Une nouvelle collection romande pour "comprendre le christianisme"

Une nouvelle collection romande pour "comprendre le christianisme"

Une nouvelle collection pour «comprendre le christianisme et avancer en spiritualité» vient d'être lancée. A l'origine? La maison d'édition Cabédita avec le théologien Daniel Marguerat à la tête de le collection. Rencontre avec Eric Caboussat (photo), l'éditeur, dans la campagne vaudoise, à Bière.

Eric Caboussat, l'oeil vif et le verbe rapide, prévoit de sortir six livres par an destinés à un large public. Cette collection reprend indirectement le flambeau des Editions du Moulin, car elle arrive sur le marché au moment où Bernard Gilléron, largement âgé de plus de 80 ans, va mettre la clé sous la porte. Sans véritable repreneur, il a toutefois transféré ses titres et le fichier de ses auteurs à Cabédita.

«Bernard Gilléron a réussi à faire paraître des ouvrages homogènes (ndlr: petit format, pagination réduite) et s'est battu pour que ses livres soient accessibles à des non-professionnels, traquant tous les termes techniques, avait expliqué Daniel Marguerat dans un article précédent. Et cela avec des moyens publicitaires pratiquement nuls!»

Le pasteur vaudois a pourtant réussi à écouler quelques titres à plus de 10 000 exemplaires. Certains d'entre eux vont être republiés par Cabédita, comme «Un admirable christianisme», de Daniel Marguerat. Ce livre fait partie de la première fournée de la nouvelle collection avec «Dieu et l'argent» (nouveau), toujours de Daniel Marguerat et «Quel Dieu pour tant de souffrance?» (nouveau) d'Yvan Bourquin.

Pourquoi cette nouvelle collection?

Pourquoi Cabédita lance-t-elle une collection consacrée à la spiritualité protestante? «Je caressais ce vieux rêve depuis des années», explique Eric Caboussat dans la cuisine de sa maison à Bière, «celui de lancer une collection d'éveil à la spiritualité». «Je veux valoriser cette spiritualité protestante, qui disparaît comme beaucoup d'autres choses qui appartiennent à la mémoire, à la tradition locale», poursuit ce protestant «pur et dur», féru d'histoire.

Va-t-il concurrencer la maison d'édition Labor et Fides ? «Non pas du tout. Labor et Fides a tout son rôle à jouer. Il s'adresse à un public plus pointu, plus scientifique. Nous, nous sommes davantage sur le terrain. Avec notre catalogue, nous touchons 45 000 personnes en Suisse romande et en France.»

Eric Caboussat n'en est pas à son coût d'essai, puisqu'il lançait il y a 25 ans la maison d'édition Cabédita. Grâce à elle, l'ancien postier a pu quitter la ville et s'installer à la campagne! «Comment voulez-vous ne pas être heureux?», me dit-il en montrant du doigt un bout de campagne vaudoise en fleurs sous le soleil (ndlr: la rencontre a eu lieu le 14 mai!).

Ce facteur, syndicaliste à 18 ans, conseiller communal à Morges à 23 ans et député socialiste au Grand Conseil à 38 ans avait décidé de se retirer de la vie politique à 50 ans. «Je voulais réaliser mon projet: lancer une maison d'édition, consacrée à l'histoire, à la transmission de la mémoire. Les trois premières années, ses livres consacrés aux vieux bergers, qui sillonnent la plaine en février, ont fait un carton. Vingt-cinq ans plus tard, la maison compte 800 titres.

Engagé dans tous les sens du terme

A côté de la politique, Eric Caboussat a toujours gardé sa foi protestante. «Une foi joyeuse», précise-t-il. Qu'il a «attrapée en famille» avec son père et sa grand-mère. Le quart de siècle de sa maison d'édition l'an dernier et une rencontre impromptue avec Daniel Marguerat auront servi de déclic pour lancer la nouvelle collection.

L'EERV soutient la nouvelle collection. Eric Caboussat et l'Eglise vaudoise se connaissent de longue date. Lorsqu'il était au Grand Conseil, il a siégé au synode de l'EERV pendant 12 ans comme représentant du canton.

Pour cette nouvelle aventure, Cabédita s'est adjoint les services d'une maison de distribution française AVM, liée à la communauté de l'Emmanuel, spécialisée dans la spiritualité. Elle a du travail sur la planche: Daniel Marguerat et Eric Caboussat savent déjà ce qu'ils vont publier jusqu'en 2015. Outre Marguerat, les noms de Zumstein, Vouga et Bovon circulent ainsi que ceux de théologiens français comme Cuvillier.

Tania Buri