Pas de preuves officielles sur les attaques des chrétiens dans les foyers pour demandeurs d’asile

Pas de preuves officielles sur les attaques des chrétiens dans les foyers pour demandeurs d’asile

Selon le ministre allemand de l'Intérieur Thomas de Maizière, il n’existe pas de données officielles sur les attaques envers les chrétiens dans les foyers pour demandeurs d'asile

Photo: CC (by-nc-nd) Adrien Sifre

Berlin/Francfort-sur-le-Main (EPD/Protestinter). Le ministre de l'Intérieur Thomas de Maizière (CDU) a exprimé sa réserve sur les déclarations dénonçant des persécutions systématiques des chrétiens dans les foyers pour demandeurs d'asile allemands. Comme les seules traces officielles sont les cas où une plainte a été déposée mais qu'il n'en existe pas de preuves concrètes, tout repose sur la question «de la quantité de cas non documentés», a déclaré de Thomas de Maizière à Berlin.

«Au final, je ne peux pas faire d'évaluation», a dit le ministre. Dans les établissements qu'il a visités, on se donne beaucoup de mal pour éviter de telles situations. L'œuvre de bienfaisance Portes ouvertes — proche de l'Alliance évangélique allemande, mouvement théologiquement conservateur — a continué à soutenir que les attaques envers des chrétiens dans les centres d'hébergement pour réfugiés allemands n’étaient pas des cas isolés. C'est d'une «occurrence répétée» de violences à motif religieux qu'il faut parler, a déclaré l'organisation.

La «Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung» s'était montrée critique dans son traitement des déclarations de Portes ouvertes. Les chiffres de la criminalité présentés par Thomas de Maizière ne donne pas de données concrètes pour les délits commis envers des groupes religieux spécifiques, uniquement dans les cas d'antisémitisme. «Cela doit changer», a annoncé le ministre de l'Intérieur. À l'avenir, les actes anti-musulmans ou prenant pour cible des chrétiens seront aussi répertoriés comme tels.

Le nombre de délits commis envers des groupes religieux spécifiques, selon les chiffres de la criminalité à motif politique, a augmenté en 2015 pour atteindre 1’112 cas (contre 696 en 2014). Derrière ces chiffres devraient se cacher une majorité d'actes anti-musulmans. Les forces de l'ordre et les associations musulmanes ont, par exemple, constaté une multiplication des attaques contre des mosquées l'année dernière. Portes ouvertes avait présenté le 9 mai, en collaboration avec d'autres organisations, les résultats d'une enquête menée par leurs soins dans des centres d'hébergement pour réfugiés. Dans 231 cas, des chrétiens — en majorité convertis — ont rapporté s'être fait insulter, harceler ou frapper pour des raisons d'appartenance religieuse.

Cependant, cela ne serait «probablement que la“partie émergée de l'iceberg”», a écrit Portes ouvertes, laissant à penser qu'il y aurait dans toute l'Allemagne des milliers de cas de persécutions et de discrimination envers des chrétiens. La «Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung» s'était entre autres procuré deux témoignages de réfugiés. Dans un premier cas, le journal cite le directeur du centre, selon lequel les victimes auraient sciemment provoqué le conflit afin d'être transférées dans une meilleure institution. Dans le second cas, d'après les recherches du journal, les raisons du conflit ne touchaient pas à la foi.

Portes ouvertes a déclaré que les témoignages des réfugiés chrétiens ne laissaient «en aucun cas douter de la raison pour laquelle ils ont été victimes de violences». Le journal avait de plus fait remarquer que quasiment deux tiers des participants à l'enquête venaient de la même communauté, une Eglise libre berlinoise. Communauté dont le pasteur, Gottfried Martens, avait participé à la présentation de cette étude. Portes ouvertes a déclaré que le fait que plus de la moitié des participants viennent de Berlin n'aurait qu'une «faible incidence» sur l'impact de l'enquête.

Portes ouvertes avait accusé les Eglises et la politique de banaliser les attaques envers des réfugiés chrétiens, accusations rejetées par des représentants des Eglises protestante et catholique. Ceux-ci font remarquer le manque de données, et réclament des stratégies communes pour tous les réfugiés particulièrement vulnérables.