L’Eglise bernoise défend une politique active en matière de religions

L’Eglise bernoise défend une politique active en matière de religions

Que les pasteurs bernois ne soient plus salariés par l’Etat, mais par l’Eglise? Le Synode des Eglises réformées de Berne, Jura et Soleure accueille cette proposition favorablement. Mais il ne faut pas que cela soit une mesure d’économie déguisée!

Photo:Le Rathaus de Berne accueil des débats du Synode CC(by-sa) Andrew Bowden

et Joël Burri

Dans un contexte de débat politique régulier sur les rapports entre Eglises et Etat, le Conseil exécutif du Canton de Berne a rédigé un rapport sur cette question. Avant que celui-ci ne soit discuté au Grand Conseil (législatif), les Eglises reconnues disposaient d’un droit de préavis et proposition. C’est pour cette raison que, réunis en Synode les 26 et 27 mai 2015, les représentants des Eglises réformées de Berne, Jura et Soleure (RefBeJuSo) ont discuté de ce document, ainsi que du rapport des experts de la société Ecoplan et de l’étude Ad! vocate sur les relations Etat-Eglises mandaté par le Conseil exécutif.

Ce rapport Ecoplan/Ad! vocate a été rendu public fin mars. Mardi dernier, les membres du synode ont exprimé un préavis sur cette étude qu’ils remettront au Conseil exécutif. Si le rapport Ecoplan/Ad! vocate «constitue une base solide pour la suite du débat», le synode déplore qu’il se focalise sur des éléments économiques et financiers, laissant une toute petite place à foi et à la spiritualité.

Actuellement, l’Eglise bernoise est encore largement soutenue par l’Etat. Elle est d’ailleurs la dernière de Suisse dont les ministres sont salariés de l’Etat. Mais bien que le rapport des experts démontre que la majorité de la population bernoise (57,7%) est réformée; que plus de deux tiers de la population est représentée par l’une des trois Eglises reconnues (réformée, catholique romaine, catholique chrétienne); et qu’en termes monétaires les prestations fournies à la société par ces Eglises rapportent davantage à la collectivité que ce que ces institutions lui coutent, des voix politiques se font entendre pour repenser les relations Eglises-Etat.

Attitude ouverte face au changement

Que les pasteurs ne soient plus salariés par le canton est la mesure phare du train de proposition de l’exécutif cantonal. Pour Andreas Zeller, président du Conseil synodal (exécutif) de RefBeJuSo, il est probable qu’une majorité de députés aurait pu être trouvée pour s’opposer à cette mesure, mais pour combien de temps? «Nous avons compris les signes du temps et nous pensons qu’il serait bien que l’on se dise prêt à ce changement.» Le Conseil synodal plaidait une attitude ouverte face à ce changement afin que les Eglises puissent y jouer un rôle de partenaire.

Cette position d’ouverture a été largement suivie par le plénum qui encourage le Conseil exécutif à mener une politique active en matière de religions et d’éviter de réduire cette thématique à la seule sphère privée.

Si certains regrettent que l’on mette à mal le rôle de l’Eglise d’Etat issu du Contrat social datant de la Révolution française, d’autres accueillent favorablement cette séparation de l’Etat à l’instar du pasteur Samuel Hug qui se réjouit «de pouvoir être employé par l’Eglise qui l’a consacré et à laquelle il a dit “oui”».

Un défi pour les services centraux de l’Eglise

Mais ce changement appelle diverses craintes en particulier autour de la pérennité du financement des postes pastoraux. Le Synode a donc cherché une formule adéquate pour demander fermement des garanties financières, sans pour autant faire preuve de méfiance vis-à-vis du canton qui «a toujours été un partenaire fiable», a rappelé le Conseil synodal. Du côté du corps pastoral, en particulier, on craint que cette mesure soit une mesure d’économie déguisée.

Autre point d’inquiétude autour de ce changement de statut pressenti: la question des ressources humaines. Si les pasteurs deviennent employés d’Eglise, ce n’est plus une centaine de salariés sur un seul site, mais près de 500 répartis sur tout le territoire bernois que les services centraux devront gérer. Les structures actuelles ne sont pas adaptées et l’Eglise sait d’ores et déjà que cette question devra être minutieusement reprise si le projet se concrétise. Une aide spécifique pourrait être demandée à l’Etat.

Bonne surprise pour les comptes 2014

Les comptes 2014 des Eglises réformées Berne-Jura-Soleure ont été approuvés à l’unanimité. Ils présentent un excédent de recettes de 103 000 francs à 25,7 millions. Un résultat bien supérieur au budget grâce à des recettes supplémentaires provenant de la suppression de la provision pour la vente du centre de Gwatt, de remboursements et de gains comptables et de divers projets dont le coût effectif s’est avéré plus faible que les montants budgétisés. Une nouvelle provision d’un montant de 300 000 francs en vue du Jubilé de la réformation en 2017 a été constituée.

Appel en faveur des migrants

Le synode a lancé un appel au Conseil fédéral pour que la Suisse accueille davantage de migrants. Initié par une résolution du groupe Synode ouvert qui rappelle que jamais depuis la Seconde Guerre mondiale le nombre de réfugiés n’avait été aussi élevé sur la planète et que certains pays sont mis à contribution de manière disproportionnée, ce texte a trouvé une très large majorité. Durant les débats, si certains députés se demandaient si le Conseil fédéral avait vraiment besoin de l’avis du Synode pour savoir que faire, la majorité a été convaincue que dans une période d’attaques politiques régulières contre les droits des migrants, faire entendre une voix en faveur d’une politique solidaire n’était pas vain.