«L’OTAN doit affirmer clairement ses positions face à la Russie»

«L’OTAN doit affirmer clairement ses positions face à la Russie»

[pas de chapeau]
open(this.href+'&img=images/stories/Illustrations/2016/David_Owen.JPG&title=','','scrollbars=yes,resizable=yes,location=yes,menubar=yes,status=yes,toolbar=yes,left=0,top=0');return false;">Ancien secrétaire anglais aux affaires étrangères, David Owen pense que l’on n’a jamais été aussi proche d’un embrasement du conflit syrien en guerre mondiale. Il livrait son analyse mardi dans les locaux du Conseil œcuménique des Eglises.

Par Joël Burri/Emmanuelle Jacquat

«La situation en Syrie est périlleuse», soutient David Owen, ancien secrétaire des affaires étrangères du Royaume-Uni et membre du Parlement anglais de 1966 à 1992. «On a longtemps craint qu’une intervention de l’OTAN dans la crise syrienne conduise à une guerre mondiale, et ce moment est plus proche que jamais.»

Il a livré son analyse mardi 23 février aux étudiants du diplôme en assistance humanitaire, au Château de Bossey (VD), centre de conférence du Conseil œcuménique des Eglises, ainsi que lors d’une rencontre avec la presse. «Une analyse des éléments qui ont conduit au déclenchement des première et seconde guerres mondiales montre qu’un manque de clarté dans les intentions des nations concernées est, en soi, extrêmement dangereux.»

Dans le cas du conflit syrien, c’est les frappes aériennes de la Russie, qui si elles touchaient la Turquie pourraient forcer l’OTAN à entrer dans le conflit. «Les pays doivent choisir leurs interventions militaires, ils ne doivent pas y être entraînés», plaide le social-démocrate. Il condamne, d’ailleurs les interventions occidentales: «aujourd’hui il serait dans l’ordre des choses que la guerre vienne du Liban ou de la Palestine, pas de la Russie ou de l’Amérique». Mais il rappelle que «forcer des pays à entrer en guerre ne serait pas une première! Cela a déjà été le cas avec les Etats-Unis lors de la guerre au Koweït.»

David Owen en appelle donc à des prises de positions claires des membres de l’OTAN: premièrement, ils ne se laisseront pas embrigader, en tant qu’alliance, dans un combat sur sol syrien et deuxièmement ils répondront à toute atteinte à l’intégrité du territoire turc. Un message adressé tout particulièrement à la Russie. «Les bavardages au téléphone c’est bien, mais ce sont les prises de position concrètes qui font les personnes solides et les alliances solides!», avance-t-il en faisant référence aux conversations téléphoniques entre la présidence russe et la présidence américaine. «Il faut des engagements sérieux, je n’aime pas les traits dessinés sur le sable.» Malgré ces positions vives vis-à-vis de la Russie, le politicien refuse de voir un retour de la Guerre Froide.

Pour espérer sortir de cet engrenage, David Owen en appelle à des prises de positions claires de toutes les parties engagées dans le conflit. «Jusqu’à présent, on a toujours considéré que Daesh n’est pas un partenaire que l’on peut admettre à une table de négociation. Je suis d’accord avec cela, mais je ne me camperai pas sur cette position. D’ailleurs dans le futur, nous savons que nous devrons parler avec eux.» Et le Lord est également ouvert à d’autres mesures jugées jusqu’ici irrecevables, par exemple l’éclatement de la Syrie en différentes entités. «Définir les frontières géographiques ne serait pas facile, mais ce n’est pas une raison pour rejeter cette proposition.»

David Owen rappelle toutefois: «ce n’est pas une guerre conventionnelle. C’est un combat d’idéaux. Les islamistes luttent contre le présent et veulent le retour du passé. Cela prendra du temps à s’estomper.»