Calendrier biblique: beaucoup de politiciens lisent quotidiennement les versets du jour

Calendrier biblique: beaucoup de politiciens lisent quotidiennement les versets du jour

Créés par un évêque morave allemand en 1728, «les paroles et textes pour chaque jour» sont aujourd’hui diffusés dans plus de 50 langues. Un succès médiatique.

Photo: Les versets moraves dans différentes langues. DR/Eglise morave allemande

Munich (EPD/Protestinter). Beaucoup de chrétiens commencent chaque journée en regardant le «verset morave» du jour. Cette collection de versets biblique accompagnait, déjà, le chancelier Otto von Bismarck (1815-1898) ainsi que le théologien et militant contre le nazisme, Dietrich Bonhoeffer. Aujourd’hui, ces versets font partie de la lecture quotidienne du ministre des Finances Wolfgang Schläuble et de la politicienne des Verts Katrin Göring-Eckardt.

Parallèlement à ces citations quotidiennes, un verset en particulier guide l’année tout entière. Pour 2016, les Eglises chrétiennes ont sélectionné le verset d’Esaïe (66:13): «il en ira comme d’un homme que sa mère réconforte: c’est moi qui, ainsi vous réconforterai».

L’usage de versets journaliers remonte aux frères moraves, dans la Lusace saxonne. En 1728, l’évêque de cette communauté religieuse, Nicolas Louis, comte de Zinzendorf (1700-1760), a sélectionné pour la première fois un verset de la Bible pour les autres frères moraves. Aujourd’hui, les versets sont diffusés dans plus de 50 langues, en plusieurs millions d’exemplaires et sur tous les continents.

Ils sont, également, disponibles en braille, en bande dessinée ou comme écran de veille – l’application a été téléchargée par plus de 100’000 personnes. Ainsi, les «versets moraves» sont devenus «le plus grand succès médiatique du protestantisme», et sont un exemple de la façon dont une petite idée locale peut prendre une ampleur mondiale, selon un communiqué l’Eglise protestante luthérienne de Bayern.

Aujourd’hui, la mise en place des versets quotidiens suit un rituel établi: chaque printemps, dans le Vogsthof baroque à Herrnhut, une greffière met dans un bol en argent des bouts de papier sur lesquels sont marqués des versets de Bible. Autour de la table, le «Collège», la direction ecclésiale de la communauté, est réuni et les versets sont tirés au sort à tour de rôle par quatre membres.

Les passages de la Bible sont toujours déterminés de cette façon avec trois ans d’avance, car ils doivent encore être rédigés et contextualisés avant publication. Mais selon les règles de la Communauté, les versets ne peuvent être divulgués avant la diffusion officielle des calendriers.

Le verset de l’année suit la pratique morave, mais il ne dépend pas de cette communauté, mais de l’association œcuménique pour la lecture de la Bible (OAB). Cette tradition du verset annuel remonte à 1934, durant le conflit inter-Eglises sous le Troisième Reich. Le pasteur et compositeur de cantiques Otto Riethmüller (1889-1939), qui était membre de l’Eglise confessante (opposée aux «Chrétiens allemands», partisans du parti nazi). Comme directeur de la Fédération nationale de la jeunesse protestante, il souhaitait ainsi utiliser les versets bibliques pour s’opposer aux slogans nazis.