L’Entraide protestante suisse cherche à atténuer les propos explosifs de Roland Decorvet, directeur de Nestlé
Membre du Conseil de Fondation de l’Entraide protestante suisse (EPER), Roland Decorvet a assimilé Nestlé à une oeuvre d'entraide et taxé ses détracteurs de gauchistes
Nestlé, la meilleure œuvre d’entraide, et ses détracteurs une bande de gauchistes? Après les propos explosifs tenus par Roland Decorvet dans un journal alémanique, l’Entraide protestante suisse (EPER) tente de calmer le jeu. Les mots du directeur de Nestlé Suisse, membre du Conseil de fondation de l’EPER, sont allés au-delà de sa pensée, communique cette dernière. Dans la foulée, elle se réapproprie la parole, dans les deux sens du terme. C’est désormais sa direction qui s’exprime sur la polémique liée à la présence du directeur de Nestlé Suisse dans son Conseil de fondation, et elle réaffirme son attachement à la Parole évangélique et ses valeurs.
Dans un communiqué commun publié fin novembre, le directeur de l’EPER, Ueli Locher, et le président de son Conseil de fondation, Claude Ruey, le répètent: l’EPER est «l’œuvre protestante d’entraide suisse par excellence» et Roland Decorvet n’est pas "un représentant de la firme qui l’emploie».
Vive en Suisse alémanique, la controverse avait pris encore de l’ampleur avec l’interview du principal intéressé, parue début novembre dans Reformierte Presse, l’hebdomadaire des Eglises réformées alémaniques. Il déclarait alors que Nestlé est «la meilleure entreprise d’aide au développement» et qualifiait ses détracteurs de «petit groupe de gens d’Église politiquement d’extrême gauche et qui font beaucoup de bruit».
Devant le nombre de réactions choquées, le Conseil de fondation de l’EPER s’est entretenu avec Roland Decorvet, précisent les rédacteurs du communiqué. Il aurait expliqué avoir exagéré ses propos, «pris sous le feu des critiques à l’encontre de l’entreprise qui l’emploie». Son intention aurait été de dire qu’une telle entreprise contribue aussi, à sa manière, au développement des pays du tiers-monde lorsqu’elle y crée des emplois rémunérés. Quant au qualificatif de «gauchistes», il a manifesté ses regrets.Une image écornéePour l’EPER, l’enjeu est de préserver sa bonne image. «Il s’agit de rétablir la confiance», relève Susanne Stahel, porte-parole de l’EPER à Zurich. Le communiqué met l’accent sur la mission première de l’EPER: l’aide aux plus défavorisés en Suisse et à l’étranger, ainsi que ses valeurs chrétiennes, l’amour du prochain et le respect de la dignité de chaque être humain. «L’EPER reste l’EPER, elle ne change pas», précise Susanne Stahel.
L’ancrage dans les Églises et les paroisses protestantes du pays reste sa base, avec laquelle elle veut renforcer les liens. Certaines paroisses qui avaient exprimé leur inquiétude, semblent apaisées pour une bonne part suite au communiqué, selon Susanne Stahel. «Nous avons reçu beaucoup de réactions positives suite au communiqué. Les pasteurs ne veulent pas de polémique, ils veulent comprendre les raisons du choix de Monsieur Decorvet».
Car ce choix n’a pas convaincu tout le monde, loin s’en faut. L’EPER répète donc que Roland Decorvet a été nommé à titre privé, en tant que «spécialiste en questions financières et managériales», et qu’il est un «chrétien très engagé, fils, petit-fils, frère de pasteurs». Susanne Stahel rappelle encore qu’il n’est «qu’une voix parmi neuf dans le Conseil de fondation», et que l’EPER se conforme au NPO-Code, les directives en matière de gouvernance institutionnelle pour la conduite et la gestion des grandes organisations suisses d'utilité publique. Toutes les assurances sont donc réunies, estime l’EPER, qui soutient donc pleinement le choix et la nomination de Roland Decorvet à son Conseil de fondation.Pour et contre l'engagement politiqueLe communiqué de l’EPER précise encore que le Conseil de fondation «ne considère pas une entreprise multinationale comme étant une œuvre de coopération», et qu’il «s’interdit de disqualifier les personnes qui le critiquent», en allusion au terme de «gauchistes».
Concernant les étiquetages politiques, l’EPER veut garder son indépendance d’expression. A la question de Reformierte Presse « Les Eglises doivent-elles s’occuper de politique? », Roland Decorvet se déclarait «allergique aux conseils politiques des milieux ecclésiaux».
