sourit Olivier Bauer. Les fidèles de l’Eglise méthodiste ne sont, en effet, pas des habitués de Georges Brassens. «Il y a beaucoup d’expatriés et assez peu de Romands», explique la pasteure Erika Stalkup. «Georges Brassens, ce n’est pas ma culture.»
Quant à vouloir repenser le culte, pour Gaël Liardon, c’est une nécessité. «La société n’est plus intéressée par le concept de paroisse à laquelle on appartient. Je pense que si l’on veut faire quelque chose qui attire les gens, il faut les intéresser et faire des propositions de qualité. Chaque lieu d’Eglise devrait se demander ce qui est sa spécificité et ce qu’il peut apporter.»
Dimanche 9 octobre 2016, 10h
Eglise évangélique méthodiste de Lausanne, place de la Riponne
Célébré par Erik Stalkup, Gaël Liardon (chansons) et Olivier Bauer (prédication)
Suivi dès 11h d'un moment café et chansons à la carte avec Gaël Liardon