Il n’existe aucune religion de «second rang», affirme la Maison-Blanche

Il n’existe aucune religion de «second rang», affirme la Maison-Blanche

Dans un contexte de recrudescence des discours et des crimes contre les musulmans américains au lendemain des récentes attaques terroristes, la Maison-Blanche diffusait ce jeudi 17 décembre un contre-message au sujet du pluralisme religieux.

Photo: La Maison-Blanche CC(by-nc-nd) Frank Camp

, Washington, RNS/Protestinter

«Il n’existe aucune confession religieuse de second rang aux Etats-Unis», a déclaré Melissa Rogers, directrice de l’office chargé des partenariats entre voisinage et associations religieuses (White House Office of Faith-based and Neighborhood Partnerships), dans le cadre d’un forum sur le pluralisme religieux aux Etats-Unis. Pourtant, depuis peu, certains Américains se font un point d’honneur de mettre en avant leur comportement anti-musulmans.

Après les attaques terroristes perpétrées par des musulmans à Paris et San Bernardino, en Californie, le candidat républicain Donald Trump a appelé à l’interdiction d’accès des musulmans aux Etats-Unis. Ben Carson, autre candidat du Parti républicain, a quant à lui annoncé qu’il ne voterait pas pour un musulman aux présidentielles.

Par ailleurs, les mosquées ont subi une vague de vandalisme. Dans son discours d’ouverture au forum de la Maison-Blanche, Rogers a appelé à «célébrer et protéger la tradition américaine de pluralisme religieux», demandant aux Américains de différentes confessions d’œuvrer pour plus de tolérance. «Le pluralisme requiert la participation et l’engagement de tous, tous ensemble, au-delà des différences, et non seulement la coexistence passive des uns à côté des autres», a-t-elle lancé, en référence à Diana Eck, professeure de religion à Harvard, et à l’initiative du Projet sur le pluralisme. Le pluralisme n’est pas non plus l’homogénéisation des croyances religieuses, a poursuivi Rogers. En revanche, il nous pousse à «mettre sur la table nos diverses croyances et particularités pour mieux débattre». Le forum a souligné la diversité croissante du paysage religieux de la nation.

Environ deux tiers des personnes âgées sont blanches et chrétiennes, contre seulement trois Américains sur dix en dessous de trente ans, a fait remarquer Robert Jones, PDG de l’Institut national de recherche sur la religion (Public Religion Research Institute), au cours de ce rassemblement. Les Etats-Unis assistent selon lui à «un véritable changement de cap». La Maison-Blanche a pris le parti d’inviter les défenseurs de la laïcité à l’événement, insistant ainsi sur le fait que les personnes sans appartenance religieuse constituent un groupe qui gagne du terrain; ils représentent actuellement un Américain sur cinq.

Naim Baig, le président du Cercle islamique d’Amérique du Nord, invité au forum, mais dans l’impossibilité de s’y rendre, a déclaré apprécier tout effort de s’opposer à la bigoterie religieuse. «Je n’ai en tête aucun autre pays qui représente la foi d’une aussi belle façon», a-t-il dit des Etats-Unis. Mais «ceux qui propagent la haine doivent être pointés du doigt», a-t-il ajouté. Aujourd’hui, on s’attaque aux musulmans, «et demain, qui sera la cible?»