Lumière sur des brouillons de la Bible King James

Lumière sur des brouillons de la Bible King James

Le professeur américain Jeffrey A
Miller a découvert, par hasard, des brouillons de la traduction originale de la Bible King James. C’est la première preuve solide qui confirme l’hypothèse d’une traduction individuelle de cette version de la Bible.

Photo: Les traductions de Samuel Ward

A son retour d’Angleterre, l’année passée, Jeffrey A. Miller, un professeur de l’Université d’Etat Montclair aux Etats-Unis, n’avait pas encore réalisé le trésor qu’il avait trouvé dans un des livres rares de l’Université de Cambridge. Alors qu’il était à l’étranger, ce professeur assistant d’anglais à la New Jersey School, s’était intéressé à quelques une des septante pages d’un cahier de notes ayant appartenu à Samuel Ward, un bibliste du XVIIe siècle. Mais ce n’est qu’une fois de retour à la maison et après avoir étudié attentivement les photographies des pages qu’il avait fait que Jeffrey A. Miller a compris la valeur de sa découverte. Le cahier contenait des ébauches des plus importantes traductions anglaises de la Bible: la version King James, publiée en 1611, dont le nom vient du roi James Ier.

«Je ne suis même pas sur que j’y croyais initialement», s’est exclamé Jeffrey A. Miller, décrivant le moment où il a compris qu’il avait vu des brouillions de l’ouvrage le plus lu en Angleterre. «C’est au-dessus des espérances que de penser pouvoir regarder des ébauches de la Bible King James qui ressemblent beaucoup moins à des brouillions que ce que nous avions retrouvé jusqu’à maintenant».

Jonathan Greenberg, le directeur des études supérieures du département d’Anglais de l’Université d’Etat Montclair, a ajouté: «Une des choses les plus étonnantes au sujet de cette découverte est que ce brouillon était caché à la vue de tous». «Il y avait peu de chances que des chercheurs regardent les notes de Samuel Ward», a relevé Jonathan Greenberg qui a crédité les recherches de Jeffrey A. Miller afin que ces pages soient mises en lumière. «Les brouillions étaient là depuis des centaines d’années, mais personne n’en avait pris conscience». Dans les mois qui ont suivi la découverte, des spécialistes de la Bible King James ont validé ce que Jeffrey A. Miller avait trouvé.

Une découverte inattendue

Jeffrey A. Miller, spécialisé en littérature moderne, histoire et théologie, était parti à Cambridge pour en apprendre davantage sur Samuel Ward. Ce professeur avait accepté d’écrire un article pour un livre sur une dizaine d’ecclésiastiques de l’Eglise d’Angleterre qui avait réalisé la Bible King James. Ainsi, Jeffrey A. Miller est allé au Sidney Sussex College, à l’Université de Cambridge, dont les archives contiennent un grand nombre de documents ayant appartenu à Samuel Ward.

«J’espérais au mieux découvrir quelques lettres pertinentes qu’il avait écrites», explique Jeffrey A. Miller. «Et c’est ce que j’ai trouvé». Mais, il a également découvert un cahier de notes, catalogué dans les années 1980 comme «un commentaire biblique avec des études en grec et en hébreu». «Jetons un œil à ce document qui date de 1604 à 1608», s’est dit Jeffrey A. Miller.

Finalement, Jeffrey A. Miller a compris que certaines pages étaient des brouillions de la Bible King James – un livre complet et un autre incomplet des textes apocryphes, considérés comme ne faisant pas partie des canons par certains chrétiens. Jeffrey A. Miller a trouvé une ébauche complète du premier livre d’Esdras et une partie du Livre de la Sagesse.

Des traductions individuelles

Le professeur a rendu ses recherches publiques, mercredi 14 octobre, dans un article du supplément littéraire du Times. Dans son article, il explique que la Bible King James, considérée comme un travail de groupe, pourrait davantage être le fruit de travaux individuels. «C’est la première preuve solide qui va dans ce sens», a-t-il expliqué.

Alors que seulement quelques brouillons de la Bible King James ont été retrouvés, Jeffrey A. Miller a découvert la première ébauche qui peut être assurément attribuée à un de ses traducteurs en particulier. «Une étude plus approfondie fera toute la lumière sur ces documents, mais le langage utilisé a contribué à tirer ces premières conclusions. La Bible King James est un monument de référence pour la religion, la littérature et la langue anglaise», a-t-il souligné. «C’est donc important de comprendre comment elle a été construite. Elle n’a pas tombée du ciel».