Le pasteur américain Rob Bell allie science et mystère pour expliquer l’univers

Le pasteur américain Rob Bell allie science et mystère pour expliquer l’univers

Lors de sa dernière tournée, intitulée «tout est spirituel», Rob Well, explore le mystère religieux au sein de la science. De fin juin à mi-août, il a donné des conférences dans trente villes des Etats-Unis, ciblant un public jeune.

Photo: Rob Bell © RNS

(RNS-Protestinter)

Durham, Caroline du Nord – Le prédicateur branché, Rob Bell, associe la physique quantique, la Kabbale juive et le mysticisme chrétien pour expliquer l’évolution et l’avenir de l’être humain. Lors de sa nouvelle tournée, intitulée «tout est spirituel», et qui se déroule à travers 30 villes américaines, l’ancien pasteur d’une mégachurch et participant au talk-show d’Oprah Winfrey développe un monologue de deux heures visant la génération Y. Un public plus intéressé par la science et le cosmos que par le péché et le jugement.

«Un tas de vieilles histoires que nous avions l’habitude d’utiliser ne fonctionnent plus», lâche Rob Bell devant une foule de 500 personnes lors de sa conférence à Durham. «Je vais donc essayer d’en raconter une nouvelle histoire». Vêtu d’une veste en jean grise, d’une chemise à col blanc, d’un pantalon en coton et de bottines, Rob Bell utilise qu’un seul support visuel: un grand tableau blanc. Dans le coin gauche, il dessine un petit point noir représentant le big bang. Se déplaçant sur la droite, tout en élargissant le point de départ de l’univers, il esquisse les jalons de l’évolution sur 13,8 milliards d’années.

Rob Bell calque la foi chrétienne sur les sciences de l’évolution, citant le champion de la guérison New Age Deepak Chopra, le mystique soufi Rumi et le théologien catholique Pierre Teilhard de Chardin – un amalgame qui énerve forcément certains évangéliques, dans la foule, qui l’ont toutefois rendu célèbre.

Une sommité évangélique

Diplômé du Wheaton college et du Fuller theological seminary, Rob Bell, né en 1970, devient une sommité évangélique grâce à la communauté Mars Hill Bible qu’il fonde à Grandville, au Michigan, à l’âge de 28 ans. L’Eglise, qui se vante d’attirer 10'000 fidèles les dimanches, devient ainsi la carte de visite Rob Bell, alors qu’il exhorte les jeunes chrétiens à faire face à leurs doutes, à creuser leurs racines juives et à aborder la Bible de façon littéraire plutôt que littérale.

En 2011, il publie le bestseller «Love wins» (L’amour gagne), dans lequel il s’interroge sur l’existence de l’enfer. A ce moment-là, les évangéliques se distancient rapidement de lui, le qualifiant d’hérétique moderne. «Adieu Rob Bell», tweete le célèbre pasteur retraité, John Piper. Une année plus tard, Rob Bell quitte Mars Hill et déménage à Los Angeles, à la recherche d’un public et d’une «foi plus tolérante». Début 2015, elle collabore au débat télévisé d’Oprah Winfrey tout en travaillant sur un autre programme TV.

Actuellement, il s’intéresse aux religions qui s’opposent laissant ainsi la place à une laïcité éclairée cédant au nihilisme. «Grandissons», a-t-il dit, analysant le matérialisme antireligieux de l’Occident moderne. «Cela fonctionne seulement jusqu’à ce que vous vous retrouviez dans une chambre d’hôpital et que votre premier enfant soit né. Ensuite, vous avez besoin d’autres choses. Vous et moi sommes faits de poussières et d’ossements et vous êtes également pourvu de ce qu’on appelle l’esprit. Vous êtes remplis d’un souffle divin venant de la vie elle-même. Vous êtes un cocktail exotique composé de poussière, d’âme, d’os et d’esprit». Rob Bell ne considère pas la science comme un ennemi de la foi, mais comme une source de connaissances spirituelles.

Vers le mysticisme

Tony Jones, un théologien, auteur et blogueur, trouve que Rob Bell est à la pointe d’un mouvement culturel qui évolue vers le mysticisme. «Les gens sont frustrés par la rationalité pure et froide de la science», explique Tony Jones. «Rob Bell tient la science en haute estime, mais il laisse aussi une grande place au mystère. Vous pouvez être un penseur qui apprécie la rationalité et la science, mais il y a des choses que nous ne pouvons pas expliquer».

Dans «Tout est spirituel», Rob Bell explore le mystère religieux au sein de la science. Puisant dans la théologie de l’évolution du jésuite paléontologiste de début du XXe siècle, Pierre Teilhard de Chardin, Rob Bell soutient que depuis le big bang la matière a développé davantage de complexité, de profondeur et d’unité. Les particules se sont liées pour former des atomes, les atomes des molécules, les molécules des cellules, les cellules des organismes, et les êtres humains ont développé le langage pour former des liens sociaux.

«Vous dites: ‘Je veux juste faire partie de quelque chose de plus grand que moi-même’. Félicitations! Tout l’univers a dit la même chose depuis 13,8 milliards d’années», explique Rob Bell. «L’univers va de l’avant quand les personnes et les substances d’essence similaire se lient. La solitude va dans la mauvaise direction. Le racisme provoque l’échec d’une liaison entre substances similaires». «Le progrès est l’âme de l’univers», précise Rob Bell, en clin d’œil à Pierre Teilhard de Chardin.

Jessica Russell, une jeune femme de 30 ans qui a assisté à la rencontre à Durham, a apprécié l’interprétation que Rob Bell a fait de l’ouvrage «The spirit level», une longue étude des épidémiologistes britannique Kate Pickett et Richard Wilkinson, qui montre comment les sociétés avec un grand écart entre riches et pauvres ont plus de crimes, des maladies mentales, de mortalité infantile, d’analphabétisme et d’autres maux. De plus, les riches dans ce genre de société ont une espérance de vie plus courte.

Pour Jessica Russell, le discours de Rob Bell rappelle la célèbre citation de Martin Luther King: «L’arc que décrit l’univers moral est long et vaste, mais il tend toujours vers la justice». «Cela est cohérent avec le fait que Dieu est en mouvement», explique Jessica Russell. «Si vous lisez la Bible, certaines choses semblent archaïques, mais elles étaient progressives à leur époque».