Initiative «pour la famille»: les réformés réticents à s’engager dans le débat
Photo: CC(by)Shari's Berries
A quelques semaines de la votation, le Parti démocrate chrétien (PDC) qui est à l’origine de l’initiative «Pour le couple et la famille — Non à la pénalisation du mariage» ne communique que sur l’«égalité fiscale». Mais si cette modification de la Constitution censée empêcher que les couples mariés ne paient davantage d’impôts que les concubins, suscite une levée de boucliers des milieux homosexuels notamment, c’est parce que dans les trois lignes soumises au vote figurent la définition du mariage comme «l’union durable et réglementée par la loi d’un homme et d’une femme».
«Il s’agit en l’occurrence de la définition que nous utilisons aussi pour notre mariage religieux, conçu comme un sacrement qui reprend une réalité naturelle: l’union d’un homme et d’une femme, permettant la fondation d’une famille», écrit Charles Morerod, président de la Conférence des évêques suisses dans un communiqué de presse diffusé lundi. «Nous nous en faisons volontiers l’écho parmi toutes les voix qui peuvent s’exprimer dans notre société démocratique, pour relever le sens de ce type particulier d’union auquel nous donnons le nom de “mariage”», conclut l’évêque.
Côté réformé, le texte ne reçoit pas le même soutien. La Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) ne prendra pas position sur cette votation. «Nous estimons qu’il est faux de mener une discussion sur la nature du mariage, dans le cadre d’une votation sur l’égalité fiscale», explique Anne Durrer, chargée de communication de la FEPS. «Cette discussion devrait être menée séparément.»
La paroisse réformée de Bienne va même plus loin. Dans un communiqué, elle a appelé à refuser le texte du PDC. «Le mariage ne devrait pas être défini comme l’union d’un homme et d’une femme dans notre Constitution fédérale», écrit Luzia Sutter Rehmann, du groupe de travail pour les affaires actuelles de la paroisse. «Il serait problématique que “chrétien” et “conservateur” aillent de pair. Les Eglises de la Réforme ont souvent prouvé qu’elles étaient assez courageuses pour affronter le changement lorsqu’il est question de justice.»
«Cette initiative blesse les personnes qui s’aiment et qui veulent vivre ensemble de manière responsable», écrit le groupe de travail qui se réfère à la prise de position des étudiants en théologie bernois favorable au mariage pour tous. Une nuit de prière politique est organisée le 9 février. «Nous voulons qu’il soit clair que la bénédiction de Dieu s’applique à tous les gens qui s’aiment, peu importe comment. Il est temps que les Eglises cessent de se cacher derrière une apparente tolérance», peut-on lire sur l’invitation à la soirée de prière.