La Conférence de l’Eglise méthodiste s’est terminée dans la confusion

La Conférence de l’Eglise méthodiste s’est terminée dans la confusion

Des débats tendus et beaucoup de décisions reportées
Alors que la Conférence générale de l’Eglise méthodiste a touché à sa fin, les délégués ont exprimé une certaine fatigue.

Photo: Les délégués lors de la Conférence © RNS/Emily McFarlan Miller

(RNS/Protestinter)

Portland, Oregon – Le débat – sur la façon de débattre les règles – est devenu tellement compliqué qu’à un moment donné la déléguée du Missouri Margie Briggs a appelé à la prière en disant: «Je crois que nous devenons confus même pour Dieu». Que les débats aient embrouillé Dieu ou pas, beaucoup de personnes l’ont été pendant les onze journées de la Conférence générale de l’Eglise méthodiste qui s’est terminée le 20 mai. Elle a lieu tous les quatre ans et vise à décider les principales voies à suivre pour la dénomination au niveau mondial. Ce qui n’est pas une tâche facile!

Les douze millions de méthodistes sont répartis dans le monde, avec sept millions aux Etats-Unis et le reste essentiellement en Afrique et en Asie. Ils sont particulièrement divisés sur les questions liées à l’homosexualité et la procréation, sans parler des finances et des directions d’églises. «Alors que cette Conférence semblait nous diviser, elle aura finalement permis de nous rassembler un peu plus», a constaté le révérend Adam Hamilton de l’Eglise méthodiste à Leawood, au Kansas. «Nous avons peut-être trouvé une autre façon de travailler ensemble qui maintient l’Eglise davantage unie».

Garder espoir

Beaucoup de délégués ont exprimé des raisons de garder espoir. Malgré les débats intenses et parfois enflammés, la révérende Kennetha Bigham-Tsai du Michigan a souligné qu’elle avait été inspirée par «la chaleur de l’Esprit même dans les moments difficiles». En effet, il y a eu des moments pénibles pour les 864 délégués – dont la moitié étaient des membres du clergé –, qui ont tenté de discuter plus de 1000 textes de loi.

Les discussions ont souvent été interrompues par des manifestations, des recours et des reports, bien plus que lors des rencontres précédentes. L’évêque Bruce Ough, le président du Conseil des évêques, a plaisanté lors du culte de clôture en disant qu’après la résurrection de Jésus, certains de ses disciples avaient douté et «qu’une poignée d’entre eux avaient demandé une motion».

Pour certains, la Conférence a été vraiment trop pénible. Le révérend Don Underwood de l’Eglise méthodiste à Plano, au Texas, a déclaré qu’il ne supporterait pas une autre Conférence comme celle de cette année. «Cela ne fonctionne pas. Et ça coûte trop cher pour un moindre résultat».

La dispute sur la procédure a touché son apogée lors des débats sur la règle dite 44. Le débat a été tendu pendant toute la première semaine et s’est terminé par le vote des délégués contre la règle qui leur aurait justement permis de discuter des questions les plus délicates en petit groupe. Cette règle avait été proposée par la commission lors de la Conférence de 2012, alors que les débats sur l’ordination de personnes lesbienne, gay, bisexuelle, transsexuelle (LGBT) ainsi que les discussions sur le mariage pour les personnes de même sexe avaient mal tourné.

Des rumeurs de scissions

A un moment lors de la deuxième semaine, les manifestants qui scandaient «dehors les homophobes» se sont tu pendant vingt minutes et Bruce Ough a été contraint de répondre a des rumeurs de scission de l’Eglise. Dans un premier temps, les délégués lui avaient demandé de trouver une direction pour permettre à l’Eglise d’avancer ensemble sur la question de l’inclusion de ses membres LGBT.

La tension est restée très forte, puis les délégués ont approuvé les recommandations des évêques qui proposaient de reporter tous les votes sur la sexualité jusqu’à ce qu’une commission puisse préalablement en discuter. Avec plus de 50 thèmes reportés, les évêques responsables ont tenté d’accélérer les votes, alors que l’évêque Sally Dyck de Chicago conseillait aux délégués de ne pas prendre la parole.

Voici, toutefois, quelques décisions qui ont été prises:

  • - L’Eglise méthodiste se retirera de la Coalition religieuse pour le choix à la procréation, un groupe pour le droit à l’avortement. La Conférence a aussi rejeté une résolution intitulée «parentalité responsable», qui soutenait également les droits à l’avortement.
  • - Les délégués ont demandé à l’agence missionnaire de leur Eglise de se retirer de la Compagne américaine «Pour mettre fin à l’occupation israélienne», que les critiques considèrent davantage comme anti-israélienne que pour la paix.
  • - Les délégués ont approuvé «des investissements durables et responsables» des institutions, des entreprises, des sociétés ainsi que de fonds dont les politiques et les pratiques s’alignent avec les principes sociaux de la dénomination. Par contre, ils ont rejeté les propositions de désinvestissement des entreprises fossiles ainsi que des sociétés qui profitent des activités militaires d’Israël en territoires occupés.
  • - L’Afrique, où la dénomination bénéficie d’une forte croissance, obtiendra cinq évêques supplémentaires après la prochaine Conférence générale dans le cadre du plan global pour l’Afrique.
  • - Les agences de l’Eglise vont développer des campagnes de sensibilisation sur les méfaits causés par les équipes de sport qui utilisent des mascottes manquant de respect aux Amérindiens ou qui utilisent des noms à caractère agressif ou violent comme «les braves» ou «les guerriers». Toutefois, l’Eglise n’ira pas jusqu’à dire que ces groupes ne peuvent pas se rencontrer dans leur ville d’origine.
  • - La Conférence a mis à jour une résolution qui pousse les Eglises à «accueillir les migrants nouvellement arrivés dans les congrégations» et ouvre la voie à la citoyenneté.
  • - L’Eglise a annoncé une initiative sanitaire qui touchera un million d’enfants d’ici 2020 afin d’assurer des naissances sécuritaires et la prévention de maladies telles que la pneumonie, la diarrhée et le paludisme, mais aussi la promotion de l’allaitement, tout en éliminant les obstacles aux soins. «Promotion de la santé: notre promesse aux enfants repose sur la plus grande initiative mondiale pour la santé qui vise à éradiquer la malaria».

    La prochaine Conférence générale de l’Eglise méthodiste se déroulera en 2020 à Minneapolis. Toutefois, selon les recommandations des évêques – acceptées par les délégués – une session spéciale pourrait avoir lieu afin de discuter des questions liées aux LGBT.