L’Eglise réformée vaudoise devant les prud’hommes
Photo: Le tribunal d’arrondissement de Montbenon CC(by-sa) Brent Ozar
«Un jugement aux prud’hommes se fonde sur la vérité judiciaire, pas sur une justice morale et encore moins sur la vérité divine. Cette recherche est un puits sans fond dont vous sortirez déçus», a prévenu François Gillard, vice-président au tribunal des prud’hommes, lundi à Montbenon en ouverture de l’audience opposant l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV) au pasteur Daniel Nagy. L’ancien pasteur de Gryon a été licencié en 2015.
Pas une question d’argentLe juge s’est ainsi démené pour obtenir un accord à l’amiable de dernière minute en début d’audience. Maître Olivier Subilia, défenseur de l’EERV, a proposé un dédommagement équivalent à un mois de salaire, soit près de 7000 francs, loin des 30'000 francs apparemment réclamés par la partie adverse. Mais Daniel Nagy a insisté: «ce n’est pas une question financière, l’important c’est que la justice soit rendue, et de montrer que les torts sont partagés.» Le juge s’est inquiété: «Avoir un jugement technique et juridique, est-ce cette justice que vous recherchez? J’ai un doute! Je me demande si vous ne recherchez pas quelque chose que vous n’obtiendrez pas.»
Cet accord de dernière minute n’ayant pas été obtenu, l’audition des témoins a débuté devant une quinzaine de personnes venues soutenir l’ancien pasteur vaudois ainsi que devant les représentants de plusieurs médias convoqués par ce dernier.
Un pasteur formidableQuatre témoins, dont trois paroissiens de Gryon sont venus exprimer leur admiration pour ce jeune pasteur dynamique, inventif et animé par la foi. «C’était un ministre succulent, car il nous a redonné le goût d’aller à l’Eglise», a dit l’un d’eux. Les témoins ont également dépeint une paroisse, scindée en deux, composée des villages de Gryon et de Bex et des hameaux alentour. Dans leur déposition, les paroissiens «du haut» étaient incapables de parler des activités «du bas».
Malgré ce clivage, la mise à pied des deux pasteurs en novembre 2013, puis la demande qui leur a été faite à tous les deux de changer de paroisse n’a pas été comprises par les fidèles. «Le pasteur Nagy a été victime d’une injustice, la paroisse et l’ensemble des paroissiens ont été victimes d’une injustice. L’Eglise s’est privée d’un ministre d’une grande qualité. Toutes les activités de Daniel Nagy avaient un sens, un message. Je tiens à souligner la qualité de ses cultes, appuyés sur une exégèse sérieuse et auxquels il apportait une grande sérénité, même pendant les périodes de tensions», a déclaré l’un des témoins.
Après plus de deux heures, l’audience a été levée. Elle reprendra le 26 mai par de nouvelles auditions. Agacé par la multiplication des témoins appelés à la barre pour les mêmes raisons, le vice-président François Gillard a tenté d’en réduire le nombre afin que les plaidoiries puissent également avoir lieu dans trois semaines, sans rencontre supplémentaire.
(Protestinfo)