Licencié à la suite d’un culte radio, un pasteur entame une grève de la faim.

Licencié à la suite d’un culte radio, un pasteur entame une grève de la faim.

Pour avoir cité à l’antenne le nom d’un ministre récemment licencié et celui d’un ancien membre des autorités ecclésiales, le pasteur Daniel Fatzer a été licencié avec effet immédiat.

«Martin Luther King disait que l’on ne se souvient pas des paroles de ses ennemis, mais du silence de ses amis», rappelle le pasteur Daniel Fatzer. C’est dans cet esprit de résistance que dimanche, en direct sur Espace 2, le ministre a lu une prière et, après en avoir cité nommément l‘auteur, l’a qualifié d’«ami qui subit des injustices ecclésiales graves dont on m’a dit qu’il n’était pas politiquement correct de parler sur les ondes de la RTS». Le ministre en question ayant été licencié récemment.

Sabine Petermann, productrice des cultes radio de la RTS explique: «vendredi après avoir lu le texte de la liturgie prévue, nous avons prévenu Daniel Fatzer que cet élément contrevenait à la déontologie.» Pour la productrice, cela posait un problème de protection de la vie privée et cela instrumentalisait le culte.

Autre anicroche, en fin de culte, après avoir invité les auditeurs à transmettre leurs préoccupations par SMS pour alimenter la prière d’intercession, Daniel Fatzer a lu un message mettant en cause un ancien membre des autorités ecclésiales.

Si le pasteur assume pleinement le premier incident, comme un acte de résistance contre le pouvoir qu’il qualifie d’«abusif», du Conseil synodal (l’exécutif de l’EERV - Eglise évangélique réformée du canton de Vaud), il reconnaît que sur le deuxième point, il aurait dû anonymiser le texte.

A la suite de ce culte, Médias-pro, partenaire protestant dans la production des émissions religieuses, a fait savoir à Daniel Fatzer qu’il n’était plus autorisé à prendre le micro. Puis l’EERV l’a convoqué. Invoquant le fait qu’il se trouve en arrêt maladie, Daniel Fatzer ne s’est pas déplacé. Il s’est toutefois rendu à une seconde rencontre durant laquelle la conseillère d’Etat Béatrice Métraux a proposé ses services comme médiatrice. C’est à ce moment que son licenciement pour faute grave lui a été signifié.

Hier jeudi, Daniel Fatzer, annonçait qu’il entamait une grève de la faim et qu’il occupe Saint-Laurent où un nouveau culte radio doit avoir lieu dimanche. Il réclame sa réintégration et une commission urgente qui étudie les cas de licenciement récents au sein de l’EERV (au moins quatre cas supplémentaires).

Daniel Fatzer a, à son actif, plusieurs épisodes de tensions avec le Conseil Synodal. Ce dernier l’avait toutefois choisi, avec le pasteur Jean Chollet, pour mener à bien un projet de renouveau ecclésial à Saint-Laurent. «Il avait carte blanche pour réinventer l’Eglise», note la conseillère Synodale Line Dépraz, «Mais quand on choisi une institution pour s’y attacher, on respecte le cadre.»

Cette affaire intervient alors que la question de la gestion des ressources humaines est l’objet de débats au Synode (organe délibérant de l’Eglise). Ce dernier se réunit justement ces vendredi et samedi à Vaulion pour poursuivre un débat sur des modifications règlementaires visant notamment la création d’une commission des litiges.