Sur le chemin des anabaptistes aux Jardins musicaux de Cernier (NE)

Sur le chemin des anabaptistes aux Jardins musicaux de Cernier (NE)

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Les Jardins musicaux présentent plus de quarante cinq spectacles et découvertes du patrimoine, à la Grange aux concerts de Cernier, du 18 août au 1er septembre 2013. Les temps modernes de Charlie Chaplin, un hommage à Freddie Mercury, le chanteur de Queen, et encore l’histoire étonnante des anabaptistes sont au rendez-vous.

Depuis plusieurs années, les Jardins musicaux possèdent leur propre orchestre. Il accompagnera, entre autres, la projection du film Les Temps modernes de Charlie Chaplin, spectacle phare de la manifestation. «C’est la première fois qu’un festival suisse a les droits pour jouer la partition musicale qui accompagne le film», s’enthousiasme la directrice artistique, Maryse Fuhrmann.

Le spectateur pourra aussi découvrir «quatre déclinaisons du piano» au 20ème siècle, dont les préludes de Debussy interprété par le pianiste français Roger Muraro et les performances du jazzman américain John Medeski. «Nous choisissons les œuvres en fonction de nos goûts mais aussi en fonction des artistes disponibles, il nous faut les deux», explique Maryse Fuhrmann.

Pour les amateurs du groupe de rock anglais Queen, le Mercury Quartet réinterprétera l’œuvre de Freddie Mercury, avec un violon, un violoncelle, une clarinette et un piano. A l’origine de ce spectacle, le violoniste et compositeur roumain Vlad Maistorovici offre une réinterprétation qui «dépasse les frontières entre le rock et les chefs-d’œuvre de la musique classique».

Un festival transfrontalier et intercantonal

Transfrontalier et intercantonal, le festival de musique classique et contemporaine se déroule dans différents lieux. La Grange aux concerts de Cernier accueillera la majorité des spectacles mais des représentations auront aussi lieu à la saline Royale d’Arc et Senans, en France, à la Cinémathèque suisse de Lausanne et dans le Parc régional Chasseral.

«C’est la quatrième année que nous collaborons avec le parc Chasseral, situé sur les cantons de Neuchâtel et de Berne», explique la directrice artistique. Parmi les événements proposés dans le parc, cinq bal(l)ades. Jeu de mots entre la balade où l’on marche et la ballade musicale, ces événements allient présentations du patrimoine et concerts. Ainsi, une promenade sur le Chemin des anabaptistes conduit à la paroisse du Jean-Guy.

A la rencontre des anabaptistes

«La visite de la paroisse du Jean-Guy commence depuis l’extérieur, on y voit la triade de survie mennonite (un autre terme pour anabaptiste), qui consiste en une chapelle, une école et une ferme», explique Michel Ummel, ancien (équivalent de pasteur) mennonite qui emmènera les visiteurs à la découverte de cet endroit, édifié en 1900, tout en racontant l’histoire de ce mouvement peu connu. Située dans le parc régional Chasseral, cette paroisse fait partie de la communauté mennonite du Sonnenberg, la plus grande de Suisse, qui regroupe 500 membres.

Le sous-sol de la chapelle recèle les archives et la bibliothèque de la Conférence mennonite suisse (ABCMS) qui rassemble des textes uniques témoignant de 500 ans de lutte. Persécutés, tués et poursuivis, les anabaptistes ont été contraints à l’exil dès leur apparition. Né au 16ème siècle, ce mouvement religieux s’est étendu parallèlement à la Réforme protestante. (voir encadré ci-dessous).

Un programme qui fait écho à l’art brut

A la bal(l)ade au Jean-Guy, sont associés deux tableaux du peintre belge Paul Duhem. «Nos programmes, en version papier, sont toujours illustrés de manière très précises», explique le directeur artistique, Valentin Reymond. Pour sa 16ème édition, les Jardins Musicaux ont collaboré avec la Collection de l’art brut de Lausanne. Chaque concert est mis en lien avec un tableau particulier. «Les œuvres d’Ataa Oko, d’Aloïse où encore de Gaston Chalssac dialoguent avec les concerts dans le même esprit d’invention et de liberté», souligne le directeur.

D’un budget d’un million de francs, cet événement, soutenu entre autres par la ville de Neuchâtel et la Loterie romande, a rassemblé plus de 13 000 personnes l’année passée. «Nous vendons environ le 98% des billets», relève la directrice. Ce sont des visiteurs de toute la Suisse mais aussi de France et d’Angleterre qui assistent aux Jardins musicaux.

La naissance du courant mennonite

Les premiers anabaptistes seraient apparus à Zurich dans les années 1520 autour d’Ulrich Zwingli qui y prêchait la Réforme protestante. Les humanismes Felix Manz, Konrad Gebel et Georges Blaurock, amis du réformateur zurichois, l’ont d’abord suivi dans ses idées mais s’y sont rapidement opposés par rapport à la question du baptême. Pour les mennonites, le baptême est «un choix réfléchi qui ne peut se faire qu’à l’âge adulte». De plus, ce mouvement prône la séparation de l’Eglise et de l’Etat et refuse de porter des armes.

Ces singularités leur ont valu la persécution de la part des catholiques aussi bien que des protestants. Une répression terrible s’est mise en place et Félix Manz a été noyé dans la Limmat en janvier 1527 par les autorités zurichoises. Contraints à l’exil, les mennonites zurichois se sont réfugier à la campagne en Emmental. «La topographie de l’Emmental est idéale pour se cacher, car il y a plein de vallons et de collines», explique le responsable de la chapelle du jean Guy.

Puis la communauté mennonite suisse s’est repartie dans les cantons de Neuchâtel, Berne, Bâle campagne et du Jura. Elle regroupe, actuellement, 2300 personnes. Au niveau mondial, on recense 1,6 million d’anabaptistes reparti dans 57 pays sur les six continents.Liens

Les Jardins musicaux

L’histoire marquante des anabaptistes