«Réformés» remplacera «Bonne nouvelle» et les deux «Vie protestante»
Photo: différents façonnages possibles de la future publication
«Nous n’avons plus les moyens de nous offrir un journal de culture protestante! Notre journal doit participer à la Mission de l’Eglise de proclamer l’Evangile» a argumenté Emmanuel Fuchs, président de l’Eglise protestante de Genève (EPG) lors de l’assemblée générale de la Conférence des Eglises réformées romandes (CER). Ce n’est pas moins de huit amendements que l’EPG a présentés samedi à Yverdon lors du débat de la charte rédactionnelle de la future publication.
Le point concernant le personnel de la rédaction a notamment été largement commenté: «Une charte rédactionnelle c’est pas qu’une grille d’engagement du personnel», a argumenté Line Dépraz, conseillère synodale de l’Eglise évangélique réformée du Canton de Vaud (EERV). «C’est une vitrine. Cela dit à l’extérieur que les Eglises se dotent de journalistes professionnels et ne font pas que de la communication.» A contrario, Emmanuel Fuchs a insisté «c’est quand même problématique que dans la charte d’un journal d’Eglise n’apparaissent pas les mots Bible, Evangile, ou Jésus-Christ!»
Finalement l’EPG, éditrice de «La Vie protestante – Genève» a pu trouver des compromis avec l’EERV, éditrice de «Bonne nouvelle», ainsi qu’avec l’Eglise réformée évangélique du canton de Neuchâtel (EREN) et l’Union synodale Berne-Jura-Soleure (BeJuSo), toutes deux éditrices, au travers d’une fondation, de «La Vie protestante – Neuchâtel, Berne, Jura». Si l’assemblée a refusé de demander aux collaborateurs du futur titre d’accepter la dimension «confessante» de la publication, elle a accepté d’ajouter la mention de sa dimension «ecclésiale». La présence de méditations basée sur une lecture ouverte des textes bibliques a également été ajoutée.
Frustration autour de la répartition des coûtsLe choix de la clé de répartition des coûts de rédaction, fabrication et diffusion de la future publication, estimés à 1,9 million de francs pour la première année, a par contre donné lieu à un débat tendu. Trois scénarios de répartition des coûts étaient envisagés. Dans les trois, l’EERV commanditaire de 170’000 des 220’000 exemplaires payera plus cher pour le journal fusionné qu’elle ne paie aujourd’hui pour «Bonne nouvelle». Suivant le scénario ce surcoût passe de 15’000 à 96’000 fr. Les trois autres Eglises réaliseront par contre des économies.
Les délégués de l’EERV ont clairement fait savoir que seule l’option la moins chère avait des chances d’être acceptée par son synode, un appel entendu par l’assemblée générale. Une solidarité qui a un coût pour les autres Eglises: l’économie pour l’EPG qui aurait pu être de 138’000 francs ne sera finalement que de 112’000 fr. Fâché, Emmanuel Fuchs a fait savoir que «ça sera compliqué devant le Consistoire». Les délégués de l’EPG ont pourtant largement contribué à la hausse des coûts de fabrication en militant, lors des précédentes assemblées générales, contre une simple impression de type journal, telle que pratiquée aujourd’hui par les publications des autres Eglises partenaires.
L’assemblée générale a par contre accepté sans grand débat que la future publication soit titrée «Réformés». L’hebdomadaire français «Réforme» a été contacté pour s’assurer que cela ne lui poserait pas problème. Les délégués ont aussi accepté de créer une société à responsabilité limitée (Sàrl), en avril après que les synodes de l’EERV, de l’EREN et de BeJuSo, ainsi que le Consistoire de l’EPG, auront validé le projet. Les derniers numéros de «Bonne nouvelle» et des deux «Vie protestante» devrait paraître durant l’été 2016 et le premier de «Réformés» devrait sortir en automne pour le lancement des manifestations du Jubilé des 500 ans des la Réforme. Les Eglises réformées valaisanne et fribourgeoise également membres de la CER pourraient se joindre au projet plus tard.
Les Eglises regrettent l’absence de réaction concertée après la suppression des émissions religieuses
L’annonce, il y a trois semaines, de la suppression des magazines religieux de la RTS tant à la radio qu’à la TV à l’horizon 2017 a donné lieu à plusieurs questions lors de l’assemblée générale. Au travers de Médias-pro, son office des médias, la CER est, en effet partenaire de RTS religion.
«Dans nos Eglises, on nous demande que faire. Mais aucune réaction coordonnée n’a été prévue», a regretté Christian Miaz, président du Conseil synodal de l’EREN. «Nous ne voulions pas que les Eglises donnent l’impression qu’elle se battait pour leur temps d’antenne. Et nous nous réjouissons que les réactions viennent des milieux académiques et politiques», a reconnu Xavier Paillard, président du Conseil exécutif de la CER et du Conseil synodal de l’EERV. «Même si, bien sûr, nous pouvons encourager les paroissiens à signer la pétition.» De son côté, l’EPG a écrit à la direction de la RTS. «On ne pouvait pas, non plus, ne pas réagir! Cela aurait donné l’impression que nous sommes indifférents», a expliqué Emmanuel Fuchs.
Directeur de Médias-pro, Michel Kocher a donné des nouvelles du personnel. Il a rappelé que la communication sur cette suppression était le fait des Médias-pro et de son homologue catholique Cath-info. «Le communiqué de la RTS sur les mesures d’économie ne le mentionnait même pas. La RTS s’est comportée de façon arrogante avec des partenaires loyaux et compétents qui ont investi dans ces émissions depuis des dizaines d’années!»