Quelle place pour les animaux dans l’Eglise?

Quelle place pour les animaux dans l’Eglise?

Les animaux mériteraient qu’on leur fasse un peu plus de place dans l’Eglise, estime Jacqueline Berger. Portrait de cette éducatrice canine et future diacre de Bäretswil, dans le canton de Zurich.

(texte et photo), notabene

Tio-Pepe n’est plus très rapide. Le vieux mâle qui va bientôt fêter ses 13 ans peine à suivre Jacqueline Berger et Quin. Dans les escaliers, Tio-Pepe est distancé dès les premières marches. A plusieurs reprises sur le chemin de l’église, sa maîtresse et sa congénère doivent l’attendre. Mais celui qui est patient ne perd rien.

Le trio se connaît depuis quelques années et il aurait de quoi faire des envieux, quand on les voit poser devant l’église de Bäretwil comme une petite famille. Jacqueline Berger se forme pour travailler dans la diaconie sociale. Elle travaille comme stagiaire dans la paroisse réformée et aujourd’hui c’est son jour de bureau. Là, ses chiens peuvent l’accompagner, cela a été discuté avec le personnel de la paroisse et le pasteur, explique la jeune femme de 24 ans tout en caressant la fourrure hirsute de Tio-Pepe.

Vocation pour l’éducation canine

Ironiquement, au moment de la photo, Tio-Pepe sautille dans tous les sens, comme un jeune chien fou. Quin, une American Staffordshire Terrier, pour sa part, pose sagement. Si elle se comportait comme son aîné, n’y aurait-il pas à craindre? C’est justement pour qu’il n’y ait rien à craindre des chiens que Jacqueline Berger travaille comme éducatrice canine, une véritable vocation. Quand elle travaille avec ses chiens, ou avec ceux des nouveaux propriétaires, elle le fait sans aucune violence, mais avec beaucoup de patience et quelques friandises.

Il est important que les propriétaires connaissent leurs animaux et sachent interpréter leurs signaux. «Chaque chien mérite d’être formé avec le renforcement positif», estime Jacqueline Berger. Vous pouvez obtenir beaucoup plus avec cette attitude envers les animaux que si vous les intimidez, menacez ou punissez! Quand on rencontre Tio-Pépé et Quin, on ne doute pas de l’efficacité de cette éducation.

Malgré cela, les deux chiens ne peuvent accompagner que sporadiquement leur maîtresse au travail. Lorsqu’elle n’est pas au bureau, l’ancienne employée dans le secteur de la santé offre toute son attention aux jeunes en difficultés ou aux autres personnes qu’elle rencontre et qu’elle accompagne. «Dans cette paroisse, j’ai la possibilité de travailler sur l’ensemble des activités d’une Eglise», se réjouis Jacqueline Berger. Elle peut ainsi vivre sur le terrain l’ensemble des thèmes abordés au séminaire diaconal d’Aarau. Exégèse, catéchétique, accompagnement de personnes jeunes ou âgées, jusqu’à la conception d’un culte.

Des cultes-promenades

Et les animaux qui sont si importants dans votre vie, viennent-ils aussi à l’Eglise réformée? «Bien trop rarement», regrette Jacqueline Berger qui souligne que dans la tradition catholique, François d’Assise s’inquiétait que les animaux reçoivent l’attention de l’Eglise. Les messes de bénédiction pour les animaux ne sont ainsi pas une rareté. «Je plaiderais pour que l’on fasse cela aussi dans mon Eglise. Pourquoi ne pourrait-on pas aussi confier des animaux à la protection de Dieu, questionne Jacqueline Berger. Ce sont aussi ses créatures!»

La future diacre voit un certain potentiel pour l’Eglise à s’intéresser aux animaux et à ceux qui partagent leur vie avec ceux-ci. Organiser des rencontres d’Eglise pour propriétaires de chiens ou des sortes de cultes-promenades, ce sont des idées que Jacqueline Berger aimerait expérimenter. Quin serait de la partie, et Tio-Pepe peut-être aussi, si la promenade ne se fait pas à un rythme trop soutenu.