Au Kenya, un prêtre anglican demande en justice la protection des homosexuels

Au Kenya, un prêtre anglican demande en justice la protection des homosexuels

Le vicaire d’une paroisse anglicane des rives du lac Victoria se joint à une action en justice pour réclamer plus de droits pour les homosexuels. Son geste a provoqué la fureur de plusieurs évêques.

Photo: Manifestation en faveur des droits des homosexuels à Nairobi. ©Fredrick Nzwili/RNS

Nairobi, Kenya (RNS/Protestinter)

Un prêtre anglican a rejoint deux homosexuels et deux lesbiennes dans une action contre l’Etat, intentée contre des lois discriminatoires qui, selon eux, s’attaquent aux droits et aux libertés des minorités sexuelles de ce pays d’Afrique de l’Est. Le révérend Mark Odhiambo et les autres plaignants affirment dans leurs accusations que les homosexuels hommes et femmes au Kenya subissent quotidiennement agressions, viols, expulsions de leurs maisons et arrestations arbitraires.

Mark Odhiambo est vicaire, c’est-à-dire assistant du prêtre de la paroisse, dans le diocèse de Maseno Sud, situé sur les rives du lac Victoria. «J’exerce ma charge dans cette ville, et j’ai vu nombre d’entre eux confrontés à de très importants défis parce que leur orientation sexuelle n’était pas conforme à celle de la société en général, a déclaré Mark Odhiambo. Ils sont soumis à des violences de toutes sortes, physiques comme sexuelles.»

Mark Odhiambo, marié et père de quatre enfants, affirme que les homosexuels cherchent de plus en plus à être acceptés par la société. On ne sait pas précisément s’il risque ou non sa place, mais son geste a provoqué la fureur de plusieurs évêques, qui répètent que l’Eglise anglicane du Kenya ne cautionne pas l’homosexualité.

En septembre, le diocèse anglican de Mont Kenya Ouest a révoqué des ordinations et suspendu cinq prêtres du fait d’allégations sur leur homosexualité. Depuis, ceux-ci ont engagé une action en justice pour remettre en cause cette suspension. «Je connais des membres du clergé et d’autres gens d’Eglise qui soutiennent l’homosexualité en échange d’argent, a déclaré Julius Kalu, évêque anglican de Mombasa. Je pense que ce prêtre est motivé par l’appât du gain. Je ne crois pas qu’il soit sérieux.» La plainte ne réclame aucun paiement de dommages et intérêts.

Introduite le jeudi 9 juin dans un tribunal de Kisumu, dans l’ouest du Kenya, l’action en justice réclame la protection des droits des homosexuels par le biais d’une révision des lois, qui, selon leurs déclarations, sont en contradiction avec les lois internationales. L’un des plaignants, un homosexuel vivant avec le VIH, a déclaré s’être vu refuser l’accès à des médicaments du fait de son orientation sexuelle. L’une des femmes a dit avoir subi un viol collectif et une agression, avant d’être arrêtée; une autre a déclaré avoir été expulsée de chez elle.

Ils souhaitent également que l’Etat mette en place des politiques protectrices vis-à-vis des minorités sexuelles. Le juge a déclaré la plainte urgente et ordonné qu’elle soit transmise au président de la Cour suprême afin que ce dernier puisse désigner un juge. «C’est pour cela que nous nous battons depuis toutes ces années. Ces droits sont les droits de chacun», a déclaré le révérend Michael Kimindu, président de l’association de défense de la communauté LGBT Other Sheep Africa. «Les homosexuels sont partout. Dans les Eglises, les communautés de fermiers, les écoles, l’armée. … Les Kenyans ne peuvent pas rejeter leurs semblables au nom d’un seul aspect.»

Comme dans la majorité des pays d’Afrique, les rapports homosexuels sont interdits au Kenya. Sur ce continent, une très large majorité des dirigeants religieux sont opposés à l’homosexualité, considérée comme contraire aux enseignements de Dieu et à la culture africaine. Selon un rapport du Pew Research Center datant de 2013, 90% des Kenyans sont contre l’homosexualité. Un sondage mené par Ipsos en juillet 2014 a montré que 64% des Kenyans considèrent les comportements homosexuels comme un choix personnel. Mais ces derniers temps, les homosexuels kenyans ont intensifié le combat pour leurs droits, intentant des actions en justice pour réclamer la reconnaissance de leurs unions et une révision des lois discriminatoires.