Hausse des hostilités liées aux religions

Hausse des hostilités liées aux religions

Les restrictions gouvernementales à l’encontre des religions sont restées relativement stables entre 2007 et 2012 avec 64% de la population mondiale soumises à des conditions juridiques et politiques contraignantes. Mais les violences populaires réduisant la liberté religieuse ont fortement augmenté durant la même période.

Les hostilités de la société et les restrictions gouvernementales impliquant les religions sont en hausse selon le rapport publié mercredi par le Pew Research Center, un groupe de travail privé fournissant des informations sur divers sujets de société. Cet audit passe en revue 198 pays en se basant sur leur constitution, mais aussi sur des relevés d’actes de violence et des rapports d’études d’universités et d’organisations internationales ou non gouvernementales.

Ainsi l’hostilité sociale d’un pays est évaluée en fonction d’événements tels que les émeutes liées à une religion, les actes de terrorisme tels que les incendies de lieux de prières et d’entreprises appartenant à des représentants d’une religion ou même de faits divers attribués à un individu seul tels que l’attaque faisant quatre morts d’un jeune Franco-Algérien contre une école juive de Toulouse en mars 2012. Enfin des hostilités à l’encontre des femmes en lien avec le port d’un habit religieux sont également prises en compte pour attribuer la note de chaque pays.

Violences impliquant les religions

Alors que mi-2007, 20% des pays audités présentaient une hostilité sociale élevée ou très élevée, leur proportion est passée à 33% en 2013, selon cette étude menée pour la sixième année consécutive. En terme de population, cela signifie que 74% des habitants de la planète vivent dans ces pays, contre 45% mi-2007. Cette forte hausse est, entre autres, due à la Chine qui pour la première fois obtient la mention «élevés» concernant les conflits religieux. Avec ces 1,3 milliard d’habitants, ce pays connaît depuis 2012 une augmentation du terrorisme lié à la religion, des violences collectives et des actes sectaires.

Les pays où l’hostilité sociale est la plus forte sont le Pakistan, l’Afghanistan, l’Inde, la Somalie, Israël et l’Irak. Interrogé par RNS, Brian J. Grim, directeur de recherche au Pew Reserch Center explique: «Dans ce groupe de pays, on constate souvent la présence de conflits confessionnels. Par exemple au Pakistan, les groupes religieux minoritaires, tels que les chrétiens font face à des hostilités, mais des conflits opposent également sunnites, chiites et ahmadis».

Une forte hausse a été constatée en Afrique du Nord et au Moyen-Orient où se font encore ressentir les conséquences du Printemps arabe.

Onze pays ont vu leur note sur une échelle de 10 changer de plus de deux points: Mali, Libye, Mexique, Tunisie, Syrie, Guinée, Pays-Bas, Madagascar, Liban, Afghanistan et Malawi. Dans tous les cas, il s’agit d’une péjoration de la situation.

Selon cette étude, l’index d’hostilités sociales est élevé en France (6,5 contre 3,4 en 2007), en Italie (5,7/1,9) et en Allemagne (5,6/3,5). Alors qu’il est modéré en Belgique (3,3/0.9), en Autriche (3,0/1,1), en Suisse (2,7/1,7), en Espagne (2,5/1,6), au Portugal (0,9/0,0) et au Liechtenstein (0,6/0,1).

Restrictions gouvernementales

Globalement, les contraintes gouvernementales sont les mêmes qu’en 2007. Des restrictions sont faites au prêche en public dans 31% des pays en 2011 contre 28% en 2007. La proportion de pays dans lesquels le gouvernement intervient d’une manière ou d’une autre dans les pratiques religieuses est toutefois passée de 69% en 2011 à 74% en 2012, contre 57% en 2007. A Tuvalu (dans l’océan Pacifique) par exemple, les religions qui ne sont pas approuvées ne sont plus autorisées à organiser des rencontres publiques. Dans 48% des pays audités, le gouvernement a utilisé la force contre des groupes ou des personnes religieuses, contre 31% en 2007.

Seuls deux pays ont vu leur note sur une échelle de 10 changer de plus de 2 points en ce qui concerne les pressions étatiques. La situation au Rwanda s’est péjorée de façon importante à la suite de l’adoption d’une loi régulant les religions et en Côte d’Ivoire où les contraintes politiques se sont apaisées. Elles avaient été réveillées par des violences postélectorales.

Les chrétiens sont l’objet de pressions ou d’intimidations étatiques dans 110 pays et les musulmans dans 109 en 2012, contre 107 et 96 respectivement en 2007.

Selon cette étude, l’index des restrictions gouvernementales à l’encontre des religions est élevé en Belgique (4,7 contre 4.0 en 2007), modéré en France (4,3/3,3), en Allemagne (3,8/3,1), en Autriche (3,8/2,6), en Espagne (2,8/2.0) et en Italie (2,6/2.0). Il est bas en Suisse (2,1/1,2), au Liechtenstein (2,0/1,3) et au Portugal (1,3/0,3).

(comm/job)