Le témoignage de Sœur Helen Prejean n’a pas sauvé Dzhokhar Tsarnaev

Le témoignage de Sœur Helen Prejean n’a pas sauvé Dzhokhar Tsarnaev

Sœur Helen Prejean a exprimé les regrets de Dzhokhar Tsarnaev, un des responsables de l’attentat de Boston, lors de la phase finale de son procès le 11 mai dernier. Malgré le témoignage de la religieuse, le jeune homme de 21 ans a été condamné à la peine capitale.

Photo: Sœur Helen Prejean © RNS

(USA Today/RNS/Protestinter)

Boston – Sœur Helen Prejean, une nonne catholique connue pour le combat qu’elle mène pour l’abolition de la peine de mort aux Etats-Unis, est venue témoigner, le 11 mai dernier, à la dernière phase du procès de Dzhokhar Tsarnaev, l’un des responsables de l’attentat à la bombe lors du marathon de Boston le 15 avril 2013. Malgré son intervention, il a été condamné à la peine capitale.

Sœur Helen Prejean a affirmé lors de son témoignage que le jeune homme de 21 ans était «sincèrement désolé de ce qu'il avait fait», et qu’il lui avait fait part de son ressenti au sujet de la souffrance qu’il avait causé aux victimes de l'attentat. «Il a dit avec beaucoup d’empathie que personne ne méritait de souffrir comme les victimes de l’attentat», a-t-elle déclaré, en rajoutant: «j’ai toutes les raisons de penser qu’il a vraiment pris sur lui, et qu’il est sincèrement désolé de ce qu’il a fait».

La religieuse a expliqué qu’elle avait rencontré le jeune homme cinq fois depuis début mars, et souligné qu’il «baissait les yeux, chaque fois qu’il parlait des victimes». Son visage «reflétait vraiment ce qu’il disait» a-t-elle insisté, en assurant qu’elle jugeait «que son sentiment de remords était absolument sincère».

Des entretiens demandés par la défense

Sœur Helen Prejean a raconté avoir parlé avec le prisonnier de leurs religions respectives: l’islam pour lui et le catholicisme pour elle. «Je lui ai expliqué comment dans l'Eglise catholique, nous sommes devenus de plus en plus opposés à la peine de mort», a-t-elle dit, juste avant d’être subitement interrompue par une objection de l’avocat de la défense, Miriam Conrad, qui est intervenue en sommant sœur Helen Prejean de «s’arrêter tout de suite».

L’avocate a alors demandé à la religieuse ce qu’elle avait entendu dans la voix de Dzhokhar Tsarnaev lorsqu’il évoquait les victimes. «Il y avait de la souffrance dans sa voix», a-t-elle répondu. La religieuse est allée voir le prévenu à la demande des avocats chargés de la défense. Son dernier entretien avec lui s’est déroulé quelques jours seulement avant le procès.

Miriam Conrad lui a demandé ses impressions sur l’accusé lors de sa première rencontre. «Je suis entré dans la chambre, j’ai regardé son visage et je me suis dit "Oh mon Dieu, il est si jeune!"». Tout au long du procès, les avocats de la défense ont insisté sur la jeunesse et sur l'impressionnabilité de Dzhokhar Tsarnaev, que son frère aîné, tué lors de son arrestation, aurait entrainé.

Le bref témoignage d’Helen Prejean n’allait pas de soi. Il n’a été possible qu’après toute une série de négociations entre les deux parties, pour savoir si oui ou non elle serait autorisée à se présenter devant le jury. Elle est en effet considérée comme une experte en matière de repentir. Le remords fait partie de la liste des circonstances atténuantes pour un jury et il peut ainsi éviter la peine de mort au coupable.

Le témoignage de Sœur Prejean n’a pas convaincu les jurés

Dans le public, les victimes des bombes ont secoué la tête et jeté autour d’eux des regards incrédules quand la religieuse a évoqué les remords de l’auteur de l’attentat.
Pendant le contre-interrogatoire, le procureur adjoint William Weinreb a insisté sur le passé d’activiste anti peine de mort de la sœur. Ce à quoi elle a répondu qu’elle s’opposait effectivement à la peine de mort, et qu’elle avait prononcé de nombreux discours dans ce sens, ainsi que mené plusieurs campagnes afin d’en faire abolir la pratique.

Après qu’Helen Prejean ait quitté la barre, les avocats de la défense ont déposé leurs conclusions, et ont tenté de convaincre le jury de condamner le jeune homme à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle, au lieu de prononcer la sentence de mort. En vain. Le mercredi 8 avril dernier, après 14 heures de délibération, le jury a déclaré Dzhokhar Tsarnaev coupable des 30 chefs d'accusation en lien avec l'attentat du 15 avril 2015, qui a tué trois personnes et blessé plus de 260 à l’arrivée du marathon de Boston.