L’Entraide protestante suisse soutient les droits des minorités discriminées auprès de l’ONU
Photo: Rikke Nöhrling, Monjun Nahar et Vincent Hug devant l'ONU, à Genève © EPER/Patrick Gilliéron Lopreno
«Les quelque 5,5 millions d’intouchables au Bangladesh sont systématiquement exclus de la société, économiquement, socialement et politiquement. Cette discrimination basée sur le système de castes a pour conséquences que les enfants n’ont que rarement accès à l’éducation, les adultes ne trouvent pas de travail – ou seulement des tâches dégradantes – et toutes les familles vivent dans une grande pauvreté et dans une position d’insécurité constante. Mais ce sont les femmes, souvent victimes d’abus sexuels, qui sont les plus marginalisées», explique Monjun Nahar, coordinatrice du Networt of non-mainstream marginalized communities (NNMC), un réseau national bangladeshi – partenaire de l’Entraide protestante suisse (EPER) – qui défend les droits des intouchables et des minorités dans ce pays.
Du local à l’internationalCréé en 2013 sur l'initiative de l’EPER et de ses partenaires, le NNMC renforce les actions de quatre organisations locales qui travaillent sur le terrain avec les populations discriminées afin de faire pression au niveau national. «Un travail qui a porté ses fruits, car le gouvernement s’intéresse depuis quelques années à la situation des intouchables», ajoute Monjun Nahar. «Depuis plusieurs décennies, nous soutenons des programmes au Bangladesh. Nous ne souhaitons pas uniquement améliorer la situation de quelques villages, nous voulons réellement changer le système pour les générations futures en faisant remonter les voix des intouchables aux niveaux national et international», souligne Vincent Hug, responsable de programmes pour l’EPER.
Un objectif en partie atteint, car depuis novembre 2015 le NNMC fait partie de l’International dalit solidarity network (IDSN), un réseau international, basé à Copenhague, qui défend les droits des intouchables auprès de l’ONU et de l’UE. Sa directrice, Rikke Nöhrling, a passé quelques jours à Genève, tout comme Monjun Nahar, pour assister à la 31e session du Conseil des droits de l’homme des Nations unies qui se déroule du 29 février au 24 mars. Un temps fort de cette rencontre a été la présentation du compte rendu annuel de la rapporteur spécial Rita Izsák-Ndiaye sur «les minorités et la discrimination basée sur le système de castes» (titre original: «Minorities and discrimination based on caste and analogous systems of inherited status»), les 15 et 16 mars.
L’Inde ferme les yeux«La question de la discrimination en fonction des castes qui touche environ 260 millions de personnes est un sujet très sensible. Et alors qu’actuellement tous les pays reconnaissent qu’il y a un réel problème, l’Inde continue de fermer les yeux, ce qui rend notre travail très difficile», explique Rikke Nöhrling. Toutefois, elle constate une amélioration dans quelques pays. «Par exemple, au Népal une nouvelle loi interdit la discrimination fondée sur la caste. Au Bangladesh, alors que le problème n’était absolument pas reconnu il y a dix ans, il fait partie des sujets de débats dans le pays et reçoit progressivement un soutien du parlement. Mais parallèlement à ces petites avancées, la situation en Inde se détériore».
A la suite du rapport de Rita Izsák-Ndiaye, l’IDSN et Human Rights Watch, une ONG internationale qui défend les droits de l’homme, ont soumis une déclaration au Conseil des droits de l’homme demandant entre autres «d’adopter et d’appliquer une législation contre la discrimination basée sur la caste et de s’assurer que les intouchables et les autres communautés discriminées aient un accès équitable à la justice lorsque leurs droits sont bafoués par les gouvernements et la société civile».