Susanne Stahel précise que l’EPER continuera de parler des enjeux politiques qu'impliquent son action. "En Suisse, nous nous engageons sur les questions des sans-papiers, de l’initiative antiminarets ou des questions liées aux réfugiés. A l’étranger, nous sommes aussi actifs, notamment pour les sans-terre aux Philippines». Susanne Stahel relève encore que l’EPER est consciente d’être parfois opposée aux multinationales sur le terrain, notamment sur les enjeux liés à l’eau et la terre.
La controverse a quelque peu écorné l’image de l’EPER, mais il est trop tôt pour dire si elle a un réel impact sur les dons. «On ne reçoit visiblement pas moins d’argent que les autres années», indique Susanne Stahel.
Dans un communiqué commun publié fin novembre, le directeur de l’EPER, Ueli Locher, et le président de son Conseil de fondation, Claude Ruey, le répètent: l’EPER est «l’œuvre protestante d’entraide suisse par excellence» et Roland Decorvet n’est pas "un représentant de la firme qui l’emploie».
Vive en Suisse alémanique, la controverse avait pris encore de l’ampleur avec l’interview du principal intéressé, parue début novembre dans Reformierte Presse, l’hebdomadaire des Eglises réformées alémaniques. Il déclarait alors que Nestlé est «la meilleure entreprise d’aide au développement» et qualifiait ses détracteurs de «petit groupe de gens d’Église politiquement d’extrême gauche et qui font beaucoup de bruit».
Devant le nombre de réactions choquées, le Conseil de fondation de l’EPER s’est entretenu avec Roland Decorvet, précisent les rédacteurs du communiqué. Il aurait expliqué avoir exagéré ses propos, «pris sous le feu des critiques à l’encontre de l’entreprise qui l’emploie». Son intention aurait été de dire qu’une telle entreprise contribue aussi, à sa manière, au développement des pays du tiers-monde lorsqu’elle y crée des emplois rémunérés. Quant au qualificatif de «gauchistes», il a manifesté ses regrets.Une image écornéePour l’EPER, l’enjeu est de préserver sa bonne image. «Il s’agit de rétablir la confiance», relève Susanne Stahel, porte-parole de l’EPER à Zurich. Le communiqué met l’accent sur la mission première de l’EPER: l’aide aux plus défavorisés en Suisse et à l’étranger, ainsi que ses valeurs chrétiennes, l’amour du prochain et le respect de la dignité de chaque être humain. «L’EPER reste l’EPER, elle ne change pas», précise Susanne Stahel.
L’ancrage dans les Églises et les paroisses protestantes du pays reste sa base, avec laquelle elle veut renforcer les liens. Certaines paroisses qui avaient exprimé leur inquiétude, semblent apaisées pour une bonne part suite au communiqué, selon Susanne Stahel. «Nous avons reçu beaucoup de réactions positives suite au communiqué. Les pasteurs ne veulent pas de polémique, ils veulent comprendre les raisons du choix de Monsieur Decorvet».
Car ce choix n’a pas convaincu tout le monde, loin s’en faut. L’EPER répète donc que Roland Decorvet a été nommé à titre privé, en tant que «spécialiste en questions financières et managériales», et qu’il est un «chrétien très engagé, fils, petit-fils, frère de pasteurs». Susanne Stahel rappelle encore qu’il n’est «qu’une voix parmi neuf dans le Conseil de fondation», et que l’EPER se conforme au NPO-Code, les directives en matière de gouvernance institutionnelle pour la conduite et la gestion des grandes organisations suisses d'utilité publique. Toutes les assurances sont donc réunies, estime l’EPER, qui soutient donc pleinement le choix et la nomination de Roland Decorvet à son Conseil de fondation.Pour et contre l'engagement politiqueLe communiqué de l’EPER précise encore que le Conseil de fondation «ne considère pas une entreprise multinationale comme étant une œuvre de coopération», et qu’il «s’interdit de disqualifier les personnes qui le critiquent», en allusion au terme de «gauchistes».
Concernant les étiquetages politiques, l’EPER veut garder son indépendance d’expression. A la question de Reformierte Presse « Les Eglises doivent-elles s’occuper de politique? », Roland Decorvet se déclarait «allergique aux conseils politiques des milieux ecclésiaux».
Susanne Stahel précise que l’EPER continuera de parler des enjeux politiques qu'impliquent son action. "En Suisse, nous nous engageons sur les questions des sans-papiers, de l’initiative antiminarets ou des questions liées aux réfugiés. A l’étranger, nous sommes aussi actifs, notamment pour les sans-terre aux Philippines». Susanne Stahel relève encore que l’EPER est consciente d’être parfois opposée aux multinationales sur le terrain, notamment sur les enjeux liés à l’eau et la terre.
La controverse a quelque peu écorné l’image de l’EPER, mais il est trop tôt pour dire si elle a un réel impact sur les dons. «On ne reçoit visiblement pas moins d’argent que les autres années», indique Susanne Stahel.